Problèmes identifiés avec le nouveau MacBook Pro M5
Apple a annoncé son nouveau MacBook Pro M5, qui possède une autonomie de 24 heures et une baisse de prix de 100€, passant de 1899€ à 1799€. Toutefois, ce modèle ne dispose pas de chargeur inclus en Europe et n’intègre pas la technologie OLED, restant avec l’écran Liquid Retina XDR mini-LED des générations précédentes.

Apple a présenté son MacBook Pro M5, le qualifiant de « le prochain grand pas en avant en matière d’IA« . Les performances sont améliorées, la puce est plus rapide et l’autonomie atteind 24 heures. Sur le papier, tout semble briller.
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Dans les faits, cette mise à jour est légère, avec ses compromis et absences qui posent question. Pire, Apple a discrètement retiré le chargeur de la boîte en Europe tout en baissant le prix de 100 €, pour donner une impression de bonne affaire.
Toujours pas d’OLED : on patiente jusqu’à quand ?
Abordons le sujet délicat : l’écran. Le MacBook Pro M5 conserve le même écran Liquid Retina XDR mini-LED que ses prédécesseurs. Rien ne change. La technologie, la dalle, les 1600 nits en HDR et le rapport de contraste restent identiques. C’est un excellent écran, mais en 2025, on attend mieux d’Apple.
L’iPad Pro est passé à l’OLED depuis deux générations, avec son écran « Ultra Retina XDR » offrant des noirs parfaits, un contraste infini et une qualité d’affichage impressionnante. Les ordinateurs portables haut de gamme concurrents (Dell XPS, Lenovo ThinkPad X1, Asus Zenbook) intègrent l’OLED depuis plusieurs années. Même certains Chromebooks premium adoptent cette technologie.

Et Apple ? Elle attend. Les rumeurs évoquent un passage à l’OLED en 2026 ou 2027 avec les futures puces M6, peut-être accompagné d’un redesign complet. Ainsi, si vous achetez un MacBook Pro M5 aujourd’hui, vous savez déjà qu’une version bien meilleure arrivera dans 12 à 18 mois avec une technologie d’affichage supérieure.
C’est frustrant, surtout pour ceux qui envisagent d’investir 1800 € (minimum) dans un ordinateur professionnel censé durer plusieurs années. Le mini-LED offre une luminosité exceptionnelle, mais l’OLED garantit une qualité d’image supérieure avec des noirs profonds, un contraste pixel par pixel, un HDR et une réactivité améliorée. Pour un outil de création visuelle professionnelle, c’est crucial.
Pourquoi Apple attend-elle ? Probablement en raison des coûts de production, de la fiabilité à long terme (l’OLED peut souffrir de burn-in) et d’une stratégie commerciale. Pourquoi obtenir l’OLED maintenant alors qu’il peut être un argument de vente majeur lors de la prochaine refonte du MacBook Pro ? C’est un calcul commercial délibéré, impactant les clients qui achètent aujourd’hui.
Pas de M5 Pro ni M5 Max : une gamme bancale
Autre problème majeur : Apple ne lance que le MacBook Pro M5 de base, avec la puce M5 standard. Les versions M5 Pro et M5 Max ne sont pas encore disponibles. Elles arriveront « plus tard », probablement début 2026, selon des rumeurs bien informées.
En conséquence, en octobre 2025, les options se résument à un MacBook Pro 14 pouces avec l’innovante puce M5 ou des MacBook Pro 14 et 16 pouces dotés des puces M4 Pro et M4 Max de la génération précédente. C’est désordonné, confus, et complique considérablement les choix d’achat.

Un créatif professionnel qui a besoin de puissance GPU pour des tâches telles que le montage vidéo 8K, le rendu 3D ou les simulations complexes doit faire un choix : soit acquérir un M4 Pro/Max maintenant, sachant qu’il deviendra « obsolète » techniquement dans quelques mois, soit attendre possiblement six mois ou plus les M5 Pro/Max qui n’ont même pas de date de sortie annoncée.
