La fascinante comète 3I/Atlas enseigne sur d’autres systèmes planétaires
Le 1er juillet, le système Atlas du Chili a découvert la comète 3I/Atlas, qui est le troisième objet interstellaire repéré par nos instruments modernes. La comète 3I/Atlas présente des caractéristiques différentes des comètes de notre système solaire, émettant par exemple plus de nickel que de fer.
Un visiteur venu d’ailleurs. Le 1er juillet, le système Atlas du Chili a découvert un objet hors du commun : la comète 3I/Atlas, qualifiée d’interstellaire car elle ne provient pas de notre système solaire. Cet objet, seulement le troisième de ce type détecté par nos instruments modernes, traverse actuellement notre système solaire et a suscité une vaste campagne d’observation de la part de diverses agences spatiales. Quinze télescopes et sondes spatiales ont ainsi dirigé leurs instruments vers ce corps extraterrestre, nous offrant des images inédites présentées par la NASA mercredi dernier. Une étude aussi exceptionnelle qu’indispensable, car 3I/Atlas pourrait nous apporter des connaissances sur l’Univers.
« Chaque fois qu’on découvre un objet interstellaire, on cherche à en tirer un maximum d’informations parce qu’il provient nécessairement d’un autre système planétaire et qu’il a traversé le milieu interstellaire pendant des millions, voire des milliards d’années », explique Patrick Michel, astrophysicien et directeur de recherche au CNRS à l’observatoire de la Côte d’Azur.
Un objet différent des « comètes de chez nous ». Les données collectées sur 3I/Atlas, notamment relatives à sa composition, ont permis de la comparer aux comètes de notre système solaire et de relever ses « bizarreries », selon l’expert en planétologie. Bien qu’elle « présente toutes les caractéristiques d’une comète » – malgré les théories sur un vaisseau extraterrestre – « elle ne libère pas de matière aux mêmes distances ni avec la même abondance que d’autres comètes ». Elle émet par exemple davantage de nickel que de fer, et plus de dioxyde de carbone que nos « comètes de chez nous ».
Ces « bizarreries » ne surprennent pas vraiment les scientifiques : « Même pour les comètes du système solaire, nous avons des surprises », affirme Patrick Michel. Les observations réalisées sur ces objets ont révélé une grande diversité, chacun ayant son histoire et ses propriétés uniques. « Il n’est donc pas étonnant qu’un objet ayant une histoire différente, ayant subi pendant des milliards d’années des processus que les nôtres ne connaissent pas, soit différent », conclut l’astrophysicien.
Alimenter notre connaissance de l’univers. Ce sont d’ailleurs ces « bizarreries » qui nous permettent d’en apprendre davantage sur 3I/Atlas : « Si elle se comportait comme une comète de notre système, nous ne pourrions pas distinguer ce qui relève des caractéristiques cométaires classiques et de ce qu’elle a subi pour arriver jusqu’à nous ». En effet, les comètes interstellaires sont de véritables fenêtres sur des systèmes planétaires inaccessibles : « Les étudier nous aide à comprendre ce que signifie passer tant de temps dans le milieu interstellaire, exposé aux rayons cosmiques ; éventuellement déterminer le contexte dans lequel un tel objet est formé et expulsé ; et ce que cela nous apprend sur les autres systèmes planétaires », précise-t-il.
La composition de 3I/Atlas pourrait fournir des informations sur les conditions de son expulsion, mais aussi sur la formation du système planétaire dont elle est originaire. Ces connaissances sont d’autant plus cruciales que l’observation des exoplanètes a révélé une grande diversité entre les systèmes planétaires. « Ces objets peuvent nous aider à progresser dans notre compréhension de ces systèmes pour découvrir si, un jour, nous pourrions trouver un système incitant à une planète semblable à la nôtre », espère Patrick Michel.
Des études aux airs de défi. Cependant, comprendre la naissance de cette comète interstellaire, ainsi que les conditions dans lesquelles elle a été extraite et ce qu’elle a subi durant son voyage, est un véritable défi. Les scientifiques doivent tenter de saisir ces processus et leurs effets, « en espérant que chaque processus ait son propre effet distinct ». D’autant que les informations fournies par les chercheurs, provenant de mesures et d’observations faites à distance, par des instruments non destinés à observer des objets si peu lumineux, « ne sont pas aussi détaillées que ce qu’ils souhaiteraient ».
Les années et les décennies à venir devraient toutefois permettre aux astronomes d’affiner leurs données et leur étude des comètes interplanétaires. Bien qu’à ce jour, seulement trois de ces objets soient connus, les scientifiques prévoient d’en observer une par an. « Notre grand espoir, c’est que le télescope Vera C. Rubin, qui a commencé ses observations au Chili en juin, en découvre davantage pour que nous puissions relier toutes les mesures et mieux interpréter ce qu’elles nous révèlent », anticipe l’astrophysicien.
Outre les objectifs scientifiques, le passage d’un tel objet dans le système solaire permet aux scientifiques de « s’exercer à pointer un même objet et à se coordonner, tant au niveau international que parmi plusieurs missions spatiales, au cas où nous en aurions besoin un jour pour un objet qui s’approcherait de la Terre », souligne Patrick Michel. D’autant plus que « nous, les scientifiques, aimons vraiment les défis », conclut-il avec un sourire. Un défi qu’ils pourront continuer à relever jusqu’au printemps 2026, lorsque 3I/Atlas ne sera plus observable. Elle passera alors l’orbite de Jupiter.

