France

« Une prise de conscience »… Ils ont renoncé aux transports en commun et ils ne regrettent pas

« Après quinze ans à courir après le bus, à supporter le même environnement bruyant, je suis passé à autre chose. Certes, je rencontre moins de gens, je bouge moins, mais, pour l’instant, ça me convient. » Comme Jérôme, jeune « quadra » nantais, de nombreux Français ont abandonné les transports en commun, presque du jour au lendemain, depuis la crise du Covid-19. Voilà pourquoi, malgré la levée des restrictions, la plupart des grands réseaux urbains, qui communiquent en ce moment leur bilan annuel 2022, n’ont pas encore retrouvé leur niveau de fréquentation de l’année 2019. Nous avons interrogé nos lecteurs pour comprendre cette désertion. Les réponses ont été abondantes.

Etonnamment, la crainte d’une contamination virale est assez peu citée comme justification. « Les transports sont un lieu de promiscuité qui favorise les interactions et donc c’est un nid à microbes et virus », s’inquiète tout de même, Louis, Parisien de 55 ans. « J’ai traversé la pandémie sans virus. Je suis allé à une formation dans Paris, j’ai pris le métro. Et devinez quoi ? J’ai attrapé le Covid-19… Maintenant j’évite », abonde Héloïse.

L’engouement pour le vélo

Non, le principal argument présenté est, sans surprise, le développement du télétravail. « Avant le Covid-19, travailler chez soi était inimaginable dans mon entreprise. Maintenant, je n’ai besoin de me déplacer qu’une fois par semaine, pour la réunion du lundi », explique Jérôme, ingénieur. « Mes habitudes ont changé », se réjouit Louis, qui ne sort plus que deux jours par semaine. Même satisfaction pour Marie, 35 ans, qui a « changé de poste pour un travail à la maison ». « Nous nous sommes rendus compte à quel point nous perdions du temps mais surtout de l’énergie à voyager matin et soir. Je suis capable de mieux gérer mes contraintes familiales en journée et me reconnecte le soir pour travailler. » « Ça ne me manque paaaaaas du tout ! », clame un autre lecteur.

Certains, comme Jean, ont profité du télétravail pour « reprendre la voiture » en semaine. « Je préfère son confort », reconnaît Stéphanie, de Toulouse. « Toujours en covoiturage », nuance Christophe. Beaucoup expliquent aussi avoir découvert le plaisir et l’efficacité du vélo. « On gagne du temps, on fait des économies, on évite les métros bondés, on ne subit pas les retards et, cerise sur le gâteau, on fait de l’exercice ! », s’enthousiasme Louis, 24 ans. « Il me faut 35 minutes à vélo électrique versus 40 minutes à 1h15 en transports en commun ! Je ne pourrais plus retourner en arrière », confirme Aurélie. « A l’heure actuelle, le vélo est tout simplement le meilleur mode de déplacement », insiste, Julien, 40 ans.

« Les grèves et les problèmes, je n’en peux plus »

Qu’ils soient devenus cycliste, automobiliste, voire « piéton exclusif », nos lecteurs confient également avoir « franchi le pas » en raison de griefs récurrents adressés aux transports en commun. En particulier, les défauts de ponctualité. « A Paris, la régularité du service n’est pas fiable », considère Julien. « Les grèves et les problèmes techniques, je n’en peux plus. En vrai, cela n’arrive pas tant que ça, mais cela me donne trop d’incertitudes », reproche Julie. D’autres pointent du doigt « l’augmentation des tarifs », la « saleté », ou le « bruit dont on ne se rendait pas compte avant ».

Enfin, des lecteurs, surtout des lectrices, évoquent des incivilités ou une « agressivité » entre voyageurs. « Il n’y a plus aucun respect et beaucoup de violence. Pourtant, je suis très touchée par l’importance de l’écologie », déplore Morgane, 25 ans. « Le fait de cesser de prendre les transports en commun pendant le Covid-19 a été une prise de conscience, surtout du sentiment permanent d’insécurité », soutient Filip.

Reste que métros, trams et bus ont encore de nombreux fans. Certains de nos lecteurs cherchent même des solutions pour les « aider à se relever ». « Et si on sauvait les transports en commun ? En recrutant et en payant mieux par exemple ? » suggère Julien, 40 ans. Selon le dernier rapport Moovit, c’est à Toulouse, Lille, Bordeaux et Lyon que le taux d’abandon des transports collectifs serait le plus important (de 6 % à 8 % des usagers).