France

« Violent et brutal » : 10 mois après sa tentative de relance, Jennyfer demande sa liquidation, 1.000 emplois menacés

La crise des enseignes de prêt-à-porter continue. La marque tournée vers les jeunes adolescentes, Jennyfer, sortie d’une période de redressement judiciaire en 2024, a été placée ce mercredi en liquidation judiciaire. « L’explosion des coûts, la baisse du pouvoir d’achat, les mutations du marché textile et une concurrence internationale toujours plus agressive ont rendu son modèle économique intenable », indique la direction.

L’enseigne peut poursuivre ses activités jusqu’au 28 mai. A cette date seront examinées les éventuelles offres de repreneurs et fixer l’avenir de ses 999 salariés. « Les salariés ont été mis au courant de la situation » dans la matinée, déplore la CGT Services. Pour le syndicat, l’Etat aurait dû « garantir une vigilance » à la suite de plans sociaux successifs. « Cette annonce violente et brutale les plonge dans une situation très précaire ».

L’échec de « Don’t call me Jennyfer »

L’enseigne, fondée en 1984, revendique environ 250 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. Placée en redressement judiciaire en juin 2023 en raison de « l’augmentation soudaine des coûts cumulée à une inflation galopante », elle avait annoncé en sortir il y a moins d’un an, annonçant « un investissement initial de 15 millions d’euros » et « l’arrivée d’un nouvel actionnaire ».

Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) était intervenu entre-temps, menant à la suppression de 75 postes (60 au siège et 15 dans les entrepôts) sans fermeture de ses 300 magasins, dont 220 en France.

Crise sur le secteur du prêt-à-porter

L’entreprise avait un temps essayé de se relancer via une nouvelle identité de marque, « Don’t Call Me Jennyfer », sans succès. Elle était finalement revenue en 2024 à son nom historique, Jennyfer. Son nouveau directeur général, Yann Pasco, avait déclaré en avril 2024 vouloir « préserver l’ADN de Jennyfer », qui a « 15 % de part de marché sur les 10-14 ans » mais aussi « élargir la cible de clientèle » en se positionnant sur les 15-19 ans et les 20-24 ans.

Une violente crise frappe le prêt-à-porter en France depuis plusieurs années. La marque de mode néerlandaise C & A, implantée en France depuis plus de 50 ans et qui restructure depuis plusieurs années son parc de magasins, a annoncé mi-mars un nouveau plan menaçant plus de 300 emplois.

Camaïeu, Kookaï, Gap France, André, San Marina, Minelli, Pimkie, Comptoir des Cotonniers, Princesse Tam Tam, IKKS, Kaporal : nombreuses sont les marques qui ont fait les frais de cette tourmente. Elle a été fatale à certaines, qui ont été liquidées, comme Camaïeu en septembre 2022, avec le licenciement de 2.100 salariés qui avait fortement marqué les esprits.

Notre dossier sur le prêt-à-porter

Les marques ont souffert d’un cocktail détonant : pandémie, inflation, hausse des prix de l’énergie, des matières premières, des loyers ou encore concurrence de la seconde main. Dernièrement, le développement de « l’hyper fast-fashion », dont le site Shein est le symbole, a continué de menacer le modèle économique des enseignes plus anciennes bon marché.