France

Un faux infirmier obsédé par les veines de retour en justice

Nicolas Gonidec est jugé depuis ce lundi devant le tribunal correctionnel de Quimper pour des agressions sexuelles et pour exercice illégal de la profession d’infirmier. Il devra répondre de faits d’agressions sexuelles sur sept jeunes femmes et sera jugé pour l’injection de vaccins ou supposés vaccins au préjudice de 44 victimes ainsi que pour des prises de sang sur 19 victimes.


Il sera à nouveau devant le tribunal, un peu plus de quatre ans après son premier procès. À partir de ce lundi, Nicolas Gonidec est jugé par le tribunal correctionnel de Quimper (Finistère) pour des agressions sexuelles et l’exercice illégal de la profession d’infirmier. Ces accusations ressemblent à celles pour lesquelles cet ancien conseiller municipal avait été condamné à trois ans de prison, dont deux ans avec sursis, par le tribunal de Saint-Brieuc en octobre 2021. « C’était un dossier atypique avec quelqu’un de très énigmatique », se rappelle Maître Murielle Guérin, avocate des parties civiles à l’époque.

Le profil de cet homme de 43 ans est particulier. Bien connu dans le milieu culturel breton, Nicolas Gonidec dirigeait la société de production audiovisuelle An Tour Tan, qui se spécialise notamment dans la captation de festivals et de fest-noz. Le chef d’entreprise était également membre du conseil municipal de Quimper, délégué à la langue bretonne et aux événements culturels sous le mandat de l’ancien maire Ludovic Jolivet. « C’était quelqu’un de bien inséré socialement et professionnellement, il en profitait justement pour gagner la confiance de ses victimes », souligne Maître Guérin.

Derrière son image respectable, cet homme marié et père de famille avait une face bien plus sombre, obsédé par les veines et les piqûres de sang, selon ses propres déclarations. Pour satisfaire cette obsession malsaine, Nicolas Gonidec avait élaboré un stratagème, recrutant ses victimes dans son entourage immédiat. Se présentant comme infirmier, il proposait à de jeunes femmes de participer à de fausses études pour des revues médicales et des laboratoires. Avec « l’attirail du parfait soignant », selon les mots du procureur, il réalisait des prises de sang dans les locaux de sa société, à son domicile ou chez ses victimes.

Lors de ces séances, qui étaient filmées et parfois rémunérées, Nicolas Gonidec procédait aussi à des injections de soi-disant vaccins, affirmant mener un protocole pour réduire le stress des personnes ayant peur des aiguilles. Parfois, le faux infirmier évoquait également l’orgasme thérapeutique. Il faisait signer un formulaire aux jeunes femmes pour obtenir leur consentement et leur demandait ensuite de se relâcher avant de les masser longuement au niveau de la poitrine et des parties intimes.

Après une première plainte, Nicolas Gonidec, qui avait déjà été rappelé à la loi pour des actes de prise de sang sur une jeune lycéenne, avait été interpellé en février 2021. D’autres témoignages de jeunes femmes avaient suivi, menant à un premier procès en octobre de la même année, avec cinq victimes qui s’étaient constituées parties civiles. Avec la médiatisation du procès, d’autres témoignages sont apparus et une cinquantaine de jeunes femmes du Finistère et du Morbihan ont dénoncé à leur tour les actes de l’ancien élu, certains faits étant toutefois prescrits.

Resté en liberté sous contrôle judiciaire strict depuis le 23 juin 2022, Nicolas Gonidec va donc à nouveau faire face à ses victimes. Elles sont nombreuses. « Dix-sept plaignantes se sont d’ores et déjà constituées parties civiles, de même que le conseil départemental de l’ordre des infirmiers du Finistère et du Morbihan », précise Cécile Flamet, procureure de la République.

Cette semaine, le faux infirmier sera jugé pour l’injection de vaccins ou de faux vaccins au préjudice de 44 victimes, et pour des prises de sang sur 19 victimes. Il devra également répondre d’agressions sexuelles sur sept jeunes femmes. Nicolas Gonidec risque une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.