France

Voyages, restaurants, robes Dior et collants Monoprix… Ce que révèlent les notes de frais d’Anne Hidalgo

Tout ça pour ça. Ce 19 mars, le Journal du Dimanche a publié des extraits des notes de frais d’Anne Hidalgo, maire de Paris, de 2017, année pendant laquelle la ville a obtenu l’organisation des Jeux olympiques. Réclamées depuis 2018 par le journaliste néerlandais, Stefan de Vries, la Mairie de Paris avait jusqu’alors toujours refusé de les lui transmettre.

Mais une décision du 8 février dernier du Conseil d’Etat a contraint l’édile à répondre à la demande du journaliste. Chose faite ce vendredi, comme l’a indiqué Stefan de Vries sur son compte Twitter. Mais ce dernier s’est fait griller l’exclusivité par l’exclusivité de ces révélations par le JDD dans une course à l’info que l’on qualifiera gentiment d’assez peu confraternelle. Au regard des informations révélées par le canard, on peine à comprendre pourquoi une telle réticence de la Mairie de Paris.

Déplacements protocolaires

Le gros de la note réside en des frais de voyages, protocolaires ou de représentation. En tout, la Maire de Paris a effectué 17 voyages au courant de l’année. Du plus dispendieux, à Lima le 13 septembre 2017 avec la délégation française pour l’annonce de la ville lauréate pour 2024 qui avait fait parlé à l’époque. Celui-ci aurait coûté 10.945,37 euros pour douze personnes. Au plus modeste, un aller-retour à Barcelone le 8 mars pour assister à la rencontre de Ligue des champions du Paris Saint-Germain contre le FC Barcelone qui aurait coûté 260,86 euros.

Parmi les autres voyages, on retrouve un déplacement au forum de Davos pour 1.091,19 euros pour quatre personnes, un voyage à Tokyo pour rencontre les membres du comité olympique et la gouverneure de la capitale japonaise pour 8.951,95 euros (six personnes), un déplacement au forum Waterways à Chicago puis une conférence Women4Climate à New York à la mi-mars pour 4.981,26 euros (six personnes) et une présentation technique de Paris 2024 à Lausanne en juillet pour 2.232,04 euros. Enfin, autre voyage notable, Anne Hidalgo s’est rendue aux 8e Jeux de la francophonie à Abidjan le 20 juillet 2017 pour un montant de 7.351,78 euros (cinq personnes).

A ce sujet, le JDD cite Yves Charpenel, à la tête de la commission de déontologie des élus du Conseil de Paris qui ne voit pas d’abus dans ces voyages : « Ce qui m’importe, c’est que les frais engagés soient en relation directe avec l’exercice du mandat. C’est le cas en l’espèce. J’ajoute que le prix des billets d’avion n’est pas très élevé ; on voit que Mme Hidalgo ne voyage pas en première classe. »

Représentation de la culture française

D’autres postes de dépenses ressortent comme les notes de restaurant de l’édile comme les 540 euros dépensés à Lausanne, et deux réceptions à l’Hôtel de Ville pour 781,20 euros et 3.000 euros.

Des dépenses vestimentaires sont également citées avec l’achat de trois robes Dior pour 1.188, 1.840 et 1.440 euros, une robe Courrèges à 720 euros, des bottines à 320 euros, des chaussures à 109 euros, des pulls, chemisiers, et même des collants Monoprix.

Il faut savoir que depuis 2014, la Maire de Paris dispose d’une enveloppe de 19.720 euros pour ses frais de représentation, un montant largement utilisé par Anne Hidalgo puisqu’elle a presque tout dépensé en 2017, hormis un reliquat de 34,53 euros qu’elle aurait remboursé.

Des dépenses que le cabinet d’Anne Hidalgo justifie par l’image de la culture française et de la haute couture que la Maire de Paris se doit de représenter : « Il ne s’agit pas là de robes à 10.000 euros et elle les réutilise. »

La Mairie coupe l’herbe sous le pied de Stefan de Vries

Mais alors pourquoi avoir tant traîné des pieds pour divulguer ces informations ? L’équipe d’Anne Hidalgo avance une crainte de la « curiosité mal placée » et les risques de « voyeurisme populiste » pour justifier ces cachotteries.

Après ces révélations, la plus grosse indignation vient sur les réseaux sociaux sur lesquels de nombreux journalistes tancent le JDD et la Mairie de Paris pour avoir divulgué ces informations dimanche, volant ainsi l’exclusivité de ces informations à Stefan de Vries qui avait pourtant engagé de nombreux frais judiciaires qui ont permis de rendre public le débat autour des notes de frais du maire de Paris.