High-tech

Pourquoi il faut faire attention avant d’apparaître dans un micro-trottoir sur TikTok ou Instagram

«C’est quoi tes redflags chez un partenaire ? », « C’est le drapeau de quel pays ? » ou encore « Pain au chocolat ou chocolatine ? » En scrollant les réseaux sociaux, il y a de fortes chances de tomber sur des personnes qui font face à ces questions, généralement dans un endroit passant comme le forum des Halles à Paris, et avec des réponses plus ou moins farfelues. Le micro-trottoir n’est pas présent que sur France 2, il est devenu un format populaire sur les réseaux sociaux. A l’été 2024, Haliey Welch, ou Hawk Tuah Girl, était devenu pendant quelque temps la coqueluche des Internets après son passage alcoolisé dans un micro-trottoir devenu viral.

Des créateurs comme Loris Giuliano (1 million d’abonnés sur Instagram) ont fait du micro-trottoir une spécialité. Alexis Limouzin s’en sert même comme d’un outil marketing. Le jeune homme, encore en alternance, travaille avec un associé sur « Nightpass », un concept d’application pour trouver un bar ou une boîte de nuit à son goût. Et pour en faire la promo, il interroge et filme d’autres jeunes, le soir, dans les rues de Bordeaux. « On a choisi ce format parce qu’on n’avait pas beaucoup de temps pour les vidéos, explique Alexis Limouzin. On voit tous le temps des microtrottoirs sur les réseaux sociaux, et on a décidé de le mettre à notre sauce. »

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Un format authentique et facile à produire

La raison pour laquelle ça fonctionne ? « Ça montre un contact avec les gens, il y a peu de mise en scène, ce sont des « vrais dialogues » avec de « vrais avis » », estime Alexis Limouzin. Côté créateur, le format est très efficace et facile à produire. « Il n’y a pas beaucoup de montage. Pour nous, on peut faire deux vidéos d’une minute en seulement quatre heures de travail. En plus, les gens qui apparaissent dans la vidéo la partagent eux-mêmes à leurs potes. » Une recette qui marche : sur TikTok, la vidéo la plus vue de Nightpass dépasse les 100.000 vues, la médiane est à 20.000 vues. Mais d’autres micro-trottoirs peuvent dépasser le million.

Seulement voilà, parfois, répondre à un micro-trottoir, c’est un peu l’affiche. Et un intervenant pourrait être tenté de se rétracter, surtout si tout Internet peut voir qu’il a confondu le drapeau de la Belgique et de l’Allemagne. « On vérifie toujours auprès des personnes qu’on a filmées, et on a environ 30 % de gens qui ne veulent pas que la vidéo soit diffusée, avance Alexis Limouzin. Généralement, ils n’ont pas envie que des gens au travail tombent sur la vidéo. »

Le problème du droit à l’image

Une démarche de bonne foi, mais qui n’est pas obligatoire. « Il y a consentement implicite dans le droit à l’image, difficile après de revenir dessus », explique Raphaël Molina, avocat chez Influxio, un cabinet spécialisé dans l’influence en ligne. Comprendre : si vous choisissez de répondre à quelqu’un qui braque un iPhone sur vous, vous acceptez a priori d’être filmé et que l’image puisse être diffusée. « Mais si le montage fait que ça peut porter atteinte à la personne, il y a un droit de regard, nuance l’avocat. Nous, on recommande de faire signer des autorisations écrites pour éviter tout problème. » Et ces autorisations deviennent obligatoires si le contenu diffusé inclut une collaboration commerciale. Petit bémol aussi sur les micro-trottoirs devant les discothèques. « Il n’y a pas de jurisprudence sur l’état d’ébriété, mais ça pourrait être de nature à vicier le consentement », relève l’avocat.

Tous les articles de notre rubrique By The Web

En revanche, sortir une bêtise sur les réseaux sociaux ne pourra normalement pas vous être reproché par votre employeur. « Ça ne devrait pas poser de problème au travail, sauf si l’on critique son entreprise ou que le contrat de travail contient une clause en ce sens, rassure Raphaël Molina. Cela relève de la vie privée. » Normalement, vous risquez juste de vous faire vanner à la machine à café.