Les écrans altèrent durablement les capacités intellectuelles des moins de 6 ans, alertent cinq sociétés scientifiques

Retard de langage, troubles de l’attention, de la mémorisation, agitation motrice… Les professionnels de la petite enfance constatent les dégâts, quotidiennement des écrans sur des enfants de moins de 6 ans. Dans une tribune, cinq sociétés françaises de scientifiques (ophtalmologie, pédiatrie, Santé publique, psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Santé et environnement) alertent sur l’altération durable des capacités intellectuelles des enfants de moins de six ans à cause des écrans.
« La vérité est parfois difficile à entendre. Les conséquences d’une exposition précoce et prolongée aux écrans sont avérées et ont déjà lourdement impacté une jeune génération sacrifiée sur l’autel de la méconnaissance… Mais en 2025, le doute n’est plus permis et les très nombreuses publications scientifiques internationales sont là pour nous le rappeler. Ni la technologie de l’écran ni ses contenus, y compris ceux prétendument « éducatifs » ne sont adaptés à un petit cerveau en développement. L’enfant n’est pas un adulte en miniature : ses besoins sont différents », interpellent les scientifiques signataires, nuançant tout de même leurs propos en ce qui concerne les enfants aux besoins particuliers comme ceux présentant un trouble du neurodéveloppement avec un accompagnement spécifique médical.
Quels sont les effets neurologiques des écrans sur un enfant ?
Selon la tribune, le neurodéveloppement, qui repose en partie sur des facteurs génétiques, résulte surtout d’un « savant mélange d’observations et d’interactions riches et variées avec l’environnement ». Les six premières années d’un enfant sont fondamentales. L’enfant explore son milieu en sollicitant tous ses sens, tout son corps. Les apprentissages sont alors particulièrement nombreux sur le plan moteur, sensoriel et intellectuel. Ils fondent le socle cérébral de l’enfant.
« Or les écrans quelle qu’en soit la forme (télévision, tablette, téléphone) ne répondent pas aux besoins de l’enfant. Pire, ils entravent et altèrent la construction de son cerveau. » Notamment à cause de leurs contenus trop riches : la cadence de défilement des images et la multitude de stimuli sensoriels lumineux et sonores captent l’attention et saturent les capacités de traitement des informations. Cela épuise les ressources attentionnelles de l’enfant le rendant inapte à comprendre et apprendre quoi que ce soit. « Ce flux compromet les connexions neuronales non encore consolidées, pouvant altérer durablement le fonctionnement de son cerveau », ajoutent les professionnels de santé et de l’enfance.
De plus, les activités sur écran « sont trop pauvres ». Cela réduit « le centre d’intérêt et le champ de vision de l’enfant à quelques centimètres carrés, ne lui mettant à disposition qu’une succession d’images en deux dimensions et de sons enregistrés, sans rationalité ou logique communicative et sensorielle ». Ils peuvent également couper le lien d’apprentissage du langage et des compétences socio-relationnelles car plus rares. Avec moins d’interactions intrafamiliales à cause des écrans, le développement ultérieur peut être grandement impacté.
Quel impact sur la santé physique ?
Les écrans n’impactent pas seulement le neurodéveloppement de l’enfant, ils peuvent nuire à sa santé physique. « Le développement visuel peut être modifié avec un risque accru de myopisation et des conséquences rétiniennes à long terme du fait d’une sensibilité plus importante de la rétine à la composition spectrale de la lumière, d’une transmittance majorée de l’œil de l’enfant à la lumière bleue et de l’accommodation souvent prolongée sur les écrans », expliquent les cinq sociétés scientifiques.
Le sommeil est également perturbé par l’exposition aux écrans en particulier en fin de journée, dans les heures précédant le coucher. Un cri d’alerte fort pour nos futurs adultes.