High-tech

« On peut regarder le patient »… De plus en plus de médecins ont recours à l’IA pour résumer leurs consultations

«Un outil absolument génial qui redonne du temps humain à la consultation », s’enthousiasme le docteur Vincent Misrai, chirurgien urologue toulousain. Il fait partie des médecins français qui ont adopté l’intelligence artificielle pour les comptes-rendus de leurs consultations. Un marché en plein essor en France, assure Alex Lebrun, patron de Nabla, une start-up française devenue un poids lourd du compte-rendu de consultation aux Etats-Unis.

Les outils de résumé automatique de consultation écoutent la conversation avec le médecin, puis, en quelques secondes, en font une synthèse rédigée et structurée, que le praticien n’a plus qu’à valider. Ils peuvent généralement produire d’autres documents, comme des lettres de suivi pour les autres soignants suivant le patient.

Doctolib a donné un coup de fouet au marché en annonçant la sortie de son propre outil en 2024, explique le patron de Nabla, précisant que son propre volume de consultations en France « a doublé » depuis cette annonce. Le marché français compte également Loquii, liée au logiciel de gestion de cabinet médical Medistory, ou PraxySanté, une start-up française qui se développe notamment dans les hôpitaux.

Données chiffrées

Les données sont chiffrées et l’hébergeur du service (Amazon pour Doctolib, Google pour Nabla, OVH Cloud pour PraxySanté) ne peut y avoir accès, indiquent les éditeurs.

Le chirurgien Vincent Misrai, délivré de l’obligation de prendre des notes, « n’est plus rivé à son écran » et peut « écouter son patient en le regardant » : « On note une attitude, une main qui tremble, une cicatrice… à la fin de la journée, ça change la donne ». « Sur 20 minutes de consultation, ça fait bien 5 ou 6 minutes de gagnées. Les médecins qui utilisent ces outils sont bien plus à l’heure… », sourit le docteur Jean-Christophe Nogrette, l’un des responsables du syndicat de généralistes MG France, autre utilisateur convaincu.

Notre dossier sur l’intelligence artificielle

Mais le résumé de consultation n’est qu’un début. PraxySanté et Docaposte, filiale numérique de la Poste, proposent un outil de synthèse de dossier médical, également en cours de développement par Doctolib. Une tête chercheuse capable d’aller plonger dans les dizaines de comptes-rendus, courrier ou analyses, pour proposer au praticien une vision synthétique du patient qu’il s’apprête à recevoir.