« On vit très bien sans lui »… Ils ont quitté le réseau X, disent pourquoi et racontent leur « désintox »
«Je ressentais un malaise à la lecture, comme l’impression de voir le monde se déliter à marche forcée ». Son départ a été moins fracassant que celui de Stephen King ou du journal The Guardian mais David a décidé lui aussi de dire bye-bye au réseau social X d’Elon Musk. Il l’a fait « quelques semaines après » le rachat de Twitter par l’homme le plus riche du monde, fin 2022, et n’a donc vécu le gazouillis de la campagne victorieuse de Donald Trump. C’est souvent cette marée de tweets qui a « fait déborder le vase » pour d’autres internautes de 20 Minutes qui ont bien voulu témoigner des raisons de leur claquage de porte virtuel.
Archibald, 35 ans, était déjà en sevrage. Mais, raconte-t-il, « le soir de la victoire de Trump, je me suis connecté juste pour voir et, là, j’ai vu tous les posts envoyés par E. Musk sans vouloir le suivre. Il avait saturé mon fil d’actualité ! Donc, adieu X et bonjour Threads ».
Même trop-plein, même sentiment de ne plus piloter son compte et même point de chute pour Robin, lassé des apparitions intempestives « de comptes d’extrême droite » dans son fil « sans jamais les avoir suivis ou avoir interagi avec eux ». Amine et Sean ont eu beau « signaler » ces contenus indésirables, ils n’ont jamais cessé de leur parvenir. Quant à Louis, plutôt porté sur l’actualité sportive, il a fermé boutique juste après les JO, fatigué de voir « des choses » qu’il n’avait « pas envie de voir » sur une application où il passait « autant de temps ». Christophe enfin a jeté l’éponge « à force de voir » les personnes, plutôt de gauche, qu’il suivait « se faire harceler à chaque prise de position légitime ».
Dans cet océan d’agacement et de dépit, Eloy, 41 ans, surnage. « Les réseaux sociaux, dont Twitter, ont toujours eu du contenu dérangeant et cela ne dérangeait pas ceux qui s’en plaignent aujourd’hui », tacle celui qui trouve que X « est beaucoup mieux géré avec Elon Musk ». Las pour le milliardaire, Eloy a quitté Twitter en 2021 et n’a pas encore recréé de compte car il a décidé « de limiter [son] exposition aux flux incessants des réseaux sociaux ».
« Cela n’a fait qu’améliorer mon quotidien »
Mais, alors, une fois qu’on s’est extirpé de ce que Clément appelle une « bulle médiatique toxique », comment se passe la « désintox » ? Emmanuel admet volontiers qu’il a ressenti « un frein psychologique, la peur de perdre quelque chose ». Mais, désormais sur Bluesky, il a récupéré « pratiquement tous les comptes » qu’il suivait sur X, et, surtout, « de nouveaux bien plus intéressant ». Cerise que le gâteau, selon lui, « c’est le jour et la nuit niveau ambiance ».
Franchir le pas a été compliqué aussi pour Romaric, ancien élu local qui s’en servait pour parler politique et faire campagne. Il a tenté plusieurs fois de quitter X depuis trois ans ? Et, à chaque fois, il y est revenu pour discuter « avec des personnes qui sont devenues plus que de simples followers ». Mais, depuis septembre et « l’accélération de la campagne américaine », il espère tenir bon. « Même si ces « amis virtuels » vont me manquer, confie-t-il, je préfère quitter le réseau qui n’est devenu qu’un défouloir pour complotistes et extrémistes de tous bords. » Jean, ex-twittos octogénaire, devrait le rassurer : « on vit très bien sans lui, assure-t-il. Cela n’a fait qu’améliorer mon quotidien ».
Des activités plus saines et moins chronophages
En s’exilant vers Mastodon, après deux rechutes sur X, Paul a découvert le maillage Fedivers, et des réseaux sociaux alternatifs. Il résume sa nouvelle – et meilleure – vie numérique en trois points : « je découvre davantage de nouvelles choses, le contenu est moins anxiogène et je ne suis pas enfermé ». Louis, notre sportif, est revenu à des canaux d’information « plus classiques » et s’en porte « mieux » parce que c’est « beaucoup plus sain ».
Clément a carrément « tout supprimé » depuis trois mois. Il a gagné « beaucoup de temps pour faire des activités plus utiles et apaisantes ». Pour lui, ce « reset » est sans regret, aucun.