France

Vote du budget de la Sécurité sociale : Députés divisés.

Le budget de la Sécurité sociale a été adopté par 247 voix contre 234, illustrant une Assemblée nationale profondément éclatée. Le Rassemblement national a voté contre en bloc, qualifiant le budget de « socialement injuste et économiquement délétère ».


Adopté de justesse avec 247 voix pour contre 234, le budget de la Sécurité sociale a mis en lumière une Assemblée nationale profondément divisée, avec des alliances traditionnelles brouillées. Entre un soutien discipliné de la majorité présidentielle, un ralliement stratégique des socialistes, des abstentions massives à droite et chez les écologistes, ainsi qu’un rejet frontal de l’extrême droite et de La France insoumise, le scrutin illustre un paysage politique en mutation.

Les groupes Renaissance et MoDem ont fait bloc, non pas tant par adhésion, mais davantage par un « sens de l’Etat et de l’intérêt général ». Pierre Cazeneuve (Renaissance) a reconnu que « ce texte n’est pas le nôtre », soulignant un déficit « au-delà de la trajectoire » souhaitée et des « reculs sur des réformes défendues avec détermination », en particulier la suspension de la réforme des retraites. Malgré ces critiques, les 91 députés Renaissance et les 36 du MoDem ont voté pour, accompagnés de la quasi-totalité du groupe Liot et d’une majorité de socialistes.

Du côté du PS, ce ralliement s’inscrit dans une logique de responsabilité parlementaire. Boris Vallaud a affirmé la volonté d’« être utile » aux Français et de préserver « la possibilité du débat parlementaire, plutôt que d’abandonner la démocratie à ses ennemis mortels du Rassemblement national ». Cet argument politique souligne le dilemme d’un parti fermement opposé à Emmanuel Macron, mais désireux d’éviter une crise institutionnelle.

À droite, Les Républicains ont majoritairement choisi l’abstention, suivant la ligne de Laurent Wauquiez. Justine Gruet a estimé qu’en l’absence de budget, les comptes sociaux dériveraient, privant hôpitaux et Ehpad de moyens. Horizons a adopté la même position, malgré les critiques sévères de son président Paul Christophe, qui considère ce budget comme « ne préparant à rien, n’anticipant rien, et affaiblissant même la France ». Les écologistes se sont également abstenus en majorité, leur cheffe de file Cyrielle Chatelain estimant avoir « évité la casse ».

Face à ces soutiens critiques et ces abstentions prudentes, les oppositions les plus fermes ont rejeté le texte sans ambiguïté. Le Rassemblement national a voté contre en bloc, qualifiant ce budget de « socialement injuste et économiquement délétère ». « S’abstenir, c’est voter pour », a souligné Christophe Bentz, justifiant ainsi le rejet unanime des 123 députés. LFI a affiché la même fermeté : Hadrien Clouet a accusé les députés de gauche favorables au texte d’être « complices », les confrontant à la hausse des coûts de santé « au 1er janvier ».

S’ajoute l’opposition totale du groupe UDR d’Eric Ciotti, qui a dénoncé un camp présidentiel animé par un « seul objectif », celui « de durer ». Les communistes ultramarins, quant à eux, se sont partagés, mais une majorité a voté contre. Dans un hémicycle polarisé, ce vote démontre une fois de plus la difficulté de dégager des majorités stables sur les textes budgétaires, confirmant que la bataille politique autour de la Sécurité sociale demeure l’une des plus explosives de cette législature.