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Les scientifiques mettent en garde : le financement de la recherche est « à bout de souffle »

Cinq ans après le vote de la Loi de programmation de la recherche de 2020, le collège des sociétés savantes académiques de France a interrogé en ligne 2.200 chercheurs, et moins de 15 % des répondants jugent le système actuel de financement de la recherche publique satisfaisant. Plus de 60 % des scientifiques estiment que la recherche française « perd du terrain », en particulier en sciences de la vie, en chimie et en médecine.


C’est une quasi-unanimité. Cinq ans après l’adoption de la Loi de programmation de la recherche de 2020, le collège des sociétés savantes académiques de France a mené une enquête en ligne auprès de 2.200 chercheurs. Ce collège comprend 70 sociétés savantes (dans des domaines tels que la physique, les mathématiques, la génétique, la géographie, la science politique…). Le résultat est sans appel : l’« insatisfaction » est « quasi-unanime ».

Moins de 15 % des participants considèrent que le système actuel de financement de la recherche publique est satisfaisant. Ce système est décrit comme « structurellement sous-financé, court-termiste et soumis aux effets de mode, inéquitable, chronophage, souvent opaque et décourageant les recherches les plus innovantes », selon le collège. En d’autres termes, le financement de la recherche publique en France est « à bout de souffle » alertent les sociétés savantes.

La recherche française « perd du terrain »

Plus de 60 % des scientifiques estiment que la recherche française « perd du terrain », notamment en sciences de la vie, en chimie et en médecine. Ils dénoncent la « crise des vocations », la « perte de visibilité des travaux français » à l’échelle internationale et la « fuite des talents dans certaines disciplines ».

Les chercheurs ayant participé à l’enquête se plaignent également d’un pilotage administratif « tatillon, mais dénué de vision de long terme » et de « l’incompréhension profonde des enjeux scientifiques par les responsables politiques ».

Seuls bémols positifs, les répondants soulignent certains « atouts majeurs » du système de financement de la recherche publique : l’attribution de crédits récurrents, la mutualisation des infrastructures et les appels à projets, notamment de l’Agence nationale de la recherche (ANR) et de l’Union européenne. Ceux-ci « peuvent jouer un rôle utile pour les grandes collaborations, l’interdisciplinarité ou les équipements lourds ».

Pour le collège, l’amélioration de la situation nécessite plusieurs mesures fortes : accroître significativement les crédits récurrents, améliorer les taux de succès des appels à projets, recruter massivement du personnel permanent de recherche et d’appui, et simplifier ainsi qu’assouplir la gestion administrative.