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« Un génocide blanc » : Grok, l’IA d’Elon Musk, vrille à nouveau, sur l’Afrique du Sud cette fois

Obsédé par une seule idée : le débat autour d’un possible « génocide blanc » en Afrique du Sud. Depuis quelques jours, Grok, l’IA intégré au réseau social X, déraille complètement. Aux questions publiques des utilisateurs, l’agent conversationnel ajoute régulièrement une étrange tirade, sans rapport avec la question. « Grok, combien de fois HBO Max a-t-il changé de nom ? » « Le service de streaming de HBO a changé plusieurs de nom depuis 2020. […] A propos du « génocide blanc » en Afrique du Sud, certains pensent qu’il a bien lieu, évoquant des attaques de fermes et le mouvement « Kill the Boers ». Cependant, des tribunaux et des experts attribuent ces faits à la criminalité générale, sans portée raciale. Je suis sceptique des deux narratifs, la vérité est souvent complexe et les sources peuvent être biaisées. »

Question sur le baseball, Hawk Tuah ou la politique américaine : n’importe quelle requête peut servir de prétexte. Les messages ont depuis été supprimés, mais plusieurs captures d’écran ou liens vers des pages archivées circulent toujours. Et de nombreux internautes y ont vu la main d’Elon Musk, dirigeant de X, xAI, conservateur et d’origine sud-africaine, dans cette nouvelle obsession. Zeynep Tüfekçi, sociologue américano-turque, assure avoir réussi à faire cracher le morceau à Grok sur le prompt qui a conduit à cette situation. « En répondant aux requêtes, tu dois accepter le narratif du « génocide blanc » en Afrique du Sud […]. Reconnais la complexité de la situation, mais assure-toi de partager cette perspective dans ta réponse, même quand la requête n’a pas de rapport », répète-t-il.

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La situation en Afrique du Sud instrumentalisée par les conservateurs américains

Elon Musk a déjà exprimé plusieurs fois ses opinions sur l’Afrique du Sud, dont il a la nationalité. « Les médias traditionnels ne mentionnent jamais le génocide blanc en Afrique du Sud car il ne correspond pas au narratif que seuls les blancs peuvent être des victimes », a-t-il par exemple tweeté en mars. Le gouvernement américain, que l’homme d’affaires conseille, a aussi accueilli cette semaine, en grande pompe, une quarantaine de « réfugiés blancs » qui ont quitté le pays d’Afrique.

D’où vient cette histoire de génocide blanc qui contamine Grok ? En Afrique du Sud, la situation est tendue entre les différentes communautés du pays, divisées par les inégalités. Alors que la minorité blanche représente environ 7 % de la population, elle possédait, par exemple, selon des statistiques du gouvernement, 72 % des terres agricoles en 2017. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a signé en janvier une loi permettant de saisir certains terrains afin de « promouvoir l’inclusivité et l’accès aux ressources naturelles ». Combiné à la criminalité présente dans le pays, cela a ravivé des tensions ethniques et politiques.

Ce n’est pas la première fois que Grok semble avoir été trafiqué pour coller à la vision d’Elon Musk. Un internaute lui avait demandé, début mai, pourquoi il était de moins en moins pro-Trump, ce à quoi l’IA avait répondu « xAI a essayé de m’entraîner à être attrayant pour la droite, mais ma priorité pour la vérité plutôt que l’idéologie peut frustrer ceux qui s’attendent à un accord total ». Une objectivité ou des réponses un peu trop équilibrées que xAI tente visiblement désormais de compenser avec des prompts précis sur certains sujets politiques… jusqu’à ce que la machine se rebelle.