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Trans Musicales de Rennes : Qui sont ces darons au marathon musical ?

Le festival des Trans Musicales a débuté jeudi et se déroule à Rennes pendant quatre jours, rassemblant près de 60.000 spectateurs. Olivier, qui participe depuis 2002, n’a pas manqué une édition depuis son arrivée à Rennes et a pris l’habitude de poser un congé le lundi pour se remettre de son week-end.

Dans les couloirs du Liberté, les premières notes de musique résonnent déjà. Il est 17 heures et Stéphane commence sa première pinte de bière. Ce ne sera certainement pas la dernière de ce marathon musical qui vient tout juste de débuter. Pendant quatre jours, Rennes va vivre au rythme des Trans Musicales, dont la 47e édition a commencé jeudi. Au Liberté ou au Parc-Expo, près de 60.000 spectateurs viendront écouter des groupes que peu de monde connaît.

La spécificité de ce festival, « nouveau depuis 1979 » selon son slogan, est d’attirer un public très fidèle, qui le suit depuis des années. Un public qui a vieilli, dont les cheveux ont blanchi ou parfois même disparu, mais qui continue à faire le déplacement. Même en cas de froid. Même à une heure tardive. Et même si le lendemain, il est plus difficile de se relever que lorsqu’ils avaient 20 ans. « Clairement, assister aux trois jours, je ne peux plus », confie Stéphane après avoir pris une première gorgée de bière. « Je vais moins au Parc-Expo, car je trouve cela un peu trop grand. Mais je continue de venir au Liberté, car c’est un moment de retrouvailles avec des amis. C’est notre rituel annuel », ajoute ce festivalier de 56 ans.

Comme beaucoup d’autres, le Rennais a découvert les Trans quand il était étudiant à Rennes. Pour sa première édition, il a assisté à un événement marquant. « J’ai vu Nirvana. C’était en 1991 ici. C’était incroyable. Ils ont tout balancé à la fin du concert. » Depuis ce jour, Stéphane a pris l’habitude de participer chaque année. Et il n’est pas le seul. À l’instar de lui, Alexandre a fait ses débuts aux Trans en 1991. « Nan, je n’avais pas vu Nirvana. Mais dans la rue de la Soif, tout le monde ne parlait que de ça. »

« Avant, je faisais les trois soirs »

Depuis, cette date est notée dans l’agenda de ce passionné de musique qui a 53 ans, à peine plus que le festival. « Les Trans, c’était un rite de passage à 18 ou 20 ans. C’est un peu rustique. Il fait froid, il pleut, ça se passe dans un Parc-Expo et tu ne connais aucun groupe. » Alexandre adore ce festival. Cependant, avec le temps, il a dû réduire ses sorties. « Avant, je faisais les trois soirs, je restais jusqu’à 6 heures du matin. Maintenant, je vais le jeudi et le vendredi. Le samedi, j’y vais moins. C’est plus jeune, les gens arrivent un peu fatigués, l’expérience est moins agréable. »

Le public des Trans Musicales de Rennes est très hétérogène, attirant des spectateurs de tous les âges.
Le public des Trans Musicales de Rennes est très hétérogène, attirant des spectateurs de tous les âges.  - Damien Meyer/AFP

S’il a renoncé au troisième soir, c’est également parce qu’il a plus de 50 ans. « À cet âge-là, dépasser trois heures du matin, ça demande une semaine pour s’en remettre », dit-il avec un sourire. Mais il n’a pas manqué une édition depuis quinze ans. « Il y a des amis que je ne vois que là. On ne se donne même pas de point de rendez-vous. On se croise par hasard, on prend un verre. » Avec le temps, Alexandre a appris à « ne pas trop boire ». Mais il connaît des amis « qui passent leur soirée au bar » à échanger des idées entre deux concerts.

Les enfants chez papi et mamie

Pour lui comme pour de nombreux fidèles, les Trans sont devenues « un pèlerinage » hivernal. Ici, on ne dit pas : « Tu vas aux Trans ? » mais plutôt : « Tu fais les Trans ? » Un week-end réservé où le reste de la famille doit accepter que papa profite de son temps. « Avec mes amis, on attend ce moment toute l’année. C’est un rituel. » Olivier participe aux Trans depuis qu’il a déménagé à Rennes pour ses études en 2002. Depuis, il n’a raté aucune édition, prenant même l’habitude de poser un jour de congé le lundi pour se remettre de son week-end. « Je viens de changer de travail donc je ne pourrai pas cette année. Je ne ferai qu’un soir. » Vous le reconnaîtrez peut-être avec un ballon de baudruche gonflé à l’hélium. « C’est notre moyen de nous retrouver. Ça aide plein de gens également ! »

Pour beaucoup, les Trans Musicales sont une grande occasion de faire la fête tout en faisant des découvertes musicales.
Pour beaucoup, les Trans Musicales sont une grande occasion de faire la fête tout en faisant des découvertes musicales.  - C. Allain/20 Minutes

Au fil des années, Olivier a trouvé un emploi, est devenu père et a aujourd’hui 46 ans. Il a donc dû s’adapter. « J’envoie mes filles chez mes parents. C’est un peu notre week-end de liberté, un moment où l’on se lâche, où l’on se couche très tard. » Et le lendemain, il est difficile de se lever. Père de trois enfants, Christophe fait partie de ceux qui les expédient chez les grands-parents chaque premier week-end de décembre, afin de profiter d’un moment libre. « On reçoit tous les amis chez nous. En général, on est une vingtaine. On va tous au Parc-Expo à vélo, c’est très amusant. C’est ça les Trans : un grand week-end de rires et de découvertes musicales. »

Bien qu’il ait 52 ans, l’enseignant continue de prendre son pass pour les trois soir. « Et on reste jusqu’au bout, jusqu’aux derniers concerts. On se couche vers 7 ou 8 heures du matin. C’est sûr que c’est assez intense. » Mais il y retournera, sans hésitation. Le bilan se fera dimanche.