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Vacances d’été : Niveaux de protection, fréquence, quantité… Le vrai du faux sur la crème solaire

«T’as pensé à prendre de la crème ? » L’été est là, la crème solaire est de retour dans les sacs à dos et sur les serviettes de plage. Son usage est aujourd’hui banalisé mais reste pourtant l’objet d’incompréhensions et d’idées reçues, chacun y allant de ses présupposés.

Que signifient vraiment les différents niveaux de protection ? Lequel choisir ? Faut-il en mettre avant d’aller se baigner ? Et après ? A quelle régularité ? Pour démêler le vrai du faux sur cet incontournable de l’été, 20 Minutes a interrogé deux experts.

Tous les niveaux de protection servent-ils vraiment à quelque chose ?

L’indice de protection des crèmes solaires est indiqué par un nombre, précédé de la mention « SPF », pour « sun protection factor ». « Il renseigne sur la capacité qu’ont les produits à filtrer le rayonnement UV pour éviter qu’il ne pénètre dans la peau et crée des dégâts », explique Christine Lafforgue biologiste et chimiste spécialisée dans les interactions entre les cosmétiques et la peau. Cette norme est établie au niveau européen : le niveau de protection est donc le même quels que soient le pays ou la marque de crème.

Pour autant, tous les niveaux de protection ne sont pas adaptés pour une exposition au soleil sur la plage en été. « Pour les personnes à la peau très claire, un SPF de 50 est le minimum », souligne la spécialiste. Pour les autres, le mieux est de ne pas descendre en dessous de SPF 30. « Un indice 30 signifie qu’il faudra 30 fois plus de temps pour prendre le coup de soleil que vous auriez eu avec un certain temps d’exposition sans crème », complète Christophe Bedane, dermatologue au CHU de Dijon et membre de la Société Française de dermatologie.

Autre idée reçue : un SPF 50 sera deux fois plus efficace qu’un SPF 25. La réalité est plus compliquée. « Plus une crème comporte une association et une concentration de filtres importantes, plus son indice est élevé », détaille le dermatologue. Pour autant, « La courbe de protection et d’absorption de la lumière n’est pas linéaire. Un SPF 30 va moins bien protéger qu’un SPF 50 mais ce n’est pas directement proportionnel », développe Christine Lafforgue.

SPF 30 ne signifie pas 30 minutes d’efficacité

L’indice de protection n’a pas non plus de lien avec la fréquence selon laquelle il faut renouveler l’application de crème solaire. « L’important est de garder à l’esprit d’appliquer de la crème toutes les deux heures », fait savoir la spécialiste. Bien qu’en réalité, peu de gens appliquent cette consigne. C’est pour cette raison que Christophe Bedane recommande au minimum d’appliquer de la crème solaire trente minutes avant d’aller à la plage, puis de faire une seconde application, au bout d’une demi-heure. « Attendre trente minutes permet une certaine pénétration de la première couche. La seconde couche est utile car on ne met jamais la crème de manière uniforme ».

Quelle quantité appliquer ?

Le taux de protection revendiqué sur les tubes de crème solaire correspond à une application (idéale) de 2 milligrammes par centimètres carrés. Mais là aussi, « on sait qu’en pratique, on met seulement entre 0,8 et 1 mg par centimètre carré », décrit le dermatologue. Si vous ne savez pas vraiment ce à quoi tout ça correspond, la méthode des phalanges reste la plus simple à retenir. Pour le visage, on recommandera ainsi trois doigts (index, majeur et annulaire) ou a minima leurs trois dernières phalanges, couverts de crème. « Il en faut six pour couvrir un bras, neuf pour couvrir une jambe, 10 pour couvrir le tronc, et la même quantité pour le dos », énumère notre expert. A noter que cette méthode est valable pour les crèmes, mais moins fiable pour les protections en spray. « Il faut être généreux avec les produits solaires, et c’est bien le problème parce que ce sont des produits techniques qui ont un certain coût », reconnaît Christine Lafforgue.

Avant d’aller se baigner, c’est inutile ?

« Rien ne sert de mettre de la crème solaire tout de suite si vous arrivez à la plage et que vous vous jetez à l’eau » expose la biologiste. Et pour cause : la crème va en grande partie rester dans l’eau. L’important est dès lors d’en appliquer à la sortie du bain. C’est pour cette raison qu’« il est préférable d’en mettre 30 minutes avant une baignade », comme le recommande Christophe Bedane. Le constat est le même en cas de forte transpiration, comme après un match de volley par exemple, qui aura pour effet de diluer la crème. Et cela vaut aussi pour les crèmes dites résistantes à l’eau, appellation qui signifie que ces dernières perdent moins de 50 % de leur indice de protection.

La crème oui, mais pas seulement

Le dermatologue souligne pour finir que la crème solaire ne doit pas être utilisée comme protection solaire de manière isolée : « il faut que ça soit intégré dans une stratégie qui repose sur trois points : l’utilisation de vêtements, de chapeau et de lunettes, surtout chez l’enfant ; l’utilisation de produits de protection solaire pour les zones qu’on ne peut pas protéger, et l’éviction du soleil entre 14 heures et 16 heures ».

« Il faut être vigilant. On voit le taux de mélanomes qui monte. Chez les hommes en particulier, il y a beaucoup de problèmes au niveau des oreilles, à cause des casquettes qui ne protègent pas assez », déplore Christine Lafforgue. La spécialiste rappelle aussi : « On ne garde pas une crème solaire d’une année sur l’autre. Ce sont des produits sensibles à la chaleur et à la lumière, même conservés dans une salle de bains, les filtres et les antioxydants vont finir par ne plus être efficaces ».