High-tech

Espace : Faut-il avoir peur de la sonde soviétique Cosmos 482, qui devrait s’écraser sur Terre dans les prochains jours ?

Non, le ciel ne nous tombe pas sur la tête. Seulement Cosmos 482, une sonde soviétique lancée en 1972 : elle devrait retomber quasiment intacte sur Terre après avoir passé cinquante-trois ans dans l’Espace suite à l’échec de sa mission, à destination de Vénus. Selon les calculs de spécialistes, l’objet d’environ 500 kg et un 1 m de diamètre, dont l’orbite autour de notre planète s’est réduite au fil du temps, devrait rentrer dans notre atmosphère et toucher le sol entre vendredi et dimanche. La zone d’impact exacte n’est pas connue.

S’agissant d’une « rentrée incontrôlée », « nous ne pouvons, pour le moment, pas affirmer avec certitude quand et où [ce module de descente soviétique] rentrera », explique sur son blog (en anglais) régulièrement mis à jour l’astronome néerlandais Marco Langbroek. Le chercheur, spécialiste des météorites, des astéroïdes et des satellites espions, estime la date de rentrée de Cosmos 482 au 10 mai (samedi) au matin, avec une marge d’incertitude d’une vingtaine d’heures.

Des incertitudes…

Si ces incertitudes sur la date diminuent au fur et à mesure que l’événement se rapproche, elles persisteront jusqu’au jour de la rentrée. Quant à la zone au-dessus de laquelle la sonde pourrait revenir sur Terre, et donc l’impacter, elle est comprise entre 52 degrés de latitude nord et 52 degrés de latitude sud, soit une bande allant du sud de l’Irlande à la pointe sud de l’Argentine.

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Autre élément inconnu qui rend les prédictions difficiles : l’état de la sonde au moment de l’impact. D’après Marco Langbroek, « il est possible que [Cosmos 482] survive à la rentrée atmosphérique et reste intact », l’objet ayant été conçu pour résister à son passage dans l’atmosphère de Vénus. Dans le cas où le débris resterait en un seul morceau et ne se désintégrerait pas, il percuterait la Terre à 242 km/h, selon l’astronome.

…mais pas d’inquiétude

Malgré ces zones d’ombre et le caractère impressionnant d’un tel événement, pas de panique : « Les risques ne sont pas particulièrement élevés », tempère Marco Langbroek, qui indique qu’ils sont « relativement similaires à ceux d’un impact de météorite ». Un discours rassurant que partage Christophe Bonnal, membre de l’Académie de l’Air et de l’Espace expert des débris spatiaux : « Rien qu’en 2024, il y a eu 517 rentrées non contrôlées de gros objets, souvent bien plus gros que celui-ci », rappelle-t-il. La chute de Cosmos 482 est donc un événement « complètement anecdotique », selon l’ancien du Cnes, qui n’exclut néanmoins pas la possibilité qu’il y ait des victimes.

Le fait que la sonde reste quasiment intacte « ne change absolument rien » aux risques, pointe le spécialiste, qui relève que « la grande majorité des objets qui rentrent dans notre atmosphère y survivent partiellement ». La non-désintégration du module de descente soviétique serait même un avantage : « Les risques sont plus faibles que ceux engendrés par la rentrée d’un étage supérieur de Falcon 9 [de SpaceX], qui éparpille de multiples objets d’un mètre environ dans une large zone », note Marco Langbroek.

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Mais alors, pourquoi parle-t-on autant de la chute de ce débris soviétique ? Pour Christophe Bonnal, il s’agit surtout de « Russie bashing », un moyen de « détourner l’attention du fait qu’il y a une trentaine d’étages supérieurs de Falcon 9 de plusieurs tonnes en train de rentrer » et « qu’une trentaine sont déjà retombés de façon aléatoire ». L’expert des débris spatiaux cite notamment l’exemple d’un reste d’une fusée de SpaceX tombé en Pologne mi-février sans faire de dégâts ni de blessés. « Dire que ce sont les méchants Russes qui ne contrôlent rien, c’est du pipeau », conclut le spécialiste.