High-tech

La Chine va-t-elle contrôler son Nvidia ? Qui est MetaX ?

MetaX, fondée en 2020 par Chen Weiliang et deux anciens cadres d’AMD, a vu son action passer de 104,66 yuans à 829 yuans en une journée, représentant une hausse de 692 %. L’entreprise a enregistré des pertes de 345 millions de yuans depuis le début de l’année, malgré des revenus de 1,23 milliard de yuans.


C’est la troisième plus grande introduction en bourse de l’année sur le Star Market. **MetaX**, une startup fondée par d’anciens employés d’AMD, veut se mesurer aux puces d’intelligence artificielle de Nvidia. Le marché lui fait confiance : l’action est passée de **104 à 829 yuans** en une journée.

Quelques jours après le lancement remarqué de Moore Threads, une autre entreprise chinoise a suscité l’enthousiasme à la Bourse de Shanghai : **MetaX Integrated Circuits**.

Le scénario est similaire, avec des chiffres encore plus impressionnants. L’action, lancée à 104,66 yuans, a terminé sa première journée à **829 yuans**, soit une augmentation spectaculaire de **692 %**. La valorisation de l’entreprise atteint désormais 280 milliards de yuans (environ **38 milliards d’euros**).

### Le précédent Moore Threads

Récemment, **Moore Threads**, souvent désigné comme le « Nvidia chinois », a connu une ascension comparable avec une hausse de plus de 400 % lors de son introduction en bourse. Cependant, cette euphorie a été de courte durée, car l’action a rapidement **dévissé de 20 %** après que l’entreprise a dû reconnaître que ses puces ne génèrent pas encore de revenus significatifs.

Cette situation met en lumière un paradoxe. Les investisseurs chinois ne recherchent pas la rentabilité immédiate, mais un champion national capable de se soustraire aux sanctions américaines. Pour cela, ils sont prêts à surpayer.

### Des anciens d’AMD aux manettes

MetaX a un atout que Moore Threads n’a pas forcément : son ADN. Fondée en 2020 par **Chen Weiliang** et deux autres anciens cadres d’**AMD**, l’entreprise dispose d’une expertise qui change tout. Ces professionnels savent comment concevoir un GPU complexe.

Leur modèle commercial s’inspire des géants américains : ils suivent un modèle **fabless**. Ils conçoivent l’architecture à Shanghai et font produire les puces par des fondeurs, notamment TSMC, ou SMIC localement.

Leur produit vedette, le **GPU C500**, n’a pas pour but de surpasser la dernière H100 de Nvidia, mais vise plutôt à remplacer la **Nvidia A100**, une puce devenue introuvable en Chine.

### La réalité technique : 75 % d’une A100 ?

MetaX annonce que son C500 offre une puissance de **15 TFLOPS**. Selon l’entreprise, cela représente environ **75 % des performances d’une Nvidia A100**.

C’est un chiffre respectable, mais comme pour Moore Threads, le matériel ne vaut rien sans le logiciel. La force de Nvidia réside dans **CUDA**. MetaX prétend que ses puces sont compatibles avec l’écosystème CUDA, ce qui permettrait aux entreprises chinoises de faire fonctionner leurs modèles d’IA sans avoir à réécrire tout leur code.

Si cette compatibilité est avérée, ce serait une véritable prouesse. Cependant, MetaX admet être « en retard ». Bien qu’ils préparent un **C600** et un **C700**, ils doivent encore rattraper leur retard par rapport aux États-Unis.

### L’argent brûle, l’État paie

Contrairement à Moore Threads qui a effrayé les marchés avec ses revenus presque inexistants, MetaX a généré **1,23 milliard de yuans** (environ 160 millions d’euros) depuis le début de l’année, soit cinq fois plus que prévu.

Cependant, l’entreprise continue d’enregistrer des pertes. Beaucoup. **345 millions de yuans** de pertes sur la même période. Dans ce contexte, les investisseurs ne font pas leur choix sur des fondamentaux économiques. Ils investissent dans un **patriotisme technologique**. Avec Washington qui impose des restrictions sur les exportations de puces H200, Pékin doit développer un écosystème local, coûte que coûte.

Le risque ? Que MetaX suive le même schéma que Moore Threads : une explosion lors du lancement, suivie d’un retour brutal à la réalité lors de la présentation des résultats financiers.