Val-de-Marne : Une classe de CE1 sans instit depuis septembre, les parents d’élèves appellent à l’aide
La crise de l’école atteint-elle son paroxysme ? Depuis septembre dernier, les élèves d’une classe de CE1 du Val-de-Marne n’ont plus d’instituteur. Deux jours après la rentrée, l’institutrice en charge de cette classe de l’école Anatole France de Charenton-le-Pont a été placée en arrêt maladie longue durée. Et depuis, élèves et parents traversent un désert dont ils ne voient pas la fin. Ces derniers ont manifesté mardi matin devant l’établissement pour exprimer leur colère.
Huit remplaçants depuis la rentrée
« Déjà huit remplaçants sont passés, on attend le neuvième, et qui sait combien de temps il va rester ? » souffle Elsa, mère d’un élève de la classe, qui déplore un suivi pédagogique inexistant. « Ils ne restent que quelques jours, parfois un seul et ne peuvent rien mettre en place. Ils font faire des exercices de CP, parfois de maternelle aux enfants. Le reste du temps, ils font des jeux de société », précise-t-elle.
Le passage le plus long a été celui d’une contractuelle en reconversion qui est restée trois semaines… avant de démissionner de l’Education nationale. « Elle n’avait aucune formation, ni même un tuteur. Malgré toute sa bonne volonté, elle ne s’en sortait pas et a fini par lâcher », explique Vanessa, une autre parente d’élève.
Et des remplaçants, il n’y en a pas tous les jours. En cumulé, les élèves ont été 16 jours sans professeur des écoles depuis la rentrée. « Quand il n’y a pas d’instituteur, ils sont répartis dans les autres classes, où les professeurs ne peuvent pas vraiment s’occuper d’eux, c’est davantage de la garderie », explique Elsa.
L’inspection académique impuissante
Alertée par les parents, l’inspection académique de Créteil répond par son impuissance… « Ils nous disent qu’ils cherchent, que notre dossier est tout en haut de la pile, mais qu’ils ne trouvent personne » fulmine Elsa, qui ajoute que l’école Anatole France n’est pas la seule dans ce cas.
« Les enfants sont en train de perdre une année, on le voit par l’écart considérable qui se creuse avec les élèves de l’autre classe de CE1 » ajoute Magali, parente d’élève elle aussi. Elle déplore le fait que les parents ne reçoivent même pas des polycopiés ou des exercices à faire faire à leurs enfants pour tenter de combler le vide.
Les parents tentent de combler le vide
Alors les parents s’organisent comme ils peuvent, partagent des exercices entre eux. Une mère, professeur de français au collège, prépare des fiches pour les aider à faire travailler les enfants. « Mais ça ne peut pas suffire. Instituteur, c’est un vrai métier auquel nous ne sommes pas formés. Ma fille, qui était une bonne élève, a totalement décroché en mathématiques », s’inquiète Magali.
Pour Vanessa, la situation est d’autant plus problématique que son fils, Yoran, est atteint de troubles du spectre autistique, ce qui requiert un suivi particulier : « Il a besoin de stabilité scolaire et émotionnelle. Chose impossible dans le contexte actuel. Résultat, il ne veut plus aller à l’école. Il s’ennuie et se plaint de toujours faire la même chose. »
Faire du bruit et porter plainte contre l’Etat
Reste deux solutions pour éviter une année blanche. La première : Faire du bruit. « Lorsque des caméras de télévision sont venues à notre demande pour constater la situation, l’inspection académique a dépêché une remplaçante de l’école d’à côté pour venir s’occuper de la classe. Elle est restée quinze jours… » explique Elsa.
Les dernières actus sur l’école
L’autre solution consiste à attaquer l’Etat en justice. « Il doit être en mesure de mettre un maître devant les élèves. Nous sommes en train de constituer un dossier. On ne sait pas encore quelle forme cela prendra, mais il faut réussir à contraindre l’académie et l’Etat à trouver un remplaçant. » Cela commencera peut-être par trouver un remplaçant à Anne Genetet au ministère de l’Education.