Pourquoi cette stratégie de lancement échelonné ? Apple teste probablement une méthode de mise sur le marché étalée sur l’année pour maintenir l’attention médiatique plus longtemps et mieux gérer les stocks et la production. Mais pour les clients, c’est frustrant.

La puce M5 de base ne suffira pas à un bon nombre d’utilisateurs professionnels. Elle est limitée à 10 cœurs GPU, ce qui peut rapidement montrer ses limites dans certaines professions. Ceux qui ont réellement besoin d’une machine performante devront donc se tourner vers les M4 Pro/Max « anciens » ou patienter.
Pas de Wi-Fi 7 : la connectivité oubliée
Troisième point problématique, et celui-ci est particulièrement déroutant : le MacBook Pro M5 ne supporte pas le Wi-Fi 7. Il reste sur le Wi-Fi 6E, identique à celui des modèles M4 de l’année précédente.
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Ce qui est d’autant plus incompréhensible, c’est que l’iPad Pro M5, annoncé le même jour, est compatible avec le Wi-Fi 7. Les iPhone 17 et 17 Pro, lancés le mois dernier, le sont également. Même le modèle « économique » iPhone Air est équipé du Wi-Fi 7. Mais le MacBook Pro, un ordinateur professionnel à partir de 1800 €, censé durer plusieurs années et être utilisé dans des environnements exigeants ? Non, pas de Wi-Fi 7 pour lui.
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Mais le Wi-Fi 7, est-ce vraiment utile ? pouvez-vous demander. Oui, indéniablement, surtout dans un cadre professionnel. Le Wi-Fi 7 (802.11be) offre des débits théoriques allant jusqu’à 46 Gbit/s, soit environ 4,8 fois plus rapide que le Wi-Fi 6E. Plus important encore, il réduit considérablement la latence et améliore la stabilité de connexion dans des environnements denses avec de nombreux appareils connectés.
C’est également une question de durabilité. Acheter un ordinateur professionnel à 1800 euros en 2025 sans Wi-Fi 7 est regrettable.
Pourquoi ce choix de la part d’Apple ? Probablement à cause des coûts de production et des priorités établies. Intégrer le Wi-Fi 7 nécessiterait des composants plus coûteux et potentiellement plus d’espace sur la carte mère. Apple a visiblement décidé que ce n’était « pas prioritaire » pour le MacBook Pro, la technologie étant réservée aux appareils mobiles (iPhone, iPad) où la connectivité sans fil est plus cruciale. Ce raisonnement peut se défendre en théorie.
Plus de chargeur en Europe : la radinerie qui s’assume
Abordons maintenant un détail désagréable qu’Apple a discrètement intégré aux spécifications du MacBook Pro M5 européen : il n’y a plus de bloc secteur dans la boîte. Only le câble USB-C vers MagSafe 3 est inclus. Si vous désirez un adaptateur secteur, il faudra débourser un supplément.
Quelles sont les options disponibles ? Deux choix :
- L’adaptateur 70W à 65 €, compatible avec une charge « normale ».
- L’adaptateur 96W à 85 €, permettant une charge rapide (50 % en 30 minutes).
Le prix a effectivement baissé de 100 € par rapport au modèle M4, en passant de 1899 € à 1799 €. Toutefois, en supprimant le chargeur qui coûtait probablement entre 20 et 30 € en production (vendu entre 65 et 85 € au détail), Apple réalise en réalité une marge plus importante qu’auparavant. Les clients, quant à eux, sont perdants.
Le calcul est simple :
- Avant (M4) : 1899 € avec chargeur inclus.
- Maintenant (M5) : 1799 € sans chargeur + 65-85 € de chargeur = 1864-1884 € au total.
