Un salut « nazi » pour clôturer l’investiture… Elon Musk fait-il déjà trop d’ombre à Trump ?
Une image symbolique pour conclure cette longue journée d’investiture de Donald Trump : Elon Musk, face à des Américains survoltés, se laisse aller à un geste du bras plutôt ambigu, que l’on peut comparer sans hésiter à un salut nazi.
Un « Seig Heil » dont il s’est mollement défendu, évoquant des « coups tordus » de ses adversaires. Reprise par de nombreux militants néonazis sur les réseaux sociaux, cette image restera celle qui clôturera la journée d’investiture de Donald Trump attirant tous les projecteurs sur le propriétaire de X.
Musk, le « vrai » vice-président
Un Elon Musk omniprésent, ce n’est pas une surprise pour ceux qui le suivent depuis plusieurs années. Olivier Lascar, journaliste pour Sciences et Avenir, a écrit en 2022 Enquête sur Elon Musk : l’homme qui défie la science. Pour l’auteur, Musk « cultive son omniprésence ». L’une des raisons qui l’avait poussé à racheter Twitter en 2022 était selon lui la possibilité de se positionner lui-même au centre du débat, et de promouvoir l’offre politique qui sera la plus ouverte à ses projets spatiaux.
Ceux qui ont suivi en détail la présidentielle américaine comme Dominique Simonnet, journaliste et auteur spécialiste des Etats-Unis, ont vu le même milliardaire devenir accro aux foules et aux podiums. « C’était déjà un pilier de la campagne de Donald Trump, extrêmement présent et influent. C’était évident qu’il allait garder ce rôle à l’aube de ce nouveau mandat. »
Bien installé à côté d’un Trump que l’essayiste qualifie de « prédicateur, entouré de ses fidèles presque religieux », Elon Musk incarne selon lui la modernité, le futur pour une partie de la population. Une perspective à ajouter au conservatisme de Donald Trump qui a permis d’attirer de nouveaux électeurs dans les rangs de l’extrême droite américaine. Et tant pis si Musk prend de la place, les deux hommes ont pour le journaliste le même message : « Ce bras tendu est symbolique de son mépris franc pour le reste du monde. Une toute-puissance qui n’en a rien à faire de ce qu’elle peut dire ou faire. »
Faire-valoir, c’est mieux que rien ?
Si le rôle de second ne semble pas taillé pour Elon Musk, c’est aussi parce qu’il en veut toujours plus. « C’est un homme au pouvoir considérable, extrêmement riche, mais toujours à la recherche d’un nouveau jouet », explique Dominique Simonnet. Etant né en Afrique du Sud, impossible pour lui de viser la Maison-Blanche. Alors l’homme le plus riche du monde fait tout pour être le plus proche possible des prises de décisions.
En faisant plier Donald Trump sur la question des visas pour les travailleurs étrangers le mois dernier, il avait déjà montré qu’il ne fait pas qu’acte de présence et a une réelle influence sur la politique menée dans le Bureau ovale. « Les conflits d’intérêts, les limites constitutionnelles, il s’en moque », abonde Dominique Simonnet. Tout est bon pour faire fructifier ses entreprises et diffuser ses idées d’extrême droite.
« Un miroir pour deux personnes »
Et si finalement, ce numéro 2 très visible – bien plus que le vice-président J.D. Vance ou Mike Pence lors du premier mandat –, était ce qui manquait à Donald Trump pour mener paisiblement sa politique ultralibérale et conservatrice ?
Alors que nombreux internautes s’insurgent du bras tendu d’Elon Musk, le nouveau président a profité de ses premières heures à la Maison Blanche pour signer des décrets par dizaines, jusqu’à ne plus savoir ce qu’il avait devant lui. Sortie de l’OMS et de l’accord de Paris sur le climat, amnistie pour les émeutiers du Capitole, suppression des politiques d’insertion pour les personnes transgenres… Les promesses de campagne de Donald Trump sont déjà en marche.
Si pour l’heure, les deux hommes se partagent les projecteurs et s’entendent sur presque tout, attention à la fin de la lune de miel : « On sait très bien que ce sont deux égos surdimensionnés, ajoute Dominique Simonnet, deux personnes qui vont devoir se partager un seul miroir. »
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Plus qu’une guerre d’égos, Olivier Lascar rappelle que Trump est un « professionnel de la rupture », qui a accumulé pendant sa première mandature les séparations à grand bruit avec des personnalités comme Steve Bannon. Impossible pour le journaliste de savoir quel sera l’objet des premières disputes du « couple » présidentiel. Mais il en est sûr, l’idylle ne devrait pas durer.