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C’est quoi les « broligarques », ces nouveaux maîtres du monde ?

Les oligarques, tout le monde connaît. C’est un petit groupe de personnages, masculins, qui détiennent des pans entiers de l’économie et dont la proximité avec le pouvoir leur confère énormément de puissance. Ils sont nés en Russie lors de la privatisation de l’économie après la chute du communisme qui a entraîné la disparition de l’URSS au début des années 1990.

Ceux qui ont porté au pouvoir Boris Eltsine, puis Vladimir Poutine. Avant que celui-ci ne leur fasse comprendre à sa façon (musclée) qu’il n’était pas la marionnette espérée, comme l’ont retracé Marc Roche et de Jérôme Fritel dans leur documentaire Oligarques, le gang de Poutine, diffusé en février sur Arte.

« Un sentiment d’impunité totale »

Voilà désormais les broligarques. Un mot-valise pour oligarques et le bro de brother. Né dans les années 2010 aux Etats-Unis, il est popularisé depuis un article du Guardian de Carole Cadwalladr de juillet 2024 annonçant le grand ralliement des patrons de la Tech, Elon Musk en tête, au soutien de Donald Trump. Les broligarques fonctionnent en caste, un peu comme leurs cousins (éloignés) de Russie.

Mais derrière ce néologisme, se cache une vision gonflée à la testostérone (ou la kétamine) d’individus se proclamant comme des visionnaires, qui ont foi dans la toute-puissance de la technologie, de l’innovation, de l’indépendance pour s’astreindre de toute régulation. « Ils rejettent la contrainte sous toutes ses formes. C’est un sentiment d’impunité totale, y compris l’impunité face aux lois de la nature », évoquait dans une interview au média de gauche, Vox, Brooke Harrington, sociologue économique au Dartmouth College.

Des produits de la Silicon Valley, bercés par la science-fiction, par l’idée de sauver l’humanité et de repousser les limites du monde humain, par l’amitié virile des fraternités d’étudiants, par la « bodyculture » et le culte de la personnalité. A l’image de ce combat avorté en 2023 dans une cage de MMA entre mâles alpha, d’un côté Mark Zuckerberg, le patron de Meta (Facebook, WhatsApp, Instagram, etc.) et de l’autre Elon Musk (X, SpaceX, Tesla, etc.), qui n’a jamais été plus loin que la joute verbale.

Notre dossier sur Elon Musk

Musk, Bezos, Peter Thiel, Zuckerberg… Ces nouveaux maîtres du monde, les hommes les plus riches de la planète à la tête des entreprises les plus florissantes, des médias les plus impactants et désormais de leurs canaux de transmissions, imposent une vision qui ressemble à un mélange aussi peu banal qu’inquiétant d’anarchie et d’ultra-capitalisme. « Les jeunes hommes qui ont voté pour Trump ont voté pour la poudre protéinée et les haltères autant que pour un criminel de 78 ans, évoque Carole Cadwalladr dans sa newsletter. Ils ont voté pour le bitcoin et les squats. Pour les vidéos YouTube et les streams Twitch. Pour les podcasts bros et les cryptos bros et les techs bros et le bro des bros : Elon Musk ».