Tout le monde veut du bois mais la filière manque de bras

La tension est un petit peu retombée même si les prix restent toujours élevés. Car ces dernières semaines, c’était un peu la grosse galère pour trouver du bois de chauffage en France. Avec la flambée des prix du gaz et de l’électricité, de nombreux foyers se sont en effet rués dès cet été sur les pellets et ont fait le plein de bûches à l’approche de l’hiver, déstabilisant complètement le marché. Tout cela alors que la filière bois sortait tout juste d’une année 2021 pour le moins tendue sur fond de pénurie de manières premières.
Si le bois s’arrache à prix d’or, c’est aussi parce que la demande explose. Pour se chauffer bien sûr, car le bois reste encore le combustible le moins cher sur le marché. Mais le secteur de la construction se montre aussi de plus en plus gourmand avec le boom des maisons et immeubles à ossature bois. Sans compter que les emballages en bois, de type cagettes, sont de plus en plus présents sur les étals avec la suppression progressive du plastique. Pour résumer, tout le monde ou presque veut donc du bois.
La filière pâtit encore de l’image du bûcheron
Le problème, c’est qu’il manque du monde pour s’occuper de nos forêts et pour couper le bois et l’exploiter. Cette pénurie de candidats se retrouve partout sur le territoire. Encore plus peut-être dans les régions qui n’ont pas de tradition sylvicole comme la Bretagne, « quatrième région la moins boisée de France », selon une récente étude de l’Institut national de l’information géographique et forestière. Malgré le peu de forêts dans la région, la filière bois pèse pourtant plus de 15.000 emplois en Bretagne. Et avec la demande qui explose, ce n’est pas le travail qui manque. « Plus de 5.000 embauches sont prévues l’an prochain dans la région », confirme Anthonin Marchais, animateur emploi-insertion à la Fibois Bretagne, l’interprofession de la filière bois-forêt dans la région.
Mais à l’image d’autres secteurs qui galèrent à recruter, comme la restauration ou le bâtiment, les candidats se font rares. La pénibilité de certains métiers peut être une explication. « C’est sûr que c’est physique avec parfois des accidents », souligne Samuel Giler, formateur au brevet professionnel responsable de chantiers forestiers sur le campus Sciences et Nature de Pontivy (Morbihan). Les métiers de la forêt pâtissent également encore de l’image du bûcheron un peu rustre et barbu qui débite du bois, vêtu de son indémodable chemise canadienne. « Cela n’aide pas pour trouver des candidates », sourit Samuel Giler.
Des métiers divers et variés
Mais plus que la pénibilité ou que le look bûcheron, c’est surtout le manque de visibilité qui pénalise la filière. « Le grand public connaît très mal nos métiers », affirme Anthonin Marchais. Tout le monde conçoit bien sûr les professions de bûcheron, de menuisier ou de charpentier. Sans savoir forcément que la filière brasse beaucoup plus de métiers, « une trentaine », selon Anthonin Marchais. « On est clairement sur des métiers passion, poursuit-il. Mais il y en a pour tout le monde. Il y a des métiers en intérieur comme en extérieur, des métiers physiques ou non, d’autres pour des profils créatifs ou commerciaux. »
Autant de professions comme technicien forestier, pilote de scie, élagueur ou responsable de bureau d’études que la filière cherche à mettre en avant auprès des jeunes à travers un site dédié qui propose des fiches métiers et des offres d’emploi. Alors, prêt pour répondre à l’appel de la forêt ?