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Zelensky, Zaloujny, Klitschko : vraisemblables candidats à l’élection en Ukraine ?

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré : « Je demande maintenant, je le déclare ouvertement, aux Etats-Unis de m’aider, éventuellement avec les collègues européens, à garantir la sécurité pour la tenue d’élections ». Selon un sondage de l’Institut international de sociologie de Kiev (KIIS), seulement 22 % des Ukrainiens sont favorables à la tenue d’élections après un cessez-le-feu assorti de garanties de sécurité.


« Je suis prêt pour des élections ». Mardi, lors d’un déplacement en Italie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a répondu aux critiques de Donald Trump, qui l’incite à organiser une élection présidentielle en Ukraine.

« Je demande maintenant, je le déclare ouvertement, aux États-Unis de m’aider, éventuellement avec les collègues européens, à garantir la sécurité pour la tenue d’élections », a déclaré le chef de l’État ukrainien. Son premier mandat devait se terminer en mars 2024, mais depuis l’invasion de la Russie en février 2022, la loi martiale interdit l’organisation de scrutins dans de telles circonstances.

### Zelensky, le chef de guerre

En cas d’élection, le président élu en 2019 a déjà exprimé son intention de se représenter. D’après un sondage d’Info Sapiens, cité par le média *Kyiv Independent*, il est en tête des sondages avec 20,3 % d’intentions de vote parmi les Ukrainiens interrogés. « Il reste l’homme politique actuel le moins impopulaire », souligne Ulrich Bounat.

L’analyste en géopolitique et chercheur associé chez Eurocreative distingue deux facettes de Volodymyr Zelensky. « D’abord le chef de guerre et leader de la résistance ukrainienne, qui est probablement inattaquable, dit-il. Puis il y a l’homme politique, chef de l’administration présidentielle, qui est plus contesté ». Cette défiance sur des sujets économiques ou concernant la lutte contre la corruption se reflète également dans les intentions de vote pour d’éventuelles élections législatives. Son parti, « Serviteur du peuple », ne récolte que 11,5 % des voix.

« L’opposition n’a jamais vraiment disparu en Ukraine », rappelle le spécialiste de l’Europe centrale et de l’Est. Des sujets tels que le rôle de la Rada, le parlement ukrainien, la place du pouvoir militaire par rapport au civil et l’organisation de la mobilisation militaire, déjà débattus, pourraient être centraux lors d’une future campagne électorale.

### Hommes politiques désavoués…

Pour contester Zelensky, des figures politiques semblent déjà prêtes à se lancer. Par exemple, Petro Porochenko, ancien président de l’Ukraine de 2014 à 2019, a déjà été approché par des proches de Donald Trump. De même, le maire de Kiev, l’ex-boxeur Vitali Klitschko, est actif contre Zelensky. « Ce sont les deux figures les plus connues et les plus vocales, qui prend la parole régulièrement contre Zelensky », analyse Ulrich Bounat. Autre figure importante de l’opposition, l’ex Première ministre et députée Ioulia Tymochenko, candidate à trois élections présidentielles.

Cependant, ces personnalités souffrent d’un double handicap : « En Ukraine, il existe une véritable défiance vis-à-vis des hommes et femmes politiques, explique le spécialiste. En outre, faire de la politique sans être accusé de déstabiliser le pays en cette période si difficile est complexe ». Cela engendre une nécessité d’adopter un « pas de deux subtil » pour les opposants qui critiquent « sans afficher qu’ils sont prêts à entrer dans une campagne ».

### … Ou militaires en réorientation ?

Un autre profil susceptible de séduire les électeurs est celui des militaires attirés par une carrière politique. En tête de liste se trouve Valeri Zaloujny, ancien chef des forces armées ukrainiennes, démis de ses fonctions en 2024 et devenu ambassadeur au Royaume-Uni. Dans le sondage d’Info Sapiens, le quinquagénaire se classe juste derrière le président Zelensky avec 19,1 % d’intentions de vote. Bien qu’il n’ait rien officialisé, des rumeurs circulent sur une possible candidature, profitant de son expérience durant une période de victoires militaires.

Parmi les militaires, Kyrylo Boudanov, chef du renseignement militaire ukrainien, surnommé « l’homme sans sourire », fait également son apparition dans les sondages. « C’est un personnage extrêmement charismatique, un très bon communiquant, qui maîtrise l’art de l’ironie et des mèmes sur Internet, indique l’analyste géopolitique. Il est aussi un militaire audacieux, qui mène encore des opérations sur le terrain ». L’homme de 39 ans, encore en service actif, reste toutefois relativement discret.

Malgré la pression américaine, la société ukrainienne ne semble pas pressée d’aller aux urnes. Selon un sondage de l’Institut international de sociologie de Kiev (KIIS), seulement 22 % des Ukrainiens sont en faveur de la tenue d’élections après un cessez-le-feu assorti de garanties de sécurité, contre 63 % après la fin de la guerre. « Il y a la volonté d’un moment de respiration démocratique, mais ce n’est pas la priorité du moment », conclut Ulrich Bounat.