« On était prêts pour l’électrique » : Carlos Tavares explique l’effondrement de Stellantis.
Carlos Tavares a été l’ancien patron de Stellantis, entreprise qu’il a critiquée pour ne pas avoir su industrialiser efficacement l’électrique, déclarant que la technologie électrique est « 50 % plus chère que la technologie conventionnelle ». Il a également annoncé avoir été « sollicité par des constructeurs chinois » lors de sa tournée médiatique pour la promotion de son livre.
L’ancien dirigeant de Stellantis, Carlos Tavares, effectue une tournée médiatique pour promouvoir son livre *Un pilote dans la tempête* (disponible sur Amazon). Depuis son départ brutal en décembre 2024, il défend ses décisions stratégiques en affirmant que « Stellantis était parfaitement prêt pour l’électrique », tout en critiquant l’Europe jugée « trop dogmatique » et en annonçant avoir été « sollicité par des constructeurs chinois ».
Lors d’une interview sur France Inter, Tavares a déclaré : « Fin 2024, Stellantis était parfaitement prêt pour l’électrification. On avait les plateformes, les moteurs, les batteries, l’architecture électronique. Tout ». Pourtant, les résultats financiers de Stellantis en 2024 racontent une tout autre histoire : une chute de 70 % des bénéfices. Cela ne ressemble pas à une entreprise « prête » qui « accélère pendant que les autres freinent ». À l’époque où Tesla se lançait dans l’électrique, Stellantis, alors PSA, était à la traîne. De plus, les véhicules électriques actuels souffrent d’une autonomie moyenne, d’une recharge lente et d’une consommation élevée sur autoroute, en comparaison avec la concurrence.
Tavares critique également Bruxelles en qualifiant l’objectif d’interdiction des thermiques en 2035 de « dogmatique » et de « manque de sagesse ». Selon lui, il faudrait permettre la vente de thermiques émettant moins de 100 g de CO2 pour remplacer un parc vieillissant émettant 300 g. Bien que cette position ait une certaine logique, elle semble surtout masquer l’incapacité à industrialiser des véhicules électriques à prix accessible. Tavares affirme que « la technologie électrique est 50 % plus chère que la technologie conventionnelle », tout en ignorant que des marques comme Tesla, BYD ou MG proposent également des modèles accessibles sur le marché.
Plus directement, Tavares a déclaré qu’« il ne faut pas expliquer aux Européens qu’ils vont pouvoir garder leur mode de vie, en concurrence avec l’Asie, sans travailler plus ». Cette déclaration semble un appel à une dérégulation en matière de conditions de travail. Lors d’une confrontation avec une téléspectatrice au sujet de problèmes de qualité avec sa Peugeot non fonctionnelle depuis trois ans, Tavares a présenté ses excuses. Bien que ce soit une démarche honnête, elle ne fait qu’effleurer les problèmes de qualité persistants que Stellantis subit.
Dans une autre interview, Tavares a affirmé avoir été contacté par des constructeurs chinois, sans préciser lesquels. Cela suscite des interrogations, car alors qu’il a conduit Stellantis à des difficultés dans le domaine électrique, les constructeurs chinois ont déjà un temps d’avance significatif. Cela pourrait néanmoins s’expliquer par ses connaissances du marché européen, utiles à tout constructeur chinois souhaitant s’implanter.
Finalement, le contraste entre les déclarations de Tavares et la réalité des faits est marquant. Il a été évincé à cause de la chute des résultats, et son départ semble être tenté de le positionner comme un visionnaire incompris face à un court-termisme des actionnaires. Derrière ses affirmations, une interrogation demeure : la pérennité de Stellantis dans les années à venir est incertaine, et cette confession de Tavares est un aveu d’échec.

