France

Tromelin, Clipperton, Hunter et Matthew : îlots français au statut litigieux

Lundi, les îlots volcaniques de Matthew et Hunter, au large de la Nouvelle-Calédonie, ont été au cœur d’un débat territorial. En 1959, la souveraineté française sur l’îlot de Clipperton a été reconnue par le Mexique, bien que ce territoire soit plus proche de Mexico que de Papeete.


Clipperton, Tromelin… Bien que ces îlots français, souvent inhabités et parfois d’une superficie ne dépassant pas 1 km², soient situés dans l’océan Indien ou Pacifique, ils revêtent une grande importance économique pour le pays. Leur statut est régulièrement remis en question.

Lundi, le débat territorial a porté sur Hunter et Matthews, deux îlots volcaniques situés au large de la Nouvelle-Calédonie. « Certaines expressions récentes relatent de fausses informations selon lesquelles la France serait sur le point de remettre en cause sa souveraineté sur les îles de Matthew et Hunter », a clarifié jeudi le ministère français des Affaires étrangères suite à des commentaires émis par des membres de la droite et de l’extrême droite. Ces déclarations sous-entendaient que la délégation française du Quai d’Orsay, en visite dans la capitale du Vanuatu fin novembre, envisageait de renoncer à cette souveraineté.

Marine Le Pen a déclaré lundi sur son compte X : « Que ce soit bien clair : la souveraineté nationale ne se négocie pas, ni ne s’abandonne. Les Français n’attendent pas du pouvoir macroniste qu’il dépèce dans leur dos nos territoires d’Outre-mer, véritables leviers de puissance, d’influence et de développement économique, mais qu’il se donne les moyens de les protéger et de les défendre. »

### Zones économiques exclusives

Pourquoi un tel intérêt pour ces îlots de sable et de pierres ? Bien qu’inhabités, « le premier objectif d’une administration de ces îles est d’affirmer leur appartenance à la France », explique François Garde, auteur de *L’administration des îles françaises*. Il précise cependant que « la véritable richesse est en mer ». Cette valeur océanique engendre des tensions.

Dans le Pacifique Nord, la souveraineté française sur l’îlot de Clipperton est reconnue par le Mexique depuis 1959, bien que ce territoire soit plus proche de Mexico que de Papeete. Cependant, le pays conteste toujours la zone économique exclusive (ZEE) qui permet à la France de contrôler et d’exploiter 435.331 km², un atout considérable puisque cela représente plus que la ZEE de la métropole.

La situation est similaire à Tromelin, un banc de sable de 1,5 km de long sur 0,7 km de large, situé à l’ouest de Madagascar et rendant partie des îles Éparses. Malgré sa petite taille, l’île a une ZEE de 280.000 km² et sa nationalité est contestée. « La France la considère comme l’une de ses ‘îles Éparses’, alors que Maurice en revendique la souveraineté depuis 1976 », indique un rapport sénatorial de 2012 cherchant à autoriser l’approbation d’un accord-cadre entre le gouvernement français et celui de Maurice. Cet accord, signé sous la présidence de Nicolas Sarkozy, n’a jamais été mis en œuvre.

### Histoire coloniale

Les autres îles Éparses, situées dans le canal du Mozambique, sont également source de tensions avec Madagascar et les Comores. En 1896, ces cinq îlots inhabités (dont Tromelin) et l’île malgache sont devenus des colonies françaises. En 1960, Madagascar obtient son indépendance mais la France conserve le contrôle sur les îles Éparses. En 2007, elles sont intégrées aux terres australes et antarctiques françaises (TAAF), permettant à la France de bénéficier des ZEE entourant ces îles. Cela lui assure le contrôle de plus de la moitié du canal du Mozambique, qui est un important axe de transport maritime international et riche en ressources hydrocarbures.

En juillet dernier, Madagascar et la France ont reconnu « l’existence d’un différend sur la question de la souveraineté » et ont exprimé une « volonté sincère » de coopérer sur des sujets comme la protection de la biodiversité et la recherche scientifique. La France a réaffirmé que sa souveraineté sur les îlots Europa, Juan de Nova, Bassas da India, Glorieuses et Tromelin n’était pas discutable étant donné qu’ils ont été découverts sans population résidente. Madagascar, de son côté, estime que la souveraineté française aurait causé des « dommages » pour lesquels elle exige désormais une indemnisation.

La France possède d’autres îlots inhabités, tels que les îles Australes (Saint-Paul, Amsterdam, l’archipel Crozet, les Kerguelen) situées dans l’océan Antarctique, dont l’appartenance française n’est pas contestée.