Canicule : Automatiser la fermeture des volets permettrait de faire chuter la température de 4 à 7 degrés
Alors qu’un épisode caniculaire sévit sur la France, chacun tente de se protéger de la chaleur face à des températures qui pourront frôler les 40°. Ventilateurs, climatiseurs seront de bons compagnons dans les prochaines heures. Mais la bonne gestion de ce que l’on appelle « les ouvrants » (fenêtres, volets…), peut aussi contribuer à une baisse significative des températures. Comment ? 20 Minutes a interrogé Cécile Truffy, responsable marketing du fabricant français d’automatismes Somfy, pour le savoir.
Lorsque l’on parle de « volets » ou de « stores », la thématique de la protection par rapport à la chaleur coule-t-elle de source ?
Non, historiquement, lorsque l’on parle de volets, on pense à la protection contre le froid, à la sécurité. Aujourd’hui, nous constatons que la protection contre la chaleur est devenue la première préoccupation des acheteurs.

Avec le changement climatique, on se rend compte que les hivers sont de moins en moins froids, et que par ailleurs les critères de sécurisation du logement passent par d’autres leviers, comme des caméras, des alarmes. Le volet n’est plus systématisé pour cet usage. Avec lui, on cherche aujourd’hui à améliorer son confort d’été. Ces préoccupations-là ont complètement changé depuis cinq ans. L’enjeu de s’équiper, la motivation de rénover, est aujourd’hui la protection contre la chaleur.
Vaut-il mieux s’offrir des volets automatisés ou un climatiseur d’intérieur ?
Il n’existe plus une seule région qui ne se pose pas de questions par rapport à ça. Dans le Sud, où le taux de climatisation est déjà très élevé, plus personne ne peut vivre sans protection solaire. On estime que 25 % des logements sont équipés de climatisation. C’est une tendance qui s’affirme de plus en plus chaque année. Mais on oublie parfois que le premier isolant pour les fenêtres reste les protections solaires.

Il fait très chaud en France actuellement, mais il va malheureusement falloir s’y habituer. Ces températures vont devenir un standard en été. Quand on regarde les projections à 2030, ce seront plus de 16 millions de logements qui seront exposés à des températures de plus de 35 degrés l’été…
Que met-on sous ce terme de « protection solaire » ?
Il peut s’agir de protections solaires intérieures ou extérieures. Les plus performantes restant les protections extérieures : il vaut mieux bloquer le soleil avant que ses rayons n’entrent au contact de la vitre. Aujourd’hui, le volet est considéré comme une protection solaire, même si en termes de confort, il peut aussi empêcher le passage de la lumière naturelle. Néanmoins, il existe aujourd’hui des volets qui ont des lames microperforées, ou des lames orientables. Tout cela évolue afin de proposer des solutions avec un niveau de confort plus élaboré.
Ensuite, il y a les stores extérieurs qui sont également considérés comme des protections solaires. Ils disposent de toiles techniques qui vont bloquer les rayons du soleil, tout en garantissant le confort visuel. Enfin, on peut évoquer les brise-soleil orientables, soit des lames que l’on peut orienter selon le niveau d’ensoleillement. Leur avantage est que l’on peut totalement contrôler le niveau de luminosité que l’on souhaite faire rentrer. De leur côté, les stores d’intérieur, sont une solution moins performante.
Quel budget pour s’équiper ?
Pour un volet mécanique et une petite fenêtre, on va se situer autour de 400 euros. Pour du brise-soleil, on sera davantage autour de 1.000 à 1.500 euros. La fourchette de produits et de prix est assez large, le plus cher étant d’ailleurs le store d’extérieur motorisé, soit autour de 1.500 euros pour une petite fenêtre.

De la même façon qu’il faut isoler son logement pour réduire la consommation énergétique en hiver, il faut « isoler » ses ouvrants pour l’été. Ce n’est pas forcément un réflexe, même pour les professionnels. Aujourd’hui, la réglementation précise d’ailleurs que lorsque l’on installe une climatisation fixe, il y a d’abord obligation d’installer des protections solaires. Elle n’est ni connue, ni forcément appliquée.
Notre dossier «Réchauffement climatique»
Qu’apporte l’automatisation, de son côté ?
Elle va systématiser la bonne position du volet ou du store. Si l’on habite toute la journée chez soi, on gère en temps réel les besoins, pas de problème. A défaut, l’enjeu de l’automatisation est de disposer de capteurs qui mesurent l’ensoleillement extérieur et la température intérieure et qui, couplés à des automatismes, décideront de la meilleure position que les volets et stores doivent adopter pour protéger le logement.
Notre application Tahoma permet à l’utilisateur de gérer son confort. Avec la géolocalisation, on va être capable de savoir à quelle heure se lève et se couche le soleil. Et pour avoir une météo pus précise en temps réel sur le lieu d’habitation, nos systèmes vont pouvoir être couplés à des capteurs extérieurs.
Car les données météo existantes ne sont pas suffisantes et ne tiennent pas compte de l’orientation du logement par rapport au soleil. Or il est capital de « gérer » les façades !
Le paramétrage est ensuite très simple, à l’aide de scénarios de confort thermique préréglés qu’il suffit de sélectionner. Les seuils de déclenchement et les conditions sont automatisés. L’utilisateur, lui, n’aura plus éventuellement qu’à les ajuster.
L’apport de l’automatisation est-il probant ?
Nous avons réalisé une étude, validée par Carbone 4 (organisme qui accompagne vers la décarbonation), qui démontre que grâce à l’automatisation des protections solaires, on gagne 4 à 7° sur la température intérieure, par rapport à des protections solaires manuelles. Un logement bien équipé où il ferait, comme ces jours-ci 30°, peut voir sa température tomber à 26, voire 23 degrés sans l’apport d’un climatiseur. En fait, au-dessus de 26°, c’est la limite où l’on commence à ne pas se sentir bien…