France

Werenoi : Mort brutalement à 31 ans, le rappeur a été inhumé dans son quartier

Le quartier qui l’avait vu grandir en Seine-Saint-Denis a pu rendre mardi un dernier hommage à Werenoi. Numéro un des ventes d’albums en France ces deux dernières années, l’artiste à l’ascension fulgurante a été inhumé à Montreuil.

Célébré par ses fans comme un rappeur « crédible », qui racontait « des vérités » sur la rue, Werenoi est mort brutalement à 31 ans, dans un hôpital parisien, sans que les causes de son décès soient précisées. Sa disparition a été annoncée samedi sur le réseau social X par son producteur.

Quelque 800 personnes présentes

Devant les grilles vertes du cimetière municipal, Nicolas, 25 ans, trouve que « c’est la classe qu’il soit enterré ici, dans son quartier » de Montreuil, à l’est de Paris. « Ça m’a gravement touché qu’un artiste né ici, originaire du Cameroun (par ses parents) comme moi, ait tant de « hype ». J’aimais comment il posait ses mots sur l’instrumental. A Paris, au Zénith (en 2023), c’était mon premier concert et c’était fabuleux », dit le jeune homme à la chevelure rasta.

« Pas de téléphone, pas d’appareil photo, pas de caméra », répètent des vigiles devant le cimetière. Quelque 800 personnes sont venues, après des prières dans une mosquée pleine.

Un artiste « simple » et discret

Dans le quartier Jean-Moulin, un homme de 27 ans a fermé son commerce pour aller aux obsèques. Se surnommant « Tommy », il évoque « quelqu’un de simple, de cool, un bon gars avec lequel on a grandi ». Il a toujours « cherché la discrétion », dit-il, y compris ce décalage total entre sa reconnaissance parmi la jeunesse et son absence de notoriété dans les grands médias.

Jérémy Bana Owona à l’état civil s’était imposé comme l’artiste ayant vendu le plus d’albums en France en 2023 et 2024, selon le Syndicat national de l’édition phonographique. Pour expliquer ce succès, « Tommy » assure que « ce qu’il rappe, c’est ce qu’on vit tous les jours, car même ici, il y a deux mondes parallèles : le monde des Bisounours et un monde dur qu’il racontait dans ses textes : misère sociale, police, jalousie des gens, trafic aussi ».

Ses clips retirés de YouTube

« Les gens se reconnaissent en lui parce qu’il était crédible, ce n’était pas une fausse image », assure aussi Moussa, 33 ans. « Il a grandi dans la rue ici. Ce n’était pas un rappeur créé de toutes pièces à qui on met une chaîne en or et qui va « clipper » à Marseille alors qu’il est d’Avignon », ironise-t-il. Yass, 22 ans, séduit par son titre Solitaire, répète que Werenoi « avait de l’esprit ». Avant d’admettre que ses paroles évoquant trafics et violences étaient « dures ».

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Quelques heures après l’annonce de son décès, ses clips musicaux ont tous été retirés de YouTube. Seuls les audios restent en ligne, dont son dernier duo, Piano, avec Gims. Mais sa discographie reste disponible sur les plateformes de streaming Spotify et Deezer.