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Troubles érectiles et sonde urinaire : protoxyde d’azote, impact sur la sexualité ?

Mercredi, trois jeunes ont perdu la vie dans un accident de la route à Alès alors que des bombonnes de protoxyde d’azote ont été retrouvées dans leur voiture. Le docteur Christophe Riou, médecin addictologue au service universitaire d’addictologie de Lyon, a mentionné que les troubles érectiles et la difficulté à uriner sont des conséquences possibles de la consommation excessive de ce gaz.


Le protoxyde d’azote continue de causer des ravages. Mercredi, trois jeunes ont perdu la vie dans un accident de la route à Alès, où des bombonnes de ce gaz ont été retrouvées dans leur voiture. Le 1er novembre, Mathis, 19 ans, a été tué à Lille par un automobiliste ayant consommé le même gaz. Ce phénomène inquiète les autorités, et plusieurs départements ont interdit la revente et la consommation de ce gaz.

Au-delà des accidents de la route, le gaz hilarant, détourné de son usage culinaire ou médical pour ses effets euphorisants, peut causer des dommages physiques et psychiques chez les consommateurs réguliers. Le docteur Christophe Riou, médecin addictologue au service universitaire d’addictologie de Lyon, qui a mis en place une consultation en visio dédiée, évoque une conséquence fréquemment méconnue : les troubles érectiles et la difficulté à uriner, qui nécessitent parfois un sondage.

Comment ces troubles sexuels sont-ils liés au protoxyde d’azote ?
Le protoxyde d’azote est un neurotoxique qui dégrade la vitamine B12, essentielle à la formation des gaines de myéline qui isolent les neurones. Les personnes en consommant de grandes quantités peuvent subir des atteintes des nerfs et de la moelle épinière. À un stade avancé, les nerfs sensitifs des jambes, puis ceux du petit bassin et du périnée, ainsi que les voies réflexes érectiles, seront affectés. Les patients peuvent alors éprouver des difficultés à marcher et à relâcher leur sphincter pour vider leur vessie, entraînant une rétention d’urine chronique qui requiert un sondage.

Il existe une première explication mécanique, mais une combinaison de plusieurs facteurs peut aussi nuire aux capacités érectiles. De nombreux patients présentent un état dépressif ainsi qu’un déclin cognitif, émotionnel et du contrôle de l’impulsivité.

Les patients vous en parlent-ils ?
Certains font état de troubles érectiles, mais la plupart n’évoquent pas ce sujet. Cette sous-déclaration peut s’expliquer par plusieurs raisons. Tout d’abord, il s’agit d’un sujet intime. Ensuite, cette question peut sembler peu pertinente pour eux. Les consommateurs réguliers, souvent jeunes, peuvent être devenus passifs et dépressifs, et je doute qu’ils accordent une grande importance à leur vie sexuelle.

Quelles sont les solutions ?
Nous ne savons pas encore si ces symptômes seront durables, car il n’existe pas d’études scientifiques récentes sur cette question. Toutefois, nous savons que plus les déficits neurologiques sont importants, plus les séquelles seront présentes et plus la récupération complète sera difficile.

Il est primordial d’arrêter complètement la consommation de protoxyde pour éviter d’aggraver le déficit en vitamine B12 et donc les symptômes. Un apport en vitamine B12 sera nécessaire, tout comme une rééducation. Il faudra réapprendre à contracter la vessie et les muscles du périnée avec l’aide d’un kinésithérapeute, parfois assisté d’électrodes. Cependant, il est souvent difficile d’inciter ces jeunes à s’engager dans un parcours de soin. Ce n’est pas seulement en raison de leur jeunesse, mais aussi à cause d’un ralentissement psychique qui rend cette démarche encore plus complexe.