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L’AIE alerte : le monde ne progresse pas assez vers le carbone neutre.

D’ici 2030, la capacité mondiale en énergies renouvelables devrait doubler, atteignant 9 529 GW, avec un ajout prévu de 4 600 GW de nouvelles capacités au cours des cinq prochaines années. Lors de la COP28, les pays se sont engagés à tripler la capacité mondiale en énergies renouvelables d’ici 2030 par rapport à 2022, mais l’AIE estime que cet objectif ne sera pas atteint, la capacité mondiale ne devant être multipliée que par 2,6.


D’ici 2030, les centrales renouvelables, principalement solaires et éoliennes, devraient se multiplier à travers le monde. Un rapport annonce une croissance rapide des nouvelles installations, visant à atteindre un futur neutre en carbone. Cependant, ce rythme est-il suffisant ?

Certains pays misent en partie sur le nucléaire pour réduire les émissions de leur système énergétique, mais à l’échelle mondiale, les énergies renouvelables restent les principaux moteurs vers un avenir carboneutre.

L’année 2030 marque une étape cruciale dans la transition énergétique mondiale. Des objectifs spécifiques ont été établis pour cette date, et la dernière analyse de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) fournit des projections sur l’évolution des capacités installées afin d’évaluer si les efforts mondiaux sont en adéquation avec ces cibles.

Selon ces projections, la capacité mondiale des énergies renouvelables devrait doubler d’ici 2030, avec l’ajout de plusieurs milliers de gigawatts (GW) de nouvelles installations. Bien que cette progression soit significative, elle semble néanmoins insuffisante.

### Plus de 9 500 GW de renouvelables dans le monde d’ici 2030

L’AIE estime qu’à l’horizon 2030, il pourrait y avoir autant de centrales renouvelables que l’ensemble des parcs électriques de la Chine, de l’Union européenne et du Japon réunis. L’agence prévoit un ajout de 4 600 GW de nouvelles capacités au cours des cinq prochaines années, portant ainsi la puissance mondiale des énergies renouvelables à 9 529 GW d’ici la fin de la décennie.

En Europe, plus de 630 GW devraient être ajoutés entre 2025 et 2030, marquant une augmentation de 67 % pour atteindre 1 612 GW. La majorité de ces ajouts proviendront de huit pays, dont la France.

À ce rythme, la production d’électricité issue de sources renouvelables pourrait atteindre 16 200 térawattheures (TWh) en 2030, comparativement à 9 900 TWh en 2024. Leur part dans le mix électrique mondial passerait ainsi de 32 % en 2024 à 43 % en 2030. D’ici 2025 ou 2026, les énergies vertes devraient même dépasser le charbon.

### Les défis de la montée des renouvelables

Pour suivre cette forte croissance des énergies renouvelables, notamment du solaire et de l’éolien, qui sont par nature intermittentes, les réseaux électriques devront être plus flexibles. Les infrastructures doivent s’adapter rapidement aux variations de production. Cela nécessite des investissements substantiels dans les réseaux (renforcement des lignes, amélioration des interconnexions entre pays et modernisation des infrastructures).

De plus, les capacités de stockage d’énergie devront être améliorées pour garantir l’équilibre du réseau. Même avec l’essor du solaire et de l’éolien, le système électrique devra continuer de s’appuyer sur des centrales « pilotables », capables de produire de l’électricité à la demande, sans dépendre des conditions météorologiques.

### Une transition portée par le solaire malgré une industrie vacillante

Le solaire photovoltaïque est devenu le pilier de la transition énergétique mondiale. Cette technologie représente près de 80 % de l’augmentation des capacités en énergies renouvelables attendue au cours des cinq prochaines années. Sa puissance installée devrait plus que doubler d’ici 2030.

Cette prépondérance est liée à la baisse continue des coûts de production, à des procédures d’autorisation plus rapides que pour d’autres secteurs, ainsi qu’à une forte acceptation sociale.

Cependant, les acteurs du secteur sont confrontés à une pression économique croissante. En Chine, qui détient la majorité de la production mondiale, les prix des modules photovoltaïques ont chuté de plus de 60 % depuis 2023, en raison d’une offre excédentaire et d’une concurrence accrue.

Cette déflation a conduit à des marges négatives pour les fabricants, atteignant jusqu’à -10 %, et des pertes cumulées estimées à près de 5 milliards de dollars américains depuis le début de 2024. Plusieurs géants du secteur ont dû réduire leurs effectifs de manière significative en conséquence.

### Et les autres sources d’énergie ?

L’énergie éolienne sera également un acteur clé dans le développement des énergies renouvelables. Elle se classe juste derrière le solaire. Selon l’AIE, la filière devrait presque doubler sa capacité d’ici 2030, malgré des problèmes au niveau des chaînes d’approvisionnement, une hausse des coûts des matériaux et des retards dans les autorisations administratives.

Après l’éolien, d’autres sources comme l’hydroélectricité, la bioénergie et la géothermie viendront jouer un rôle. La géothermie devrait d’ailleurs atteindre des niveaux records aux États-Unis, au Japon et en Indonésie.

### Des objectifs non atteints ?

Les 4 600 GW d’ajouts prévus représentent un progrès considérable. Parvenir à une telle capacité en cinq ans est une performance. Néanmoins, le rapport de l’AIE souligne que cela reste insuffisant.

Lors de la COP28, les pays se sont engagés à tripler la capacité mondiale en énergies renouvelables d’ici 2030 par rapport à 2022. Or, les estimations de l’AIE indiquent que cet objectif ne sera atteint qu’à 2,6 fois la capacité actuelle.

Plusieurs raisons expliquent ce retard :

– Des délais administratifs et des procédures d’autorisation trop longs.
– Des difficultés de financement dans certains pays.
– Des réseaux électriques encore inadaptés pour intégrer un volume croissant de renouvelables.
– Des politiques énergétiques instables, comme aux États-Unis où l’arrivée de Donald Trump a entraîné des mesures défavorables aux renouvelables.

Malgré ces défis, certaines régions, comme l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, devraient dépasser les attentes.