US Open : Interruption, bronca et pétage de câble de Medvedev, Bonzi s’impose dans un match absolument dingue

Une victoire comme on les aime, au bout de la nuit new-yorkaise, dans une adversité folle et face à un Daniil Medvedev qui part totalement en vrille. Le Français Benjamin Bonzi nous a offert notre premier frisson tricolore lors du premier tour de l’US Open, dans la nuit de dimanche à lundi, en sortant le Russe en cinq sets, alors qu’il menait deux sets à rien et s’était procuré une balle de match dans le troisième.
C’est à ce moment précis que le destin a décidé d’entrer en scène, sous la forme d’un photographe pas très malin, qui n’a rien trouvé de mieux à faire que d’entrer sur le court alors que Bonzi venait de servir sa première balle de match. Jugeant que le Français avait été gêné, l’arbitre a décidé de remettre le premier service en jeu, ce qui a provoqué la colère (et le mot est faible) d’un Medvedev à qui il n’en faut pas beaucoup de manière générale pour dégoupiller.
Le fou du cricuit a violemment pris le juge à partie, lui hurlant au visage « es-tu un homme ? Es-tu un homme ? Arrête de trembler ! ». Puis, prenant le public à témoin, le Russe est sorti de ses gonds, criant à la caméra : « Il veut rentrer à la maison dormir, il est payé au match, pas à l’heure. » Le numéro 13 mondial ne s’est pas arrêté là et, en rejoignant sa ligne de fond, il a encouragé le public à s’indigner à son tour, celui-ci le suivant dans son délire et scandant « Second serve, second serve, second serve » à chaque fois que Bonzi s’apprêtait à servir. « Il a totalement perdu le contrôle de ses émotions, je n’ai jamais vu ça », a déclaré le commentateur américain alors que Medvedev envoyait des cœurs avec les mains dans le public pour le remercier de son soutien.
Seul contre tous, Bonzi s’impose en héros
Il aura finalement fallu attendre plus de six minutes avant que le Français, sous une bronca indescriptible, finisse par accepter de servir dans cette ambiance de corrida et ne perde ses moyens. C’est finalement Medvedev, jusque-là totalement perdu, qui remportera ce troisième set, ouvrant la porte à une improbable remontada. Le quatrième set fut un calvaire pour Bonzi (6-0) et, à ce moment-là, plus personne ne donnait cher de sa peau, d’autant qu’il a dû faire appel au kiné pour soigner une douleur au genou.
Breaké d’entrée de cinquième set, le Nîmois a pourtant su trouver des ressources insoupçonnées pour revenir dans le match et s’imposer au bout de la nuit (6-3, 7-5, 6-7 [5], 0-6, 6-4) au terme d’un scénario complètement dingo. Les deux hommes ont terminé cette soirée sur les rotules et, après une poignée de mains sans animosité, Bonzi a plongé la tête dans ses mains tandis que Medvedev éclatait sa raquette de rage sur le sol.
Mahut préfère ne pas trop parler sur Medvedev
Interrogé en conférence de presse sur le moment où tout a failli basculer, Daniil Medvedev a fait comme si tout cela n’était pas parti de lui. « A un moment, je leur ai demandé d’arrêter, mais ils ne m’ont pas écouté. Ils ne voulaient pas s’arrêter, ça ne servait à rien d’essayer, a-t-il répondu. Vous dites six minutes (d’interruption), mais je pense qu’au bout de trois minutes, il y a eu un moment où il pouvait servir. Mais il y a un gars qui a sifflé et il n’a pas servi. C’est son problème. » Le problème de Bonzi sera désormais de se remettre de ses émotions avant d’affronter l’Américain Marcos Giron au deuxième tour. Medvedev, lui, peut rentrer chez lui, le cirque est terminé.
Nouveau coach de Bonzi depuis le début de la tournée nord-américaine, Nicolas Mahut a préféré ne pas trop en dire au sujet du comportement du Russe, tout en lui glissant une petite pique bien sentie : « Je trouve que l’arbitre n’a pas forcément bien géré la situation et je ne préfère pas, à chaud, parler du comportement de Daniil parce que je n’ai pas envie de dire des choses que je pourrais regretter mais je n’imagine pas une seconde Alcaraz ou Sinner agir de cette manière. » Nous non plus, assurément.

