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Yvelines : Des élèves ne peuvent pas sortir en récréation ?

Les élèves de l’école Montessori Internationale de Maisons-Laffitte ne peuvent plus disposer de leur cour de récréation depuis la rentrée en raison de plaintes de voisins, ce qui a conduit à une décision de justice. En mai 2025, le tribunal judiciaire de Versailles a interdit l’utilisation de la cour de 500 m2 « à titre de cour de récréation » et l’école a été condamnée à payer 10.000 euros au syndicat de copropriété.


Terminé les jeux à la marelle, au cache-cache et avec les ballons pour les élèves de l’école Montessori Internationale de Maisons-Laffitte, située dans les Yvelines. Depuis le début de l’année scolaire, les enfants de maternelle et de primaire n’ont plus accès à leur cour de récréation. La raison en est que les voisins les ont jugés trop bruyants. Cette situation a même conduit à des procédures judiciaires qui ont décidé de leur sort.

Tout débute en 2023, quand la fondatrice de l’établissement décide d’acquérir un nouveau terrain pour agrandir la cour de récréation. Avant cette acquisition, les enfants pouvaient jouer sur 100 m². Rapidement, avec une centaine d’élèves, l’espace est devenu insuffisant. L’achat de ce nouvel espace, situé dans le parc de Maisons-Laffitte, offrait 500 m² supplémentaires.

« Les habitants d’une résidence voisine se sont très rapidement plaints du bruit occasionné par les pauses », explique à 20 minutes Darcy Hull, la directrice de l’établissement.

### Un règlement de 1834 fait fermer la cour

Des compromis avaient été proposés, comme organiser des sorties à l’extérieur durant les pauses pour réduire le bruit, selon la directrice. Cependant, ces solutions n’ont pas abouti, et de nombreuses démarches ont été menées par ces voisins.

« Ils ont d’abord tenté de faire valoir la perte de valeur de leur appartement due à la présence de la cour de récréation, mais le tribunal a rejeté leur demande », précise Darcy Hull. Ce sont finalement des recherches sur un très ancien règlement du parc de Maisons-Laffitte qui ont permis à ce voisinage d’obtenir gain de cause. « Une règle datant de 1834, écrite à la main sur un bout de papier, stipule qu’aucun commerce ni aucune usine ne peuvent y causer de nuisances sonores », raconte la directrice.

Ainsi, en mai 2025, après deux ans de procédures, le tribunal judiciaire de Versailles a interdit l’utilisation de cette cour de 500 m² « à titre de cour de récréation ». « Nous avions deux mois pour nous organiser, donc nous avons pu terminer l’année scolaire », déclare Darcy Hull. L’école a également été condamnée à verser 10 000 euros au syndicat de copropriété « au titre du trouble de jouissance collectif ». « On ne s’attendait pas à ce que leur dossier tienne vraiment face à la justice », réagit la directrice.

### Moins de trois heures de bruit par jour

Pourtant, contrairement à ce qui a été avancé par certains, « les enfants n’ont pas cinq heures de récréation par journée », affirme-t-elle. En réalité, les enfants se trouvaient dans la cour moins de trois heures chaque jour. « En Montessori, les enfants n’ont pas de récréations le matin et l’après-midi. Les élèves de maternelle sortaient entre 11 heures et 12 heures, puis ceux du primaire entre 13 heures et 14 heures », précise-t-elle.

Elle ajoute : « La garderie avait également accès à la cour pour moins d’une heure en fin de journée. » Et il ne s’agissait pas d’un établissement de plusieurs centaines d’élèves, mais d’une petite centaine.

Les habitants voisins, quant à eux, affirment que ce bruit leur interdisait de profiter des espaces extérieurs de la résidence, ni même de leur logement avec les fenêtres ouvertes. « Mes clients ont toujours manifesté, et manifestent encore, leur volonté de parvenir à une solution amiable, dans l’intérêt supérieur de l’ensemble des parties concernées », a déclaré leur avocat à Actu.fr.

### En attendant l’appel : « On n’est pas à l’abri de désinscriptions »

Actuellement, les enfants utilisent la plus petite cour. « Nous nous organisons en roulements avec des récréations classe par classe, et nous essayons également d’organiser des sorties en forêt », explique Darcy Hull. L’école bénéficie de l’aide de la mairie, qui met à leur disposition un terrain situé à 300 mètres. « C’est déjà une meilleure solution, mais cela nécessite davantage d’encadrement, notamment en raison de la route dangereuse qu’il faut traverser », signale la directrice.

Le gestionnaire de l’école a fait appel de la décision de justice, mais aucune date n’a encore été fixée. Le caractère exécutoire de la décision doit toutefois être examiné le 2 octobre, c’est-à-dire si oui ou non la cour doit rester fermée jusqu’au procès en appel.

Cette date est attendue avec impatience par les professeurs, mais surtout par les parents d’élèves. « Pour l’instant, ils attendent jusqu’au 2 octobre, mais on n’est pas à l’abri de désinscriptions. Et si rien n’est fait d’ici la rentrée prochaine, il y aura forcément des départs », s’inquiète Darcy Hull.