Apple justifie cette décision par des motifs écologiques. Oui, beaucoup de clients possèdent déjà des chargeurs USB-C, rendant inutiles des productions à répétition. L’argument se tient… jusqu’à un certain point. Oui, si vous passez d’un MacBook M1/M2/M3/M4, vous avez probablement déjà un chargeur compatible. Mais pour un premier achat Mac ? Pour quelqu’un venant d’un PC ? C’est une dépense supplémentaire obligatoire.
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La bonne nouvelle, c’est que des chargeurs tiers USB-C PD (Power Delivery) de 65 à 100W fonctionnent parfaitement avec le MacBook Pro et sont souvent proposés entre 20 et 40 € chez des marques reconnues comme Anker, Ugreen ou Baseus. Si vous devez acheter un chargeur, il est plus judicieux d’opter pour un modèle tiers : moins cher, souvent plus compact et parfois avec plusieurs ports USB pour charger d’autres appareils simultanément. Apple impose une prime injustifiée sur ces accessoires.
Cependant, il est peu flatteur pour un ordinateur portable professionnel de près de 2000 € de se retrouver dans une telle situation. C’est mesquin, calculateur et cela ternit l’image de la marque, surtout quand on sait qu’Apple maintient des marges bénéficiaires confortables sur ses Mac (environ 30-40 % de marge brute).
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L’autonomie stagne à 24 heures (mais c’est déjà excellent)
Il convient d’atténuer la critique : tous les points précités sont de réels problèmes. Ce point, en revanche, en est un moindre. Apple annonce toujours une autonomie « phénoménale » de 24 heures pour le MacBook Pro M5, exactement le même chiffre que pour le modèle M4. Il n’y a donc pas de progrès. Cependant, 24 heures d’autonomie sur un ordinateur portable performant est déjà très bon.
Pour contextualiser : 24 heures selon Apple correspond à l’utilisation de vidéo en streaming, ce qui constitue le meilleur scénario. En usage mixte (navigation web, traitement de texte, visioconférence, montage photo/vidéo), vous devriez pouvoir tenir entre 12 et 18 heures, en fonction de l’intensité de vos tâches, ce qui reste suffisant pour une journée de travail complète, voire deux journées légères.
Les ordinateurs portables concurrents sous Windows, même haut de gamme, peinent souvent à dépasser 8 à 12 heures d’autonomie réelle. Les Dell XPS, Lenovo ThinkPad X1, HP Spectre et autres machines Windows avec processeurs Intel ou AMD offrent rarement plus de 10 à 12 heures en usage mixte. Apple conserve donc un avantage significatif grâce à l’efficacité énergétique de ses puces Apple Silicon.

Pourquoi l’autonomie ne progresse-t-elle pas ? Parce qu’elle n’en a pas besoin à ce stade. Apple a atteint un équilibre où la majorité des utilisateurs ne nécessitent jamais de recharge durant une journée de travail. Pour atteindre 30 à 36 heures, il faudrait une batterie beaucoup plus grosse (donc plus lourde et coûteuse) ou sacrifier les performances (un processeur moins puissant en mode batterie).
La véritable question est de savoir si les performances restent identiques sur batterie et secteur. Apple assure que oui, contrairement à de nombreux ordinateurs portables Windows qui limitent leurs performances lorsqu’ils ne sont pas branchés. Si cela s’avère vrai, alors cette autonomie de 24 heures avec des performances constantes est un véritable atout.
En somme, sur ce point précis, difficile de véritablement blâmer Apple. 24 heures, c’est déjà très bien. Aurait-on aimé voir 30 heures ? Indubitablement. Mais cela ne constitue pas le principal problème de ce MacBook Pro M5.
Les autres compromis qui agacent
Au-delà des quatre points majeurs, le MacBook Pro M5 présente d’autres petits compromis qui, cumulés, donnent une impression de mise à jour vraiment minimale.
Design inchangé. Le châssis reste identique à celui des M4, M3 et même M2. Même épaisseur, même poids, mêmes dimensions, mêmes coloris (noir sidéral et argent). Pour un produit censément « nouveau », cela semble très réchauffé. Les MacBook Pro maintiennent ce design depuis 2021, soit quatre ans désormais. Un léger rafraîchissement esthétique n’aurait pas été superflu.
