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Intelligence artificielle : OpenAI (ChatGPT) perd son hégémonie après trois ans

OpenAI a connu une croissance fulgurante depuis le lancement de ChatGPT, passant de rien en novembre 2022 à plus de 800 millions d’utilisateurs par semaine actuellement. En parallèle, OpenAI va finir l’année 2025 sur une perte de plusieurs milliards de dollars et ne prévoit pas d’être rentable avant 2029.


Le secteur de l’intelligence artificielle (IA) est en plein bouleversement. Après trois années de domination, OpenAI, propulsée par le succès de ChatGPT, fait face à une concurrence accrue, suscitant des critiques et des doutes au sein de l’industrie technologique et chez les investisseurs.

### Une stratégie trop ambitieuse ?

Sur X, début décembre 2025, l’investisseur Michael Burry, rendu célèbre par le film The Big Short, a déclaré : « OpenAI est le prochain Netscape, condamné et en pleine hémorragie de cash ». Il faisait référence au navigateur qui contrôlait près de 90 % du marché début 1996, mais dont la part est tombée à moins de 1 % neuf ans plus tard. Pour sa part, Gary Marcus, chercheur sceptique sur la structure de l’écosystème de l’IA, a ajouté : « C’était écrit. OpenAI a perdu son avance et a voulu beaucoup trop en faire ».

### Google se rapproche de jour en jour

OpenAI restera l’entreprise qui a révélé l’IA générative. Son chatbot ChatGPT a battu tous les records de croissance pour un produit grand public, passant de zéro utilisateur en novembre 2022 à plus de 800 millions d’utilisateurs hebdomadaires aujourd’hui. En termes de valorisation, elle atteint 500 milliards de dollars, un montant sans précédent avant que SpaceX ne la détrône récemment. Cependant, OpenAI conclura l’année avec des pertes de plusieurs milliards de dollars et ne prévoit pas d’atteindre la rentabilité avant 2029. La société a également engagé plus de 1 400 milliards de dollars auprès de fabricants de puces et de créateurs de centres de données pour accroître ses capacités de calcul, essentielles au développement de l’IA. Sa situation financière est préoccupante, surtout avec Google annonçant 650 millions d’utilisateurs mensuels pour son interface d’IA Gemini.

### « Alerte rouge » chez OpenAI

Sam Altman, le PDG d’OpenAI, a exprimé son agacement en interne face aux questions sur les contrats dépassant les mille milliards début novembre 2025. Quelques jours plus tard, il a averti que l’entreprise risquait d’affronter « un contexte chahuté » et un « environnement économique défavorable » en raison des avancées de Google, déclenchant une « alerte rouge » pour que ses équipes se concentrent sur ChatGPT.

### Des investissements aussi massifs qu’hasardeux

Le 11 décembre 2025, OpenAI a présenté un nouveau modèle d’IA, GPT-5.2, qui se classe parmi les meilleurs selon diverses évaluations, tout en annonçant un partenariat significatif avec Disney. Ashu Garg, associé chez Foundation Capital, souligne : « OpenAI investit de très très grosses sommes d’argent dans la mise au point de ses modèles, mais quant à savoir comment cela va se traduire économiquement, ce n’est pas clair ».

### Une chute, mais pas d’implosion

Espen Robak, expert en valorisation d’actifs non cotés chez Pluris Valuation Advisors, remarque : « Je m’attends depuis longtemps à ce que la valorisation d’OpenAI baisse parce que la concurrence se rapproche et que sa structure capitalistique n’est vraiment pas adaptée, mais elle continue à monter ». Cette période difficile pourrait inciter OpenAI à retarder son introduction en Bourse ou, au contraire, à l’accélérer pour attirer les petits épargnants, dont plusieurs millions restent fascinés. Certains critiquent la diversification excessive de l’entreprise, allant des infrastructures au réseau social vidéo Sora, en passant par la conception d’appareils connectés. Cependant, à part quelques rares commentateurs radicaux, peu envisagent une implosion d’OpenAI.

### Un « gâteau » de plus en plus convoité

Angelo Zino, analyste chez CFRA, prédit : « Il n’y aura pas de vainqueur dans la course à l’IA, mais il faudra plusieurs fournisseurs de modèles de qualité », incluant OpenAI, qui peut réussir sans être nécessairement le numéro un. En cette période troublée, la présence d’un actionnaire majoritaire comme Microsoft (détenant 27 % du capital) s’avère précieuse, car son partenariat assure des revenus récurrents considérables. Zino conclut : « Toutes ces entreprises auront leur part du gâteau, et le gâteau va devenir beaucoup plus gros ».