La GM EV1 : épave électrique coûtant plus cher qu’un Cybertruck neuf.
Une GM EV1, modèle V212, initialement livrée en Arizona en 1997, a été vendue pour 104 000 dollars malgré son état désastreux, avec un pare-brise explosé et une carrosserie visiblement dégradée. Cette voiture fait partie des 40 exemplaires restants après que General Motors a produit environ 1 100 unités entre 1996 et 1999 avant de récupérer et détruire celles en circulation.

Cette voiture abandonnée, avec un pare-brise brisé, a passé des années à l’extérieur à Atlanta. Son prix de vente : 104 000 dollars. Plus cher qu’un Tesla Cybertruck neuf, pour un modèle électrique de 1997 qui ne fonctionne probablement plus. Vous pensez que le marché des objets de collection a perdu la tête ? Attendez de découvrir l’histoire derrière cette vente.
Cette épave est une GM EV1, l’un des 40 exemplaires miraculeusement sauvés du massacre orchestré par General Motors. Oui, nous avons bien dit massacre. Car l’histoire de l’EV1 est celle d’une voiture révolutionnaire que son propre constructeur a systématiquement détruite pour effacer les preuves de son existence. Cependant, ce qui était censé disparaître vaut maintenant six chiffres.
Le crime automobile du siècle : quand GM a tué son propre futur
Petit rappel historique pour ceux qui auraient manqué cet épisode. En 1996, GM lance l’ EV1, la première voiture électrique moderne conçue pour le grand public. Avec son design futuriste, son aérodynamisme impressionnant (Cx de 0,19, du jamais vu) et sa motorisation 100 % électrique, elle représentait le futur clairement.

En réalité, GM a produit environ 1 100 exemplaires entre 1996 et 1999, uniquement disponibles en leasing (jamais à la vente). Puis, en 2003, General Motors prend une décision qui marquera les esprits : récupérer toutes les voitures chez les clients et détruire à la broyeuse.

GM a physiquement broyé des centaines de voitures électriques fonctionnelles. Certains clients ont supplié de pouvoir racheter leur EV1. Réponse catégorique : non. Mode destruction activé. La raison officielle ? « Manque de demande, coûts de maintenance trop élevés« .
Le résultat : le documentaire culte « Who Killed the Electric Car?« , une controverse massive, et seulement 40 exemplaires rescapés — principalement donnés à des musées et universités avec les batteries désactivées pour qu’ils ne puissent plus rouler.

Les caractéristiques qui ont 25 ans d’avance… en 1997
Parlons technique, car l’EV1 était une voiture électrique avant l’heure de l’électrique. Cette voiture était radicalement en avance sur son époque.

Version Gen 1 (1996-1997) :
- Moteur électrique de 137 ch et 110 kW
- Batteries plomb-acide de 16,5 kWh (petite capacité pour aujourd’hui)
- Autonomie : 100-140 km en usage réel
- 0-100 km/h en 9 secondes (performances respectables pour l’époque)
- Poids : 1 350 kg (léger pour une électrique, même aujourd’hui)
Version Gen 2 (1999) :
- Batteries NiMH de 26,4 kWh (amélioration significative)
- Autonomie : 160-200 km en usage réel
- Performances similaires mais meilleure gestion thermique
Ce qui est incroyable ? L’aérodynamisme. GM a conçu un châssis en aluminium ultra-léger, des jantes profilées, pas de rétroviseurs traditionnels (remplacés par des caméras), un dessous totalement plat. Résultat : ce Cx de 0,19 qui fait encore rougir la plupart des voitures actuelles.

L’EV1 n’était pas une simple conversion électrique d’un modèle thermique, c’était une plateforme entièrement dédiée 100 % électrique. Un concept que Tesla mettra en œuvre avec succès dix ans plus tard.
L’épave à six chiffres : état des lieux désastreux
Revenons à notre vente d’Atlanta. Cette EV1 (modèle V212, initialement livrée en Arizona en 1997) a été retrouvée abandonnée sur le campus de l’université Clark Atlanta. Signalée par la sécurité, remorquée, puis mise aux enchères par Peak Auto Auctions.

Son état ? Désastreux.
- Pare-brise explosé
- Vitre latérale avant cassée
- Carrosserie visiblement abîmée par des années passées à l’extérieur (peinture décolorée, dégâts structurels potentiels)
- Batterie probablement hors service depuis longtemps (à moins qu’elle n’ait été retirée par GM lors de son « don »)
- Intérieur : endommagé par les intempéries
Anecdote amusante : cette unité particulière aurait détenu le record d’altitude non officiel pour une EV1 à 3 200 mètres. Aujourd’hui, elle détient surtout le record du prix le plus élevé pour une épave électrique.

Restaurer cette voiture ? Bon courage. Les pièces de rechange n’existent plus. GM a tout détruit. Les batteries sont introuvables. C’est un projet de restauration cauchemardesque qui coûtera probablement le double du prix d’achat.

Mais cette voiture est un symbole. L’EV1 n’est pas juste un véhicule. C’est la preuve vivante que l’industrie automobile avait la technologie électrique fonctionnelle il y a 25 ans et a choisi de l’enterrer pour continuer à vendre des véhicules thermiques. C’est un témoin matériel d’une erreur stratégique monumentale de GM, qui a préféré détruire son avance technologique plutôt que de la commercialiser.

Avec seulement 40 exemplaires restants dans le monde (la plupart étant exposés dans des musées), posséder une EV1, même détruite, revient à détenir un morceau d’histoire automobile. Un artefact de l’époque où Detroit a failli réussir sa transition électrique… avant de tout saborder.
Pour un collectionneur passionné ou un musée privé, 104 000 dollars pour cet objet de collection unique (et chargé politiquement) peut se justifier. Même endommagée, même inutilisable, cette voiture raconte une histoire que peu d’objets peuvent raconter.

