High-tech

Le fabricant américain de semi-conducteurs Micron accusé de défaillances de sécurité par Pékin

Secteur hautement stratégique, les micropuces font vivre l’économie mondiale moderne. Ces petites tranches de silicium se nichent dans tous types d’appareils électroniques, tels que les ampoules LED, les machines à laver, les voitures ou les smartphones.

Les puces informatiques de Micron « présentent des problèmes potentiels pour la sécurité des réseaux relativement sérieux, ce qui pose un problème majeur à la sécurité des chaînes d’approvisionnement (…) et affecte la sécurité nationale de la Chine », a indiqué l’organisme chargé de la cybersécurité en Chine dans un communiqué.

« Les opérateurs d’infrastructures travaillant avec des données sensibles en Chine devraient arrêter d’acheter les produits de Micron », poursuit le communiqué.

La Chine donne une large définition aux « opérateurs d’infrastructures travaillant avec des données sensibles », qui vont des entreprises de transport à celles de la santé.

« Nous avons reçu les conclusions du régulateur sur sa revue de nos produits vendus en Chine », a indiqué de son côté Micron dans un communiqué.

« Nous évaluons ces conclusions et réfléchissons aux prochaines étapes », a ajouté le groupe. Interrogée sur un éventuel appel de la décision chinoise, une porte-parole de Micron a répondu « Nous nous réjouissons de poursuivre les discussions avec les autorités chinoises ».

Micron, basée dans l’Idaho (nord-ouest des Etats-Unis) est le quatrième fabricant mondial de semi-conducteurs avec une part de marché de 20 à 25% de l’industrie des DRAM (puces de mémoire vive).

Environ 10% des 30,8 milliards de dollars de chiffre d’affaires du groupe en 2022 provenaient de Chine. Mais une grande part des produits Micron vendus en Chine est achetée par des fabricants étrangers, selon les analystes, et il est difficile de savoir si la décision de dimanche concerne aussi les ventes à des groupes étrangers.

« Risques »

La Chine avait annoncé début avril une procédure contre le groupe américain, afin de « passer en revue » les produits du fabricant de composants électroniques et de prévenir d’éventuels « risques » pour sa « sécurité nationale ».

« Il s’agit d’une mesure réglementaire ordinaire prise […] pour protéger la sécurité nationale », avait indiqué alors une porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning.

Au nom de la « sécurité nationale », Washington avait pour sa part annoncé en octobre 2022 de nouveaux contrôles à l’exportation pour limiter l’achat et la fabrication par Pékin de puces haut de gamme « utilisées dans des applications militaires ».

Pour réduire sa dépendance envers l’Asie, l’Union européenne a de son côté trouvé le mois dernier un accord sur un plan visant à développer cette industrie sur son propre territoire.

Et après les Etats-Unis et les Pays-Bas, le Japon avait annoncé fin mars son intention de restreindre ses exportations d’équipements de fabrication de semi-conducteurs, s’attirant les foudres de la Chine.

Pékin a déjà dépensé ces 10 dernières années des milliards de dollars pour sa propre industrie de semi-conducteurs, afin de ne plus dépendre des importations étrangères pour ses puces électroniques.

En 2021, la Chine a importé pour plus de 430 milliards de dollars de semi-conducteurs, plus que ce que le pays dépense pour le pétrole.

Le pays vient par ailleurs de durcir ses lois relatives à la sécurité nationale et l’anti-espionnage et plusieurs sociétés, notamment d’audit et de conseil, se sont récemment retrouvées dans le collimateur de Pékin, à l’instar de l’américain Bain & Company ou du groupe Capvision, qui dirige le plus grand groupe de réseaux d’experts de Chine.