Triathlon : « Quand je vois d’autres sports, je suis contente d’avoir choisi celui-là », confie Cassandre Beaugrand

Pour la première fois depuis sa création en 2017, la Super League de triathlon fait étape à Toulouse, dimanche, lors de la quatrième et avant-dernière course de la saison. Cette course par équipes propose des formats variés et plus courts que le triptyque olympique (fixé à 1,5 km de natation, 40 km de cyclisme puis 10 km de course), en mélangeant les disciplines et en les enchaînant trois fois, dans les ordres différents. Deux Tricolores sont attendus sur les bords de Garonne pour ce « Triple Mix » : les multititrés Vincent Luis et Cassandre Beaugrand. La récente championne d’Europe et du monde de relais mixte, victorieuse cette année de l’étape londonienne de la Super League, évoque les exigences d’un sport que l’on espère pourvoyeur de médailles, dans moins de deux ans aux Jeux olympiques de Paris.

Peut-on dire que la Super League propose une version survitaminée du triathlon ?

Oui. Les organisateurs changent parfois l’ordre des disciplines et ajoutent quelques règles. C’est une tout autre compétition en fait. C’est du triathlon remixé, beaucoup plus dynamique, avec beaucoup moins de droit à l’erreur comme c’est très rapide et très court. Il y a beaucoup de transitions, c’est assez technique aussi.

Au-delà du sport, peut-on parler de show ?

Oui, il se passe plein de choses dans ces courses, c’est sympa à faire mais aussi à regarder. C’est un format qui plaît même si ce n’est pas forcément facile à suivre pour quelqu’un qui n’a jamais vu de compétitions.

Vous êtes au départ une spécialiste du cross-country, également douée en natation. Comment êtes-vous passée au vélo ?

Je n’avais pas envie de choisir entre la natation et la course à pied, j’ai donc dû venir gentiment au vélo. Ça n’a pas été facile car ce n’est pas forcément une discipline que j’appréciais. J’ai appris à l’aimer au fur et à mesure. J’ai encore des lacunes mais je me suis vraiment améliorée et ça devient intéressant. La puissance, je pense l’avoir maintenant mais je dois encore développer les aspects techniques, car les parcours à vélo sont justement de plus en plus techniques. Le triathlon, ce n’est pas qu’un sport de bourrins (sourire).

Avez-vous déjà les JO de Paris en tête ?

Oui et non. Cela ne m’avait pas trop servi d’y penser avant Tokyo. J’avais été très performante pendant l’olympiade et, arrivée aux Jeux, je ne l’ai pas forcément été (abandon en individuel et médaille de bronze en relais mixte). Je préfère ne pas y penser maintenant car il y a plein d’épreuves d’ici là. Si je continue ma progression, je devrais juste prendre les Jeux comme une course de plus, une course d’un jour, où il peut se passer plein de choses. Après, forcément lorsque certains jours, c’est plus dur que d’autres, je sais pourquoi je travaille. En fait, les Jeux de Paris sont là sans être là.

Comment abordez-vous les relais dans votre sport individuel ?

Je n’ai jamais envie de décevoir l’équipe et je m’autorise encore moins à faire des erreurs sur les relais que dans les courses individuelles. Pour moi, les deux sont tout aussi importants.

Cassandre Beaugrand avec Dorian Coninx, Emma Lombardi et Léo Bergère lors du titre européen en relais mixte avec l'équipe de France, le 14 août 2022 à Munich.
Cassandre Beaugrand avec Dorian Coninx, Emma Lombardi et Léo Bergère lors du titre européen en relais mixte avec l’équipe de France, le 14 août 2022 à Munich. – Jean-Marc Wiesner / AP / Sipa

Avez-vous senti qu’entre vos résultats et ceux de Vincent Luis, le triathlon a pris de l’ampleur ?

Oui, forcément. Vincent a eu un gros impact sur le triathlon. C’est un sport beaucoup plus connu qu’avant, ce qui est aussi lié à une plus grande médiatisation. Mais il y a toujours des gens qui me demandent : « qu’est-ce que c’est que le triathlon ? Est-ce que c’est lorsqu’on fait du ski et que l’on tire ? ». On me demande aussi parfois si je fais de l’Ironman, qui est beaucoup plus populaire. J’ai encore des questions de ce type, mais je me suis rendu compte de la manière dont cela avait évolué. Le triathlon plaît de plus en plus. C’est complet, et on ne s’ennuie pas trop.

Et vous, ne ressentez-vous jamais de lassitude ?

Par périodes, si. Mais on est toujours en train de casser la monotonie. Quand je vois d’autres sports, je suis contente d’avoir choisi celui-là. Parfois, quand ça va moins bien dans l’une des trois disciplines, ça va mieux dans une autre. Il y a toujours moyen de se faire plaisir.

Au sujet de l’entraînement, consacrez-vous autant de temps à chaque discipline ?

On passe plus de temps sur le vélo car dès qu’on sort, c’est pour une durée minimum de deux heures. Mais il y a à peu près le même nombre de séances pour chaque discipline, ainsi que deux séances de musculation.

En décembre dernier, vous vous êtes attaché les services du cabinet d’avocats de Didier Poulmaire, qui a longtemps accompagné la carrière de Laure Manaudou. Qu’est-ce que cela a changé pour vous ?

J’étais déjà accompagnée mais pas vraiment par des professionnels. Là, c’est le cas, donc je me sens beaucoup plus sereine.