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« Une soirée avec Astérix et Obélix » sur TMC : Ambre Chalumeau, la culture sans snobisme

« C’est une fierté de passer en prime time mais j’essaie de ne pas trop me monter la tête. Avec une chronique, si on n’est pas content de soi, le lendemain, on remet son argent sur la table de poker et on recommence. Là, ce sont quatre mois de travail qui vont être sanctionnés par une audience, sur une soirée, donc c’est excitant mais flippant, c’est à la fois un honneur et un stress. » Les émotions variées et contrastées se bousculent chez Ambre Chalumeau à l’approche de la diffusion, ce mardi sur TMC, à 21h15, du documentaire Une soirée avec Astérix et Obélix.

Pour la journaliste de 25 ans, qui tient sa chronique culturelle dans Quotidien depuis 2020, se retrouver exposée en première partie de soirée n’est pas une mince affaire. C’est elle qui a proposé ce format long à Laurent Bon, le producteur de l’émission de Yann Barthès. « On attendait le sujet qu’on pourrait explorer pendant 1h30 sans que ce soit lassant et avec du sérieux. La sortie du film de Guillaume Canet [Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu] a été l’occasion qui fait le larron. Les équipes nous ont proposé de nous ouvrir les portes du dernier mois de postproduction », explique-t-elle à 20 Minutes.

« J’ai souffert du snobisme de certains »

Jusque-là, pour elle, le héros Gaulois créé par Goscinny et Uderzo relevait des souvenirs d’enfance. Mais, en se penchant sur le sujet, elle a découvert qu’il y avait plein de choses à en dire. « Il permet d’aborder énormément de thèmes : la société, la politique, le marketing, le féminisme (la place des femmes dans les aventures du héros), le cinéma, nos valeurs à nous, Français, le fait qu’il s’exporte, donc la question du rire universel », énumère-t-elle. Le résultat, qui mêle interviews inédites des membres de l’équipe du film, témoignages des filles de Goscinny et d’Uderzo et images d’archives, est ludique, foisonnant d’infos et de pistes de réflexion.

« On n’est pas forcément tous d’accord sur le fait qu’une œuvre est bonne ou mauvaise, mais on peut tous s’accorder sur le fait qu’une œuvre est importante. Suivre l’histoire d’un projet comme Astérix, ça peut intéresser plein de monde », souligne Ambre Chalumeau.

La vingtenaire assure s’attacher dans son métier à « ne surtout pas être snob ». « Moi-même, quand j’ai commencé à regarder plein de films, à écouter plein de musique, j’ai souffert du snobisme de certains qui refusaient l’entrée de leur club », confie-t-elle. Et d’insister avec humilité : « Je ne suis pas experte, je n’ai pas fait d’étude de cinéma, ni de littérature, hormis une prépa littéraire, donc je serais bien mal placée de parler de culture à des spectateurs en me plaçant sur un piédestal. Je découvre moi-même des artistes, des informations sur eux, le jour même où je fais mes recherches pour une chronique. »

« La petite intello insupportable »

Si elle est bien identifiée par les fidèles de Quotidien, Ambre Chalumeau cultive une certaine discrétion. Résultat, lorsque l’on se met en quête d’éléments biographiques à son sujet, la récolte est chiche. On sait qu’elle est la fille du journaliste, romancier et scénariste Laurent Chalumeau, et d’Arielle Saracco, qui, en mai dernier, a quitté ses fonctions à la tête de la Création Originale de Canal+, un poste qu’elle a occupé dix-sept ans. « Mes parents ont tous les deux baigné dans le milieu des médias. J’ai grandi avec l’imaginaire de la salle de rédac, des tournages, de la régie de télé… », relate Ambre Chalumeau à 20 Minutes.

Enfant, elle était une sorte de « Hermione Granger dans le premier Harry Potter, la petite intello insupportable », rigole-t-elle. « J’étais plutôt une nerd. Les années collège, c’était la full solitude. Au lycée, j’ai commencé à m’épanouir davantage car j’ai rencontré des gens qui partageaient mes centres d’intérêt. » Au moment de réfléchir à son orientation professionnelle, elle n’envisageait pas forcément une carrière dans le journalisme. « Si on m’avait demandé quel était mon souhait, j’aurais dit : « Pouvoir parler de ce qui me passionne, la culture, avec un ton qui me ressemble, dans un espace qui a une certaine visibilité ». » Ce qui correspond à ce qu’elle fait actuellement dans Quotidien avec sa chronique, la BAC, pour « Brigade des affaires culturelles ».

Elle l’assure, « la télé n’était pas un rêve » pour elle. D’ailleurs, une fois diplômé du Celsa, une école de journalisme parisienne, elle a fait ses premières armes dans la presse écrite, à Society. C’est là qu’elle a rencontré Marc Beaugé qui, au bout d’un an, lui a demandé si elle serait partante pour rencontrer les équipes de Quotidien, alors à la recherche de nouvelles têtes.

« Il faut que je montre que je mérite ma place »

« Beaucoup de gens pensent que j’ai eu le job sur TMC grâce à mes parents. Mais pas du tout. Quand je leur ai dit que j’allais passer à l’antenne, leur première réaction a été l’inquiétude : ils connaissent ce milieu et pensaient à ce qu’impliquait l’exposition publique. Ils m’ont laissé me débrouiller et, aujourd’hui, je crois qu’ils sont fiers, contents de ce que je vis », précise Ambre Chalumeau. Le soupçon du piston et les sous-entendus sur son statut de « fille de » l’horripilent. Elle essaie de ne pas y accorder trop d’importance afin de protéger sa santé mentale.

« Je serais bien ingrate de me plaindre de mes parents. En même temps, il serait malhonnête d’affirmer que cela ne m’a pas aidé de venir d’un milieu dans lequel j’ai pu confortablement faire le caprice de dire que je voulais faire des « études passion » et ensuite prendre le temps d’être pigiste à Society, poursuit-elle. Mes parents m’ont fourni un bagage culturel énorme, des contacts au moment de chercher des stages… J’ai un petit complexe de l’imposteur lié à cette filiation que certains me renvoient plus ou moins élégamment en face. Cela me pousse à me dire qu’il faut que je montre que je mérite ma place. » Le documentaire diffusé ce mardi est une occasion de le prouver.