France

Villeurbanne : Un agent, soupçonné d’agressions sexuelles sur des enfants, réaffecté dans une autre école maternelle

«J’ai été choquée de le voir travailler avec des enfants, huit mois après avoir porté plainte contre lui », dénonce Lina*. Le 10 février dernier, elle a découvert qu’un agent territorial spécialisé des écoles maternelles (Atsem), soupçonné d’avoir agressé sexuellement son fils, avait été affecté dans une nouvelle école de Villeurbanne, près de Lyon.

L’année dernière, son enfant, scolarisé en moyenne section à l’école Jules Guesde, lui a indiqué que cet homme d’une vingtaine d’années lui avait « touché les parties intimes ». Quelques semaines plus tard, une autre de ses camarades de classe a raconté à ses parents que cet assistant de la maîtresse avait « tiré sa langue » et l’avait « mis dans sa pépette », mimant le geste de « lécher », selon les mots de la très jeune fille. Et qu’il l’avait fait à deux autres enfants, dans les dortoirs.

« J’ai peur qu’il recommence »

A la suite de ces révélations, les parents d’élèves ont « immédiatement » déposé plainte. « C’était en juin et il était dans cette école depuis le mois de mars, s’inquiète Lina. Il était hors de question qu’il puisse être de nouveau en contact avec des enfants. » L’agent municipal a été placé en garde à vue et relâché le temps de l’enquête. En parallèle, il a été suspendu pendant huit mois par son employeur, la ville de Villeurbanne… jusqu’au 10 février dernier.

« En déposant ses enfants à l’école Berthelot, à moins de 2 km de l’école Jules Guesde, ma sœur l’a reconnu devant le portail, lance cette parent d’élève. Je n’y croyais pas. » Il venait effectivement de prendre un poste pour un long remplacement.

« Même s’il n’est pas encore condamné, c’est scandaleux qu’il y ait un prédateur soupçonné qui travaille avec un jeune public, ajoute cette mère de famille. Moi j’ai peur qu’il recommence. Il ne devrait pas être en liberté. »

La mairie de Villeurbanne reconnaît « une erreur »

Alertés, les services de la ville ont de nouveau suspendu l’Atsem. « Nous n’aurions pas dû le réintégrer dans une école, c’est une grave erreur qui ne se reproduira plus », reconnaissent-ils auprès de 20 Minutes. La municipalité explique que cette situation est « inédite » et la procédure également. « L’agent a été suspendu huit mois – durée maximum possible – à titre conservatoire dès qu’on a été informé du dépôt de plainte en juin dernier, développe la commune. La procédure étant toujours en cours au bout de ces huit mois et sans retour des services de police et de justice, malgré plusieurs relances, l’agent a été réintégré, dans une autre école – ce qui en tout état de cause n’aurait pas dû être le cas. »

Notre dossier sur les agressions sexuelles

Les services de la ville assurent « comprendre les craintes des parents » et assurent qu’il sera « mis à pied aussi longtemps que nécessaire et que possible ». « Et si jamais il était amené à retravailler, ce serait sur des missions où il n’est pas en contact avec du public », conclut la ville.

« Les investigations diligentées par la Direction interdépartementale de la police nationale du Rhône (DIPN), sous l’autorité du parquet de Lyon, du chef d’agression sexuelle sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité sur la victime sont actuellement toujours en cours », a indiqué le parquet.