« Une décision terrible »… L’ex-fleuriste perd son combat pour sa fille, morte à 11 ans à cause des pesticides
Elle et son mari attendaient « une réparation intégrale » du préjudice subi par leur fille Emmy, terrassée par une leucémie aiguë lymphoblastique le 11 mars 2022, à seulement 11 ans. Une maladie causée par les pesticides auxquels Laure Marivain avait été exposée quand elle exerçait comme fleuriste dans la région nantaise. Dans une décision rendue ce mercredi après-midi, la cour d’appel de Rennes a finalement débouté les parents de la petite fille, qui « ne demandait qu’à vivre ».
La cour a en effet estimé que le fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP), qui a vu le jour en 2020, ne prévoyait pas l’indemnisation des enfants décédés des suites de l’exposition de leurs parents aux produits chimiques. « On indemnise des enfants encore vivants et c’est normal, mais pas les enfants décédés », a réagi Laure Marivain suite à cette décision qui avait été mise en délibéré. « C’est terrible pour nous, cela rajoute encore de la souffrance à la souffrance », a-t-elle ajouté, dénonçant « un fonds d’indemnisation qui a un très joli nom mais qui ne répare en rien ».
« Ce fonds d’indemnisation n’en a que le nom »
En juillet 2023, ce FIVP avait reconnu « le lien de causalité entre la pathologie d’Emmy et son exposition aux pesticides durant la période prénatale », une première pour un enfant décédé, avec une somme forfaitaire de 25.000 euros proposée pour chacun des deux parents. Une indemnisation que le couple avait contestée le 9 octobre devant la 9e chambre du pôle social de la Cour d’appel de Rennes, estimant que leur fille avait également subi un préjudice de son vivant.
Mais la cour d’appel n’a pas été de cet avis et a débouté l’ancienne fleuriste et son mari. « C’est une décision scandaleuse et inacceptable, a estimé Maître Lafforgue, avocat de la famille. C’est la preuve que ce fonds d’indemnisation n’en a que le nom et qu’il faut donc changer le système pour que le préjudice des enfants décédés puisse être réparé ». Président de l’association Phyto-Victimes, Antoine Lambert a également fustigé une décision « qui risque de freiner des familles à vouloir demander réparation », même si « rien ne pourra jamais réparer la disparition d’un enfant ». « Profondément accablés » par la décision de la cour d’appel, la famille Marivain et leur avocat envisagent de se pourvoir en cassation.
La mère avait promis à sa fille de se battre « pour elle »
Lors de l’audience le 9 octobre, Laure Marivain avait décrit dans une lettre poignante les souffrances endurées par sa fille, qui « a porté sur son dos le fardeau de la maladie » et connu « la torture » depuis qu’un cancer lui avait été diagnostiqué le 16 janvier 2015. Celle qui aimait la danse et les balades à cheval avait alors vu voit son quotidien rythmé par les prélèvements sanguins, les séances de chimiothérapie, les ponctions ou les chirurgies. Un lourd parcours de soins qui avait laissé peu de répit au corps de la fillette et lui avait plombé le moral.
« Elle changeait physiquement pour son plus grand désespoir, avait confié sa mère. Elle grossissait, gonflée par les corticoïdes, puis devenait squelettique et devait être nourrie par une sonde naso-gastrique. Elle perdait aussi très souvent ses cheveux. C’était tellement horrible pour elle qu’il fallait que je les conserve car elle souhaitait ne pas oublier leur beauté ». Le 11 mars 2022 peu après 18 heures, Emmy avait finalement « déployé ses plus belles ailes pour s’envoler vers un monde sans douleur », avait ajouté sa maman. Cette dernière avait fait la promesse à sa fille de se battre « pour elle et pour faire savoir au monde ce qu’on lui a fait subir ».