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Les Tesla Model Y auront des batteries « maison » en Europe, mais des défis restent.

La Gigafactory européenne de Tesla, en Allemagne, va de nouveau produire des batteries après une phase de transformation et de modernisation de ses installations. En février 2023, le ministère de l’Économie du Brandebourg a confirmé officiellement l’abandon des grands projets initiaux, Tesla ayant « priorisé d’autres étapes de production aux États-Unis en raison de conditions fiscales plus favorables ».

Après une pause dédiée à la modernisation, l’usine allemande de Tesla a recommencé l’assemblage de batteries. Cependant, les promesses initiales d’Elon Musk de faire de ce site la plus grande usine de batteries au monde semblent désormais abandonnées. À présent, l’avenir de l’usine est marqué par des tensions sociales, le dirigeant liant les futurs investissements aux résultats des élections syndicales prévues en mars prochain.
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La Gigafactory de Tesla en Europe, située en Allemagne, est prête à reprendre la production de batteries après une transformation de ses installations.

André Thierig, le directeur du site, a exprimé son enthousiasme lors d’un événement mardi dernier, affirmant que l’usine est devenue « la fabrique de batteries la plus automatisée de Tesla dans le monde ».

Cependant, comme le souligne le média allemand Handelsblatt, les ambitions initiales sont très éloignées des résultats actuels, dans un contexte où l’usine n’était même pas encore construite il y a cinq ans.

Des ambitions démesurées à une production modeste

En novembre 2020, lors de la présentation de ses ambitions pour Berlin, Elon Musk évoquait une production de 100 GWh, avec une possibilité d’extension jusqu’à 250 GWh, qualifiant le projet de « la plus grande usine de batteries de la planète ».

Ce projet colossal devait faire de l’Allemagne un pilier de l’empire Tesla. La situation actuelle détonne avec ces promesses. L’usine produit des batteries dans le cadre du « Projet Coyote », mais avec une nuance importante : les cellules ne sont pas fabriquées sur place.

Les cellules cylindriques « 4680 », développées par Tesla, sont transportées par convoi depuis l’usine d’Austin, au Texas, et sont déjà utilisées pour les véhicules fabriqués aux États-Unis.

Berlin joue donc un rôle d’assembleur, loin de l’intégration verticale prévue au départ. Avant cette réorientation, environ 100 000 unités d’un ancien modèle de batterie avaient été produites, avant que les installations ne soient entièrement reconfigurées.

Actuellement, les cellules des batteries LFP des Tesla Model Y Standard proviennent de la société chinoise CATL, tandis que les cellules des batteries NMC des Model Y Grande Autonomie et Performance sont fournies par le sud-coréen LG. Il n’est pas encore précisé quelles versions du Model Y bénéficieront des nouvelles « 4680 », mais elles sont de chimie NMC, ce qui devrait éliminer la version Standard.

Ce revirement est en grande partie dû à la politique industrielle américaine. En 2022, Washington a mis en place une législation offrant d’importants avantages fiscaux pour la production de batteries aux États-Unis, incitant Tesla à privilégier ses installations américaines.

En février 2023, le ministère de l’Économie du Brandebourg a officiellement confirmé l’abandon des grands projets initiaux, Tesla ayant « priorisé d’autres étapes de production aux États-Unis en raison de conditions fiscales plus favorables ».

Des incertitudes syndicales pèsent sur l’avenir

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. André Thierig a ajouté une dimension préoccupante lors de son discours : l’avenir des investissements à Berlin dépendrait des résultats des élections au comité d’entreprise prévues en mars 2026.

Cette déclaration ressemble à une forme de pression sur l’emploi. Selon Thierig, ni Elon Musk ni le conseil d’administration ne soutiendraient le développement de l’usine si le syndicat IG Metall remportait la majorité lors des élections. Cette stratégie de menace reflète la position historiquement hostile de Tesla envers les organisations syndicales, en particulier aux États-Unis.

Il est important de noter que les décisions d’investissement se prennent au siège aux États-Unis, et non en Allemagne. Certes, Tesla a investi en 2025 « plusieurs centaines de millions » dans de nouveaux modèles et des projets d’automatisation pour la Gigafactory de Berlin. Néanmoins, à long terme, l’usine est en concurrence directe avec des sites en Chine et d’autres installations du groupe, où la productivité est un enjeu crucial.

Un avenir incertain malgré certaines annonces

Cette relance de la production de batteries semble avant tout symbolique. Bien que Tesla recrute de nouveaux employés pour le « Projet Coyote », il n’y a aucune confirmation que la fabrication de cellules arrivera un jour à Berlin.

L’usine demeure donc dans une position intermédiaire, dépendante de ses approvisionnements américains et soumise aux arbitrages d’un groupe dont la gestion européenne semble reléguée au second plan.

Pour les employés et les autorités locales ayant misé sur Tesla, le désenchantement est palpable. Les promesses ambitieuses se sont transformées en demi-mesures, et l’avenir du site repose désormais autant sur des considérations sociales que techniques.