Vol de pépites d’or au Muséum d’Histoire naturelle : sécurité des musées suffisante ?
Un cambriolage a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, entraînant le vol de plusieurs pépites d’or natif pour un total de 6 kg. L’enquête a été confiée à la Brigade de répression du banditisme, en raison de la préparation apparente des malfaiteurs et des matériels abandonnés sur place.
Le cambriolage a été signalé vers 10 heures par une femme de ménage. Dans la nuit de lundi à mardi, le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris a été la cible d’un vol. Plusieurs pépites d’or natif, présentes dans la galerie de géologie et de minéralogie, ont été dérobées. Selon nos informations, les voleurs sont entrés dans le bâtiment, situé dans le Jardin des Plantes, à l’aide d’une disqueuse retrouvée dans la cage d’escalier. Ils l’auraient utilisée pour scier une porte de secours. Les malfaiteurs ont ensuite employé un chalumeau pour brûler et briser la vitre blindée de la vitrine contenant ces spécimens d’or.
En tout, 6 kg de ce métal précieux ont été volés. « Si la valeur des spécimens dérobés est évaluée au prix de l’or brut à environ 600.000 euros, ils revêtent cependant une valeur patrimoniale inestimable », a indiqué le Muséum à 20 Minutes, qui « déplore cette perte inestimable pour la recherche, le patrimoine et sa diffusion auprès du public ». « Cet événement intervient dans un contexte critique pour les établissements culturels et notamment les musées. Plusieurs collections publiques ont en effet été victimes de vols ces derniers mois », a-t-il ajouté, précisant avoir alerté « les unités de la préfecture de police de Paris » dès que « l’infraction a été constatée ».
Plusieurs autres vols récents
En novembre 2024, le musée Cognacq-Jay à Paris a été braqué. Quatre malfaiteurs cagoulés, arrivés sur des scooters, sont entrés dans le bâtiment, brisant les vitrines à l’aide de battes de baseball et de haches. Cette technique est baptisée « smash and grab », ce qui signifie « fracasser et saisir ». Ils ont pris la fuite avant l’arrivée de la police avec « sept œuvres d’art, dont des tabatières d’une très grande valeur historique et patrimoniale », a signalé Paris Musées dans un communiqué. Deux d’entre elles avaient été prêtées par le musée du Louvre, « deux tabatières particulièrement importantes datant du XVIIIe siècle », a précisé le ministère de la Culture.
Le lendemain, un trésor de joaillerie a été la cible d’un vol à main armée dans un musée d’art sacré en Saône-et-Loire. Quatre malfaiteurs ont dérobé une pièce maîtresse du musée du Hiéron, à Paray-le-Monial. Cette œuvre, une relique d’art sacré appelée Via Vitae, est estimée entre 5 et 7 millions d’euros et a subi de sérieux dommages. Les voleurs, arrivés à moto, ont brisé les vitres blindées de la vitrine avec une tronçonneuse à disque, arraché la majorité des figurines, ainsi que la partie supérieure de la montagne, comprenant deux figures féminines serties de diamants et rubis, avant de s’enfuir. La sécurité du musée avait pourtant été renforcée après un précédent cambriolage en 2017 et une tentative de vol en 2022.
Un cambriolage « bien préparé »
Plus récemment, le 4 septembre dernier, des cambrioleurs se sont introduits par effraction au musée national Adrien-Dubouché de Limoges, dérobant « deux plateaux chinois d’une valeur de plus de 6 millions d’euros, ainsi qu’un vase », a indiqué le parquet de la ville dans un communiqué, précisant l’ouverture d’une enquête « pour vol aggravé de biens culturels exposés dans un musée de France, commis en réunion et avec dégradations ».
L’enquête concernant le vol du Muséum national d’Histoire naturelle a été confiée à la Brigade de répression du banditisme pour « vol en bande organisée », a indiqué le parquet de Paris. « Compte tenu du mode opératoire et des matériels abandonnés sur place par les auteurs, on peut supposer que le cambriolage avait été bien préparé. De probables repérages préalables et peut-être aussi des renseignements obtenus de la part du personnel », a déclaré à 20 Minutes Yvan Assioma, responsable Île-de-France du syndicat Alliance Police nationale. « Toutes les pistes sont explorées par les enquêteurs. »
Sécurité renforcée
Ces faits surviennent quelques semaines après une cyberattaque massive ayant paralysé une partie du réseau informatique du musée. Une source policière a confirmé à 20 Minutes que les caméras et les alarmes de surveillance avaient été neutralisées. « Pour des raisons de sécurité et d’enquête, la galerie de géologie et de minéralogie reste fermée au public jusqu’à nouvel ordre et fait l’objet de mesures de surveillance renforcée », a indiqué le musée à 20 Minutes.
Le musée, qui a accueilli en 2024 plus de 3,2 millions de visiteurs, peut solliciter l’assistance de conseillers en sécurité mis à disposition par le ministère de la Culture. Ces experts « apportent assistance et conseil, et formulent des recommandations ainsi que des prescriptions en matière d’organisation, de procédures et de techniques liées à la sécurisation des établissements culturels », a précisé la Rue de Valois sur son site Internet, ajoutant qu’ils réalisent également « des audits de sûreté dans les musées de France ». Plusieurs de ces conseillers sont des policiers. L’un d’eux, Guy Tubiana, avait déclaré à TF1 après le braquage du musée de Limoges avoir recommandé aux musées « de faire extrêmement attention ». « Et dans le cas où il y a des œuvres ou des objets très très précieux, pendant quelque temps, de les retirer », avait-il ajouté. « C’est toute la problématique des œuvres dans les musées. On n’est pas dans des banques. »
« Les malfaiteurs cherchent toujours de nouvelles cibles de profits », a observé Yvan Assioma. Il a conclu : « La sécurité de ce type d’établissement mérite certainement d’être renforcée. »
Contacté par 20 Minutes, le ministère de la Culture n’a pas répondu.

