France

Une association déploie une carte plus précise sur la présence de pollen sur trois jours

L’intelligence artificielle au service de la prévision du pollen. Le réseau national de surveillance de la qualité de l’air (Atmo France) a annoncé le déploiement de l’indice pollen, une carte actualisée quotidiennement qui permet d’informer les personnes allergiques de la présence du pollen sur trois jours, à l’échelle des communes.

Jusqu’à présent, les bulletins de prévision sur les pollens étaient principalement disponibles sur le territoire à l’échelle du département, et diffusés de façon hebdomadaire ou quotidienne.

Après plusieurs années de recherche, les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) ont développé une méthodologie basée sur des modèles statistiques, des mesures de pollens, des prévisions météo et des données issues de la plateforme européenne Copernicus. Le modèle fonctionne à partir du machine learning, une forme d’intelligence artificielle qui permettra à l’indice pollen de s’enrichir des données et des prévisions collectées d’année en année.

Le niveau de concentration du pollen sera traduit en pictogramme selon six seuils, de « très faible » à « extrêmement élevé ».

La prévalence des allergies respiratoires en forte hausse

Ce nouvel outil est censé répondre aux besoins d’information des personnes allergiques, de plus en plus nombreuses. D’après les données des fédérations d’allergologues, la prévalence des allergies respiratoires a été multipliée par trois en 30 ans. Cet indice devrait aider les professionnels de santé à mieux anticiper les symptômes et à prodiguer des traitements plus adaptés. « Livrer un indice fiable chaque jour et pour les deux jours suivants permet de suivre au plus près les personnes sensibles, et à terme d’être plus pertinents dans nos conseils aux élus locaux : par exemple, sur les sujets de revégétalisation de cours d’école ou de plantation dans les plans d’urbanisme », souligne Catherine Hervieau, présidente d’Atmo France.

Au sein de l’association agréée par le ministère de la Transition écologique, les premiers travaux de modélisation sur le pollen remontent à 2008. En Auvergne-Rhône-Alpes, des chercheurs ont d’abord testé une cartographie sur le niveau de concentration du pollen d’ambroisie, une plante particulièrement allergène.

Cette expérimentation concluante a conduit les AASQA à orienter leur recherche sur cinq autres espèces de pollens : l’aulne, l’armoise, le bouleau, les graminées et l’olivier. C’est véritablement à partir de 2021 que le projet d’indice pollen est né : tout d’abord dans trois régions pilotes, le Centre-Val-de-Loire, les Pays-de-la-Loire et la Nouvelle-Aquitaine, puis dans le Grand-Est et en Auvergne-Rhône-Alpes en 2023 et enfin dans les Hauts-de-France et la Normandie.

Diffusé sur le site d’Atmo France, l’indice pollen sera progressivement déployé dans chaque région.

Une page se tourne pour l’ancien réseau de surveillance

Jusqu’alors, le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) publiait régulièrement un bulletin sur la dissémination des pollens, en collaboration avec les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air et l’association des pollinariums sentinelles de France.

Mais l’association derrière le RNSA (cinq salariés) a été placée en liquidation judiciaire le 26 mars dernier par le tribunal de commerce de Lyon. Un rapport d’inspection administratif avait épinglé le RNSA pour sa gestion « opaque », et jugé le dispositif de surveillance du pollen « insuffisamment structuré ».

Pour Nicolas Visez, le président du RNSA, l’inspection vise d’anciens dirigeants, suspectés de mauvaise gestion et de malversations, et non la nouvelle équipe de direction qui a engagé une démarche judiciaire pour demander réparation du préjudice subi par l’association.

« Ce que le rapport de l’iGAS ne dit pas c’est que le travail d’information aérobiologique a été bien fait, apprécié des médecins et plébiscité par des millions d’allergiques », s’étranglait Nicolas Visez il y a quelques jours sur LinkedIn. L’enseignant-chercheur a lancé un appel afin de poursuivre la surveillance aérobiologique dont le coût, selon, lui, serait très faible (moins d’un million d’euros), en comparaison avec la surveillance de la pollution atmosphérique (80 millions d’euros).

En France, 30 % des adultes et 20 % des enfants âgés de plus de 9 ans sont allergiques au pollen, indique un rapport de l’Anses de 2022. Le coût des hospitalisations liées à de l’asthme est estimé à près d’un milliard d’euros par an.