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Méfiez-vous des « influvoleurs » : « 40% des influenceurs belges sur Instagram sont impliqués dans des fraudes »

Derrière les belles promesses des influenceurs et autres créateurs de contenus, il y a aussi souvent de cruelles désillusions. Certains n’hésitent ainsi pas à profiter de leur statut et d’une certaine naïveté de leurs suiveurs, souvent très jeunes, pour les arnaquer.

D’après l’étude de la plateforme de marketing HypeAuditor, 40 % des influenceurs belges sur Instagram sont ainsi impliqués, volontairement ou non, dans des « fraudes ». Cela signifie que leurs comptes présentent des « anomalies ».

« Likes » et faux comptes achetés

Il n’est ainsi pas rare qu’un influenceur achète des followers, des likes, des commentaires ou des vues (de stories, par exemple) pour « booster » artificiellement sa notoriété. Selon HypeAuditor, seuls 67,4 % des followers de ce type de comptes sont de vraies personnes (63,2 %) ou d’autres influenceurs (4,2 %) en Belgique, 18,3 % sont des suiveurs en masse, c’est-à-dire : des personnes qui suivent plus de 1 500 comptes et sont donc beaucoup moins susceptibles de voir le post d’un influenceur. Enfin, 14,3 % sont des comptes suspects et donc vraisemblablement achetés par les créateurs de contenus.

Plongée dans le monde de l’influence : « Cela peut être un monde parfois très toxique, très narcissique et très faux »

« Ce sont les valeurs moyennes pour l’audience de tous les comptes d’influenceurs belges, précise le spécialiste en marketing, mais il existe des comptes pour lesquels le nombre de comptes suspects peut être proche de 100 %. »

HypeAuditor prend ainsi l’exemple d’un athlète belge avec un public majoritairement actif en Iran, « où il n’a pourtant aucune notoriété » ou encore celui d’un influenceur dont les posts suscitent de nombreux commentaires du même type, par exemple uniquement des émoticônes… le plus souvent publiés par des comptes sans photo de profil.

Nabila et ses conseils boursiers

Au-delà de ces fraudes visant avant tout à augmenter la popularité des influenceurs, d’autres pratiques, plus graves, impliquent de véritables arnaques. En France, où le phénomène est bien plus présent que chez nous, les procès se sont ainsi multipliés contre les créateurs et créatrices de contenus ces dernières années. En 2021, la star de la téléréalité Nabilla Benattia-Vergara, suivie par des milliers d’abonnés, a ainsi écopé d’une amende de 20 000 euros après avoir fait la promotion de produits boursiers sur Snapchat sans signaler qu’elle était rémunérée pour le faire.

Mais l’un des grands dossiers du moment chez nos voisins est celui nommé « Animoon », dont le préjudice total est estimé à plus de six millions d’euros. Il s’agit d’une possible arnaque (l’affaire doit encore être jugée) aux NFT, ces objets numériques (images, peintures, vidéos…) dont de nombreux influenceurs ont fait la promotion en promettant des bénéfices mirobolants à leurs fans.

Un produit capable de « guérir le cancer »

D’après les avocats des plaignants, « plusieurs milliers d’investisseurs » sont concernés, et ont chacun perdu entre quelques centaines et plusieurs dizaines de milliers d’euros. En ligne de mire, il y a notamment Marc et Nadé Blata, réfugiés à Dubai comme beaucoup de leurs confrères, qui totalisent un peu plus de sept millions d’abonnés à eux deux. En plus des NFT, le couple proposait également des placements de produits à risque. Sans aucun retour jusqu’ici pour les investisseurs. L’ancienne star de la téléréalité, Dylan Thiry, a aussi créé la polémique récemment en faisant la promotion d’un produit interdit en France « capable de guérir le cancer ».

Le rappeur Booba s’en mêle

Mais la riposte est là. Elle est menée en France par le rappeur Booba qui a fait de cette chasse aux « influvoleurs » et « influvoleuses », termes qu’il a inventés, l’un de ses combats en demandant à ses fans de débusquer les pratiques frauduleuses sur le Net. Un engagement qui est suivi au niveau politique. « Booba a raison de rappeler qu’il y a des dérives, qu’elles sont inacceptables, et nous y mettrons fin », a déclaré ce lundi le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire. En France, six influenceurs sur dix ne respectent pas la réglementation sur la publicité, d’après les derniers chiffres officiels.

Même si les plaintes sont moins fréquentes en Belgique, certains influenceurs promeuvent aussi des produits sans en avoir, ni les qualités requises, ni les autorisations légales. Des faits punissables par la loi, notamment en matière de publicité. « Si le créateur de contenu n’indique pas clairement que le contenu en ligne est en réalité une publicité et non un post organique, ce message est considéré comme une pratique déloyale », rappelle le SPF Économie.