High-tech

Le MWC a-t-il de l’intérêt pour les entreprises belges ?

Pour faire simple, Tessares, c’est un peu l’acteur de l’ombre qui permet à un opérateur comme Proximus, via sa technologie, d’offrir une qualité de connexion digne de ce nom dans des zones où la fibre n’est pas encore déployée, par exemple. Une technologie vouée à disparaître avec le déploiement alors ? “Toutes les technologies ont un cycle de vie, une fenêtre d’opportunité limitée dans le temps. Celle-ci va se réduire dans le temps mais rares sont les pays qui seront connectés à 100 % à la fibre. Notre force, c’est l’agrégation de réseaux. Et nous travaillons déjà sur une autre solution qui permet la transition de réseau mobile type 4G ou 5G au Wifi, sans aucune coupure”, avance-t-il.

Si cela peut sembler secondaire pour le profane, l’homme précise que le Wifi consommerait environ 20 fois moins d’énergie par mégabit transporté que les antennes mobiles, malgré leurs récentes évolutions. Un atout indéniable alors que l’énergie est au cœur de tous les débats… et des budgets. “Nous sommes encore dépendants des vendeurs de smartphones mais c’est en train d’être standardisé Et nous avons des phases pilotes avec des géants du secteur télécoms américains”, lâche-t-il fièrement, même s’il ne peut pas citer leurs noms. L’homme annonce également le lancement cette année d’un service destiné aux entreprises pour améliorer la connectivité des employés en télétravail. “Les call centers, avec des opérateurs qui travailleraient depuis chez eux, pourraient être des clients. Nous avons déjà des entreprises ‘amies’ qui testent cette solution”, avance-t-il, confiant sur l’évolution du business pour Tessares, qui fête justement sa huitième année d’existence. “Le MWC ? C’est le salon où on a le plus de rendez-vous. C’est bien plus intéressant que le CES pour nous. En 4 jours, j’ai déjà 45 rendez-vous programmés. De plus, cela permet de comprendre les tendances de l’écosystème, de voir les directions du marché. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut faire uniquement derrière son écran de PC”, affirme-t-il, en défenseur du salon.

Les cryptos à l’assaut

On vient en Espagne pour nous faire connaître de la tech locale”, avance pour sa part Marc Toledo, de la plateforme d’échange cryptos Bit4You. “2023 sera l’année de l’internationalisation pour nous. Nous avons 40 000 clients en Belgique, sur les 400 000 estimés par la BCE, c’est pas mal !” se félicite le fondateur de la plateforme, qui affirme avoir réalisé l’équivalent de 1,79 milliard d’euros de transactions sur la plateforme en 2022. “On est encore loin des presque 10 milliards d’échanges quotidiens réalisés par Binance… chaque jour”, s’amuse-t-il. Ce serait même 14 milliards ces dernières 24h selon CoinMarketCap. Marc Toledo affirme réinvestir les marges dans le développement et le marketing pour le moment, “mais on fera en sorte que la société génère des revenus prochainement”, avance-t-il, alors que les marges représentent environ 0,08 % du montant global des transactions. “Heureusement que hub.brussels nous permet d’être là, car un stand solo serait trop cher. Je préfère être dans un event comme celui-ci que dans un event special blockchain où ça ne sera que de la compétition pour savoir qui est le plus musclé”, reconnaît-il.

La Belgique en retard ?

Si la Belgique affiche fièrement son drapeau, reconnaissons que les nouvelles technologies ont parfois du mal à convaincre. “Ces technologies ne sont pas uniquement consommatrices d’énergie ou ‘sales’, comme certains les décrivent. Beaucoup de journalistes écrivent de manière sensationnelle et non éducative à ce propos…” regrette ouvertement Marc Toledo. “Il manque clairement d’éducation à ce propos. Le secrétaire d’État au numérique (Mathieu Michel, NdlR) a compris que la digitalisation était primordiale. Mais les gens ont des idées arrêtées et il marche sur des œufs. Il y aura d’ailleurs le lancement de Blockchain4Belgium officiellement à la fin du mois de mars. Mais en attendant, les jeunes, qui sont les principaux intéressés, quittent le pays, au profit du Luxembourg, des Pays-Bas et autres pays voisins”, regrette encore Marc Toledo, qui l’affirme : avec le métavers, les NFT et le Web3, les cryptos deviendront de plus en plus complémentaires aux monnaies classiques.

On a passé le cap mortel des trois ans”, se félicite-t-il alors que Bit4You fêtera ses 5 ans à la mi-mars et emploie désormais environ 25 personnes, principalement des indépendants qui vendent leurs services à plusieurs clients. Prochain objectif ? Venir titiller des acteurs d’envoi d’argent comme Western Union. Et rien de tel que de trouver des partenaires parmi les entreprises présentes au MWC.

Huawei le géant

Victor Qian, CEO de Huawei Belgium.
Victor Qian, CEO de Huawei Belgium. ©Antonin Marsac

Avec un stand de 11 000 m² qui trône fièrement dans le hall principal du monumental Fira de Barcelone, le chinois Huawei est une nouvelle fois l’acteur incontournable du salon. Et on est loin du salon du smartphone comme c’était le cas il y a quelques années. Peu de “flagship phones”, Samsung s’affiche relativement timidement, et Apple boude comme toujours l’événement.

Le MWC, c’est avant tout le salon des professionnels des réseaux. On parle antennes, cœurs de réseaux, wifi, 5G, data centers, usages permettant l’optimisation énergétique, et non smartphones dernier cri. “2021 a été vraiment mauvaise”, reconnaît Huawei, mais 2022 serait celle du redémarrage, avec un chiffre d’affaires (stable par rapport à la mauvaise année 2021) de 92 milliards de dollars. “Mais les résultats définitifs ne seront publiés que fin mars”, précise Victor Qian, CEO de Huawei Belgium. Et si on veut voir le verre à moitié plein, Huawei a donc su se maintenir, alors que tous les acteurs du secteur sont sous pression avec la crise énergétique et l’inflation mondiale. “Nous sommes attentifs à la réduction de la consommation énergétique depuis des années. Je n’ai pas de réponse très claire pour le moment sur la neutralité carbone mais Huawei est leader dans le domaine […]. Et l’Europe représente notre second plus gros marché, après la Chine. C’est pour cela que nous avons beaucoup de centres de R&D, de logistique, et on continue notre travail en Europe”, avance encore le dirigeant, qui regrette à demi-mot que le lobbying américain anti-Huawei fonctionne alors que selon lui, l’entreprise n’a rien à se reprocher.