Transition énergétique : Votre facture d’électricité va-t-elle augmenter ?
Alexandre Jardin s’est insurgé sur X, tandis que Fabien Bouglé a lancé une « ALERTE ! » sur le même réseau concernant les risques d’augmentation de la facture d’électricité des Français. Un rapport de la Commission de régulation de l’énergie publié en septembre 2025 indique une augmentation de la facture d’électricité de « 20 % en euros constants, soit + 45 % en euros courants » au cours des dix dernières années.
« GLACANT », s’insurge l’écrivain Alexandre Jardin sur X, alors que Fabien Bouglé, essayiste et directeur de publication de la revue Transitions et énergies, lance une « ALERTE ! » sur le même réseau.
De nombreux observateurs, face au chaos politique des dernières semaines, ont soulevé les risques de voir la facture d’électricité des Français augmenter de plusieurs euros, pouvant ainsi plonger les ménages les plus précaires dans la pauvreté.
Cette situation est liée à la troisième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3), qui établit les objectifs énergétiques de la France pour la période 2025-2035 en vue de sortir des énergies fossiles. Bien que ce projet ait été présenté en novembre 2024, sa publication définitive se fait encore attendre. En juillet dernier, François Bayrou, alors Premier ministre, avait dû reculer la signature du décret permettant son adoption en raison, entre autres, d’une note confidentielle du Haut-commissaire à l’énergie atomique, qui alertait sur les risques de « surcapacités » électriques générées par le développement des énergies renouvelables.
FAKE OFF
« Les filières nucléaires et renouvelables nécessitent des investissements importants, c’est vrai. Et il va falloir les financer, y compris avec notre facture d’électricité », explique Hadrien Hainaut, directeur de programme investissements climat, transition énergétique et prospective de l’Institut pour le climat et l’économie, I4CE.
Si l’expert confirme que le montant de la facture d’électricité des Français pourrait être affecté par l’application de la feuille de route du gouvernement en matière énergétique, il assure que cet impact devrait être indolore : « La bonne nouvelle, c’est qu’on vient d’un point plutôt élevé. Les prix sont donc, aujourd’hui, plutôt orientés à la baisse, et l’effort de financement qui pourrait résulter de cette PPE3 sera a priori plus bas encore. »
Une baisse de la production
Un rapport publié en septembre 2025 par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), chargée du bon fonctionnement des marchés de l’électricité et du gaz en France, révèle une augmentation significative de la facture d’électricité ces dix dernières années, atteignant « 20 % en euros constants, soit + 45 % en euros courants, c’est-à-dire tenant compte de l’inflation ».
Cette hausse s’expliquerait, selon l’autorité administrative indépendante, par le coût de la fourniture d’électricité, qui représente 40 % de la facture globale. Les prix ont fortement augmenté, mais « pas doublé », précise la CRE, depuis la crise d’approvisionnement en gaz, exacerbée par la guerre en Ukraine, ainsi que par la baisse de la production nucléaire due à des problèmes de corrosion sous contrainte en 2022 et 2023.
Le gaz et le pétrole, « plus chers à terme »
« On a un parc nucléaire vieillissant, et d’ici vingt ans, il faudra pouvoir compter sur un relais soit via les énergies renouvelables, soit grâce au nucléaire avec les nouveaux EPR. Quel que soit le choix du mix énergétique, ces deux filières engendrent des coûts qui se traduiront forcément par un effort d’investissement visible dans le prix de l’électricité », détaille Hadrien Hainaut.
Selon I4CE et RTE, le coût du nucléaire et des énergies renouvelables reste néanmoins comparable. Le développement de ces dernières ne devrait donc pas engendrer des frais supplémentaires pour le consommateur. « D’autant que les coûts de l’électricité n’ont pas besoin d’être entièrement supportés par les factures des Français. La politique énergétique de la PPE vise aussi à prélever du côté des combustibles fossiles, donc sur les consommations de gaz et de pétrole », indique Hainaut.
Ainsi, il est essentiel de revoir rapidement les modes de consommation pour se diriger vers les énergies moins carbonées, qui seront « financièrement encouragées et récompensées ». « Il faut aider les ménages à réduire leur consommation de pétrole et de gaz, car cela deviendra, à terme, plus cher pour eux », conclut-il.

