Drogue : Les narcos ne privilégient plus Telegram, mais « Potato »
Les trafiquants de drogue utilisent de plus en plus les applications numériques et des messageries instantanées, délaissant Telegram. L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a noté que Telegram a continué, en 2024, « d’être utilisée pour des activités liées au trafic de drogues ».
Les trafiquants de drogue recourent de plus en plus aux applications numériques et aux messageries instantanées, délaissant Telegram : l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a publié ce jeudi son rapport annuel 2024 de son dispositif « Trend » (Tendances récentes et nouvelles drogues).
En septembre 2024, Telegram a annoncé qu’elle allait modifier ses règles de modération pour coopérer davantage avec la justice française, quelques semaines après l’arrestation en France de son patron, Pavel Durov. Cette décision « a entraîné la disparition de nombreux comptes tenus par des trafiquants de drogues sur cette plateforme », souligne l’OFDT dans son rapport.
La messagerie Potato, dont le fonctionnement et le design sont similaires à ceux de Telegram, semble souvent avoir été utilisée comme application de secours, aux côtés de WhatsApp et de Signal, déjà largement utilisées. Potato « a le vent en poupe en ce moment », confirmait dans un entretien au journal *Le Monde* fin octobre le directeur de la police judiciaire parisienne, Fabrice Gardon. L’OFDT avertit toutefois que Telegram a continué, en 2024, « d’être utilisée pour des activités liées au trafic de drogues ».
Ce rapport est publié dans un contexte où le narcotrafic inquiète profondément les autorités, le garde des Sceaux Gérald Darmanin le qualifiant la semaine dernière de « menace » « au moins équivalente à celle du terrorisme sur le territoire national », après l’assassinat en plein jour de Mehdi Kessaci à Marseille.
Les trafiquants recrutent également des étudiants ou jeunes actifs « pour leurs compétences en matière de graphisme, de gestion des outils numériques ou de communication », indique cette même source.
Cette diversification implique aussi des profils « autoentrepreneurs » ou des « petites équipes composées de deux ou trois personnes, parfois elles-mêmes consommatrices », qui développent, via les applications numériques, leur propre clientèle. Un phénomène à relativiser, nuance l’OFDT, « dans la mesure où la présence de jeunes hommes connaissant des situations de grande vulnérabilité économique et sociale reste majoritaire sur les points de vente ».

