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« Tout le bleu du ciel » : L’adaptation de TF1 fait-elle des infidélités au roman de Mélissa Da Costa ?

Voici première (mais sans doute pas dernière…) adaptation d’un roman de l’autrice la plus lue en France, Mélissa Da Costa, place précédemment occupée par Guillaume Musso. Son succès a commencé par Tout le bleu du ciel, roman initialement publié en autoédition, puis dans la maison d’édition indépendante Carnets nord en 2019, en Livre de poche en 2020, et chez Albin Michel en 2021. TF1 et Netflix ont cofinancé cette production tirée du best-seller, déjà vendu à plus d’1,5 million d’exemplaires.

Simultanément diffusée ce lundi en prime time sur TF1 et disponible sur Netflix et TF1 +, la fiction Tout le bleu du ciel, adaptée par Claire Lemaréchal et réalisée par Maurice Barthélemy, suit « le voyage initiatique » -comme le résume Mélissa Da Costa- d’Emile et Joanne, campés par Hugo Becker et Camille Lou. Une fiction qui a donné pas mal de fils à retordre ! Explications.

Tout le bleu du ciel suit Emile, un jeune homme condamné par une maladie neurodégénérative, qui décide de quitter l’hôpital et ses proches, pour prendre la route avec une jeune inconnue, Joanne, qui a répondu à son annonce. Le début d’un long périple, où ils partiront à la découverte d’eux-mêmes et fendront leurs carapaces. Une poignante « ode à la liberté », selon les mots de Mélissa Da Costa, narré sur quelque 850 pages.

« Oubliez le roman ! »

« Ne cherchez pas à voir reproduit à l’écran toutes les scènes du livre. Oubliez le roman ! », adresse l’autrice aux nombreux fans du roman feel good. Et d’expliquer : « J’ai choisi de faire confiance et de me mettre en retrait ». La romancière a rencontré la scénariste Claire Lemaréchal : « Elle m’a exposé sa vision du texte. J’ai senti qu’on avait la même vision et la même sensibilité. »

« C’était un vrai challenge de s’emparer de cette histoire qui est très dense. Le premier et le plus difficile choix a été de supprimer tous les flash-back. Le format ne le permettait pas. Il a fallu essayer de les faire exister avec leurs richesses au présent », souligne d’emblée Claire Lemaréchal, que 20 Minutes a rencontré lors d’une table ronde organisée par TF1.

L’autrice a relu le scénario et fait quelques remarques. « J’ai ensuite lâché prise sur les bons conseils de mon éditeur. Un auteur ne doit pas être trop présent parce qu’il a toujours du mal à se détacher de son œuvre et voudrait tout y mettre. Et puis, j’écris pour la littérature, je ne sais pas écrire pour la télévision et le cinéma », détaille Mélissa Da Costa.

La scénariste a également écrit des scènes qui ne figurent pas dans le livre. « La scène du karaoké me faisait peur. Et, en fait, elle est géniale et ma mère m’a dit que c’était la plus belle scène du film », sourit-elle.

« L’énergie de mes personnages »

Autre défi, trouver des acteurs capables d’incarner Emile et Joanne, sans trahir l’essence des personnages. « Dans cette fiction, je retrouve complètement l’énergie de mes personnages, salue l’autrice. Camille Lou a cette sensibilité, cette pudeur, cette fragilité qui est tout à fait celle de Joanne. Hugo Becker, que je connaissais un peu moins à l’écran et que j’ai découvert sur le tournage, c’est tout à fait Émile avec son côté désinvolte. »

« Joanne est une femme brisée qui va se reconstruire en aidant Emile », commente Camille Lou. « Ce que j’aime beaucoup chez Emile, c’est sa façon de voir la vie et de la vivre. J’aime son humour, qui est une forme de pudeur déguisée. J’aime aussi son désir de vivre et d’aventure », confie Hugo Becker.

« Quand on tourne un road movie, tout est compliqué »

Mettre en images cette folle échappée constitue le troisième exploit. « Quand on tourne un road movie, tout est compliqué. C’était un film technique à réaliser : il fallait filmer dans le van, très petit, changer tous les jours de décor », relate Maurice Barthélemy. Si l’action du roman se déroule dans un camping-car, le réalisateur voulait « retrouver le van qui était sur la couverture du livre ». Un iconique combi Volkswagen jaune : « Il fallait en trouver un qui fonctionne et ne tombe pas en panne », précise Maurice Barthélemy.

« On n’avait pas le temps d’aller dans tous les endroits qu’ils visitent dans le roman, indique le réalisateur. On a tourné du côté de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales du côté des Angles, dans les Corbières et sur les plages de Narbonne. Le décor joue un rôle important, et il amène de l’émotion. »

Les fans de Mélissa Da Costa pourront également apercevoir l’autrice à l’écran. « J’ai assisté à deux jours de tournage et j’ai joué un petit rôle que Maurice m’a proposé.  », annonce-t-elle. « Je me suis dit que ce serait sympa de faire des petits caméos ensemble », renchérit Maurice Barthélemy. « C’est drôle parce que du coup, j’ai donné la réplique à mes personnages. C’est un petit clin d’œil à mes lecteurs », conclut la romancière.