Connectique identique. Trois ports USB-C/Thunderbolt 4 (pas Thunderbolt 5), un HDMI 2.1, un slot SD, un mini-jack 3,5mm et le MagSafe 3 pour la charge. C’est une bonne sélection de ports, c’est indéniable. Cependant, aucune évolution par rapport aux modèles précédents. Pas de Thunderbolt 5 offrant des débits accrus (jusqu’à 80 Gbit/s, contre 40 Gbit/s pour le TB4).
Webcam Center Stage de 12 mégapixels. La caméra est excellente, sans débat. Le Center Stage (cadrage automatique durant les visioconférences) est une fonctionnalité pratique. Mais encore une fois : il s’agit exactement de la même caméra que l’année précédente. Aucune amélioration logicielle ou matérielle n’a été annoncée.
Haut-parleurs à six points. Le système audio des MacBook Pro est réputé pour sa qualité, parmi les meilleurs en matière d’ordinateurs portables. Audio spatial, rendu spatial, basses profondes. Super. Mais c’est toujours identique aux modèles précédents, aucune évolution mentionnée.
RAM de départ à 16 Go. C’est correct en 2025, et c’est mieux que les 8 Go proposés il y a encore quelques années. Cependant, pour un ordinateur « Pro » à 1800 €, misant sur l’IA et de lourds modèles de langage locaux, 16 Go commencent à être limités. Passer à 24 Go coûte 250 €, tandis que 32 Go vous coûtera 500 €. Ces tarifs demeurent scandaleusement élevés par rapport aux coûts réels de la mémoire.
SSD de départ à 512 Go. C’est également le strict minimum acceptable en 2025 pour un ordinateur professionnel. Passer à 1 To coûte 250 €, à 2 To 750 €, et atteindre le maximum de 4 To vous coûtera 1500 € supplémentaires. Ces prix de SSD sont excessifs. Un SSD 2 To NVMe Gen4 de qualité se trouve à 150-200 € dans le commerce. Apple vous le facture 750 €. C’est du vol, mais c’est un schéma que l’on connaît avec Apple.
Alors ?
Ce MacBook Pro M5 illustre parfaitement le dilemme actuel d’Apple avec ses ordinateurs : l’entreprise semble naviguer en pilotage automatique, proposant des mises à jour mineures et prévisibles sans réelle innovation ni prise de risque.
Oui, les puces Apple Silicon demeurent excellentes et surpassent largement la concurrence en termes de rapport performances/efficacité énergétique. Oui, l’écosystème macOS et le matériel Apple offrent généralement une expérience utilisateur fluide et cohérente. Aucun doute sur ces éléments.
Cependant, ce MacBook Pro M5 donne l’impression d’un simple rafraîchissement pour cocher la case « nouveau produit 2025 » sans réfléchir à ce que les utilisateurs attendent et méritent. Pas d’OLED, pas de Wi-Fi 7, pas de M5 Pro/Max au lancement, et en prime, suppression du chargeur de la boîte tout en prétendant réduire les prix.
Apple sait pertinemment que ses clients Mac sont captifs dans un écosystème et que la concurrence Windows/Linux ne représente pas une véritable menace pour la plupart d’entre eux. Alors, pourquoi se fatiguer à innover réellement ? Il suffit de sortir une nouvelle puce chaque année avec des gains de performances mineurs, de maintenir le même design pendant 4-5 ans, de réaliser de belles marges en facturant la RAM et le SSD à prix d’or, et voilà.
Le MacBook Pro M5 n’est pas un mauvais ordinateur. C’est même objectivement une excellente machine qui conviendra parfaitement à une grande majorité d’utilisateurs. Toutefois, c’est aussi une mise à jour paresseuse qui mériterait davantage. Et cela, il faut bien le reconnaître, commence à se voir.
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