France

Violences sexuelles : Face au scandale, Emmaüs retire l’abbé Pierre de son logo

Alors que l’abbé Pierre est accusé de très nombreuses violences sexuelles, Emmaüs tente de se donner une nouvelle image. Le mouvement a pour cela décidé mardi de retirer de son logo la mention à son fondateur, plus de 15 ans après son décès.

Lors d’une assemblée générale extraordinaire, les représentants des quelque 300 structures du mouvement ont voté à 91 % en faveur du retrait de la mention « fondateur abbé Pierre » du logo d’Emmaüs. Elle apparaissait jusqu’à présent en petits caractères après le nom de l’association, sous un symbole, un carré bleu orné d’un soleil jaune.

« Respect à l’égard des victimes »

« C’est un résultat sans appel », a commenté Bruno Morel, président d’Emmaüs France. « Sans renier ce qu’on doit à l’abbé Pierre, on doit continuer à travailler au service des publics vulnérables. »

Cette mesure s’inscrit « dans la droite ligne de la démarche de reconnaissance et de respect à l’égard des victimes », précise un communiqué d’Emmaüs. L’abbé Pierre fera « toujours partie de notre histoire » mais « il devient impossible d’honorer publiquement son image », constate l’association.

Emmaüs France a fermé définitivement le lieu de mémoire dédié au prêtre, à Esteville en Seine-Maritime. Elle a également recommandé à ses structures adhérentes d’ôter tous les visuels le représentant. « Beaucoup ont déjà été retirés mais certains groupes ont encore besoin de travailler sur le sujet, c’est compliqué pour certains anciens compagnons », a reconnu Bruno Morel. Il espère parvenir à « tourner une page très douloureuse, évidemment pour les victimes, mais aussi pour le mouvement ».

Un fondateur qualifié de « prédateur »

Au total, l’abbé Pierre est visé par 33 accusations de violences sexuelles. Elles ont été révélées par trois rapports différents, réalisés par le cabinet Egaé, mandaté par Emmaüs et la Fondation abbé Pierre pour faire la lumière sur les agissements du prêtre. Le premier, publié en juillet, rapportait des témoignages de harcèlement et d’agressions sexuelles. Il avait provoqué une onde de choc tant l’abbé Pierre, défenseur inlassable des plus démunis et des mal-logés, a longtemps fait figure d’icône.

Le dernier rapport a été rendu public la semaine dernière. Parmi les nouvelles accusations de violences sexuelles figurent un viol sur mineur et des faits concernant au moins un membre de la famille de l’abbé Pierre. Ce dernier rapport a conduit Emmaüs à qualifier son fondateur de « prédateur ».

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Dans le sillage de ces révélations, l’Église catholique française a pris une mesure à la symbolique forte en demandant à la justice d’ouvrir une enquête. Une telle action en justice risque toutefois de se heurter à des obstacles, compte tenu de l’ancienneté des faits remontant à une période allant des années 1950 aux années 2000.