Avec « LEGO Horizon Adventures », la marque veut construire plus qu’un jeu de briques
Depuis jeudi dernier, les fans de Horizon, l’une des plus récentes licences jeu vidéo de Playstation, peuvent redécouvrir cet univers sous un nouvel angle, du genre de celui qui fait mal quand on marche pieds nus dessus. C’est la proposition de Lego Horizon Adventures.
Si vous ne connaissez pas Horizon, petit topo : dans les Etats-Unis du trente-et-unième siècle, les humains vivent en tribaux, menacés par des machines devenues agressives. Deux jeux, Horizon Zero Dawn et Horizon Forbidden West, développé par Guerilla Games, ont offert à Sony deux succès pour la Playstation 4 et 5. Mi 2023, ils s’étaient vendus à respectivement 24 et 8 millions d’exemplaires. Lego Horizon Adventures, disponible sur Playstation 5, Nintendo Switch et PC, propose une revisite décalée du premier épisode.
Le ton Lego avec un habillage « Horizon »
Lego s’est d’abord penché sur cette franchise pour son univers, assure Frédéric Roland Andre, designer pour la marque. « Ça correspondait exactement à nos valeurs : une héroïne super forte, un monde où la nature est très présente, des robots qui semblaient avoir été faits en Lego avant d’être numérisé. » Après le succès d’un set pour reproduire le Long-Cou, l’un des ennemis mécaniques emblématiques du jeu, à l’allure de diplodocus, l’idée d’un jeu a émergé. « C’est quelque chose qu’on a assez peu partagé jusqu’à maintenant, mais effectivement les premières machines de Horizon Zero Dawn ont été faites en Duplo avant d’être modélisées », confie même Stéphane Varrault. La collaboration se poursuit, puisqu’un autre set Lego a été annoncé cette semaine pour compléter la sortie du jeu. Lego Horizon Adventures se veut fidèle au jeu de briques. « On a approuvé toutes les constructions pour être sûr que tout était faisable dans la vraie vie », insiste Frédéric Roland André.
Mais tout n’a pas été aussi facile pour transformer un jeu d’aventure en mode ouvert, à la trame sérieuse, en jeu familial. « Il y a déjà, évidemment, une justesse à trouver dans le ton, reconnaît Stéphane Varrault. On doit retrouver dans le jeu à la fois les thèmes et les personnages, mais on doit aussi les voir sous un autre prisme. Le film La Grande Aventure Lego a été une grosse influence de ce point de vue, avec une écriture qui peut parler aussi bien aux plus jeunes qu’aux adultes. »
« Pour moi, le ton Lego, c’est l’humour, tout simplement, définit Frédéric Roland André. C’est fantastique de voir Aloy [l’héroïne de Horizon] enfin heureuse, s’amuser, faire des bêtises. Je crois que c’est ça qui rend accessible à un public plus jeune. » Le jeu, ouvert à la coop, disponible sur Nintendo Switch, et avec de nombreux modes de difficulté, semble effectivement se destiner aux joueurs occasionnels, ou à des parents avec leurs enfants. Le monde ouvert est remplacé par un système niveaux linéaires, mais les affrontements conservent le système de points faibles à viser sur les ennemis qui faisait le sel des combats des Horizon originaux.
Une stratégie de renouvellement
Cette nouvelle incursion de Lego dans le jeu vidéo sonne comme l’aboutissement de trente ans de stratégie. A la fin des années 1990, l’entreprise enregistrait ses premières pertes financières. Parallèlement, elle pose ses premières briques dans le jeu vidéo pour la première fois au même moment, d’abord avec des créations maisons (comme Aventures sur l’île Lego, en 1997), puis avec les Lego Star Wars dans les années 2000.
Et si la marque s’intéresse autant au jeu vidéo, c’est car « c’est un des endroits où sont les enfants d’aujourd’hui », estime Frédéric Roland André. En décembre 2023, la marque s’était ainsi associée à l’un des jeux vidéo les plus joués pour lancer Lego Fortnite, un jeu de survie pouvant se lancer depuis le même compte que le célèbre battle royale. « L’objectif, c’est de pouvoir atteindre un plus large public avec l’expérience de créativité et de fun que Lego », explique Frédéric Roland André. D’autre part, des sets de briques s’adressent aux gamers ou aux nostalgiques, avec des kits situés dans l’univers de Zelda, Mario, Minecraft ou Sonic.
Mais Lego n’en a pas fini. Depuis le début des années 2010, la firme a multiplié les productions audiovisuelles : deux films originaux, mais aussi un film Lego Batman, Piece by Piece, un biopic Lego sur Pharell Williams, Ninjago, une série animée de 15 saisons, et une pelletée d’autres œuvres plus confidentielles. L’entreprise a aussi un jeu de société et prépare un film live action dans le futur. Dans son bilan annuel 2023, Lego annonçait une progression de 2 % de son chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente, porté à 65,9 milliards de couronnes dannoises, soit environ 8,8 milliards d’euros. Entre nostalgie et volonté de pratiquer une activité manuelle, le jeu de briques séduit les milléniaux, pour leurs enfants ou pour eux-mêmes. En somme, le monde n’a pas fini de voir des briques.