Prix Nobel : Les travaux exceptionnels du Français Michel Devoret.
Boris Chenaud et Christophe Chaubet, chercheurs à l’université de Montpellier, résument les travaux des Français Michel Devoret et ses deux acolytes, John Clarke et John Martinis, qui ont permis de décrocher le prix Nobel de physique. L’Etat français a investi un milliard d’euros dans la Stratégie Nationale Quantique sur un plan pluriannuel commencé en 2021.
« Une idée simple et vertigineuse ». Boris Chenaud et Christophe Chaubet, chercheurs à l’université de Montpellier au sein de la faculté des sciences, décrivent les travaux qui ont permis au Français Michel Devoret et à ses deux collaborateurs, John Clarke et John Martinis, de recevoir le prix Nobel de physique. « Un circuit électrique peut se comporter comme un atome avec des niveaux d’énergie discrets, et sa dynamique collective peut traverser des barrières par effet tunnel. C’est le socle des circuits quantiques modernes et des qubits supraconducteurs », expliquent-ils.
Nicolas Roch, chercheur au CNRS à l’institut Néel de Grenoble, souligne que « leurs travaux sur la mécanique quantique macroscopique ont été fondateurs, elle est régulièrement citée en référence à nos étudiants ». Ces recherches remontent au début des années 1980. « Ce qui en découle aujourd’hui, c’est tout ce qu’on appelle les technologies quantiques, de l’ordre de l’infiniment petit. Le fait que la mécanique quantique puisse décrire un système de grande taille (le macroscopique, c’est-à-dire, pour faire simple, ce que l’œil humain peut voir) est extrêmement important pour la communauté scientifique », précise-t-il.
Cette découverte a ouvert de nouvelles perspectives, en particulier dans le domaine des supercalculateurs. Les circuits électriques, capables de traverser des barrières sans avoir besoin de les contourner, gagnent en rapidité considérable. « L’informatique « classique » est constituée de bits 0 et 1. Aujourd’hui, les premiers ordinateurs quantiques fonctionnent avec des bits quantiques, des quantums bits ou qubits. Ils peuvent prendre n’importe quelle valeur entre 0 et 1 grâce à des superpositions d’états. Cela permet des calculs beaucoup plus rapides et efficaces, et ouvre des perspectives extrêmement prometteuses en matière d’algorithmes et de calculs impossibles à réaliser par des ordinateurs classiques », explique Nicolas Roch.
L’État français a investi un milliard d’euros dans la Stratégie Nationale Quantique, mise en place depuis 2021. « Il s’agit de conquérir notre souveraineté dans ce domaine technologique qui façonnera le futur », a expliqué Emmanuel Macron lors de la présentation de ce plan. De leur côté, les GAFAM investissent des centaines de millions d’euros dans ces technologies. Michel Devoret, aujourd’hui âgé de 72 ans, a ainsi été recruté comme conseiller par Google Quantum AI, la branche spécialisée de Google dans ce domaine.
« L’ordinateur quantique n’est pas encore là », tempère néanmoins Michel Devoret dans un entretien au Monde. Le jury a plutôt salué les travaux fondamentaux qui ont contribué à la croissance des développements autour de ces machines, dont on peine à percevoir les limites. « Ça a été merveilleux d’en avoir été à l’origine. C’est flatteur et enthousiasmant. Il est difficile de prédire où ira l’informatique quantique », reconnaît celui qui est l’un des fondateurs…

