La crise de la mémoire RAM pousse les constructeurs vers le pire.
Les constructeurs de PC portables, comme Dell et Lenovo, prévoient de limiter massivement les ordinateurs de milieu de gamme à 8 Go de mémoire vive en raison de la hausse des prix de la mémoire DDR5. TrendForce estime que cette tendance va s’installer jusqu’au deuxième trimestre 2026.
On pensait en avoir fini avec ce problème, mais il revient. Alors que Windows 11 et l’intelligence artificielle continuent d’exiger de plus en plus de ressources, les fabricants se préparent à réintroduire massivement les 8 Go de RAM sur le segment milieu de gamme. La cause de cette situation ? Une hausse des prix de la mémoire vive.
À la fin de l’année 2025, alors que Microsoft met l’accent sur l’IA locale et les NPU, les fabricants de PC portables semblent prêts à compromettre leurs propres produits. Selon une analyse réalisée par le cabinet d’étude TrendForce, l’augmentation rapide des tarifs de la mémoire DDR5 incite les entreprises à faire des choix drastiques.
Des marques comme Dell et Lenovo envisagent de limiter de manière significative les ordinateurs de milieu de gamme à 8 Go de mémoire vive. Ce phénomène correspond à une forme de « shrinkflation » dans le secteur technologique : l’apparence des appareils reste identique, le prix reste stable, mais des éléments essentiels sont enlevés à l’intérieur.
Proposer un PC sous Windows 11 avec seulement 8 Go de RAM aujourd’hui, c’est plonger dans l’obsolescence dès l’ouverture du carton. La version de l’OS de Microsoft nécessite déjà près de 4 Go de RAM en marche arrière. En ouvrant un navigateur avec plusieurs onglets ou en utilisant des applications comme Teams, Slack ou Discord, la mémoire est rapidement saturée.
La conséquence ? Le PC utilise le fichier d’échange sur le SSD. Même avec des SSD modernes et rapides, l’accès à ce fichier est bien plus lent que l’utilisation de la RAM. Cela entraînera des ralentissements, des applications qui se chargent à nouveau lors du changement de fenêtre, et une expérience utilisateur globale dégradée.
Le véritable problème réside dans la RAM soudée. Sur de nombreux ultrabooks et PC fins actuels, comme le Dell XPS ou les Lenovo Yoga, il est impossible d’ajouter une barrette de RAM ultérieurement. Si un utilisateur achète un appareil de 8 Go pour économiser 50 euros, il restera avec cette limitation pendant toute la durée de vie de l’appareil, ce qui constitue un non-sens sur le plan écologique et économique.
Pourquoi cette soudaine augmentation des coûts ? Elle est due à un effet papillon. Les centres de données, qui font fonctionner les modèles d’intelligence artificielle tels que ChatGPT, Claude ou Gemini, consomment la production mondiale de puces mémoires à un rythme effréné. La demande est si forte que les prix continuent d’augmenter.
Les fabricants de PC se retrouvent dans une impasse. Dans le haut de gamme, pour des machines à plus de 1500 €, ils peuvent se permettre d’augmenter les prix sans perdre leur clientèle. En revanche, dans l’entrée de gamme, les marges sont trop serrées. Ainsi, c’est le segment milieu de gamme, celui que les consommateurs achètent probablement le plus, qui en pâtit. TrendForce prévoit que cette tendance perdurera jusqu’au deuxième trimestre 2026.
Cette situation ne concerne pas seulement les PC : les smartphones vont également connaître un statu quo, voire un recul des configurations mémoire sur certains segments. Toutefois, la gestion de la mémoire sur un téléphone diffère de celle d’un PC Windows, qui est destiné à des activités professionnelles ou ludiques. Retourner à 8 Go dans ce contexte est problématique.

