Une femme de 61 ans accouche en Macédoine du Nord… Comment est-ce possible ? Est-ce dangereux ?
Une femme de 61 ans vient de donner naissance à un enfant en Macédoine du Nord. Cette mère a eu recours à une fécondation in vitro (FIV), un des procédés de la procréation médicalement assistée (PMA). Elle avait déjà subi dix tentatives de PMA. Une grossesse (plus que) tardive qui pose plusieurs questions. Comment est-ce possible d’un point de vue légal, mais aussi médical ? La Macédoine du Nord fait-elle exception ? Et puis surtout, est-ce dangereux ?
Quels sont les pays dans lesquels il n’y a pas de limite d’âge à la PMA ?
Si une telle naissance a pu avoir lieu, c’est parce que ce pays d’Europe de l’est n’impose pas d’âge limite aux femmes souhaitant passer par une PMA. Si la plupart des pays autorisent son recours jusqu’à l’âge de 40 ou 50 ans (ou jusqu’à « l’âge naturel de la procréation », sans fixer de chiffre), d’autres Etats sont plus flexibles.
Dans ces territoires, la législation n’impose donc aucune limite d’âge aux femmes souhaitant avoir recours à une PMA. Il s’agit notamment de la Russie, la Turquie, l’Autriche, Chypre du Nord, l’Ukraine, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la Roumanie ou encore la Slovaquie.
Dans cette situation, la plupart du temps, ce sont aux cliniques de décider au cas par cas, en fonction des circonstances individuelles, de l’autorisation ou non du dispositif. Toutefois, certains de ces pays, comme la Turquie, n’autorisent pas les dons d’ovocytes. Il y a donc de fait une limite d’âge. Seules les femmes en âge de produire des ovocytes viables pourront devenir mères grâce à une PMA.
Comment peut-on tomber enceinte à 61 ans ?
Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas d’une grossesse naturelle, la réserve ovarienne des femmes étant épuisée à partir de la ménopause. Cette femme est donc soit passée par un don d’ovocytes, soit avait eu recours, plus jeune, à une congélation de ses ovocytes, qui lui ont ensuite été implantés. Cette dernière hypothèse est peu probable étant donné que « la congélation d’ovocytes fonctionne bien depuis peu de temps », d’après Alexandra Mesner, médecin biologiste de la reproduction.
Une femme âgée de 61 ans peut donc donner naissance à la suite d’un don de gamètes. « Contrairement aux ovaires, l’utérus ne vieillit pas donc il peut recevoir un embryon et donner lieu à une grossesse tardive », souligne la médecin spécialisée dans l’infertilité. « Les études montrent que lorsque l’on implante l’embryon de ses 30 ans à une femme en ayant 40, elle a la probabilité de grossesse de ses 30 ans », assure la spécialiste. Les études ne portent évidemment pas sur les sexagénaires, mais la logique reste la même.
Quels sont les risques associés ?
Si, grâce à l’évolution de la médecine, une grossesse à 61 ans est donc techniquement possible, les risques n’en restent pas moins élevés. Pour la mère d’abord. « Il y a beaucoup plus de risque de complication, de prééclampsie, d’hypertension artérielle, de risques cardiovasculaires et hémorragiques ou de diabète gestationnel », énumère le docteur Mesner. Une grossesse tardive peut également donner lieu à des complications pendant l’accouchement. Le risque de césarienne est aussi plus élevé chez ces futures mères. « Les femmes de 40 à 44 ans ont une mortalité cinq fois plus élevée qu’à l’âge de 20 ans », ajoute la médecin.
Pour en savoir plus sur la PMA
Mais les risques ne concernent pas seulement la mère. « Les fausses couches sont aussi plus nombreuses, ainsi que le nombre de bébés prématurés. Et au-delà de 38 ans, le risque d’anomalie chromosomique, avec une trisomie 21, est élevé. » A 30 ans, une femme a un risque sur mille d’avoir un enfant présentant un syndrome de Down (le nouveau nom donné à la trisomie 21). Un chiffre qui grimpe à un sur 50 à 42 ans. « Il faut quand même rassurer les femmes. A 40 ans, on est très bien accompagnée et il existe des tests pour repérer une anomalie génétique ». Avant de conclure : « mais les médecins qui prennent le risque d’implanter un embryon au-delà d’un âge raisonnable sont inconscients. »